Coal

Paroles
ajouter une chronique/commentaire
Ajouter un fichier audio
18/20
Nom du groupe Leprous (NOR)
Nom de l'album Coal
Type Album
Date de parution 20 Mai 2013
Style MusicalMetal Progressif
Membres possèdant cet album91

Tracklist

1.
 Foe
 05:17
2.
 Chronic
 07:19
3.
 Coal
 06:50
4.
 The Cloak
 04:09
5.
 The Valley
 08:59
6.
 Salt
 04:30
7.
 Echo
 09:41
8.
 Contaminate Me
 09:04

Bonus
9.
 Bury
 04:45
10.
 Foe (Remix)
 04:03

Durée totale : 01:04:37

Acheter cet album

 $14.22  65,74 €  7,99 €  £11.70  $19.53  15,99 €  9,54 €
Spirit of Metal est soutenu par ses lecteurs. Quand vous achetez via nos liens commerciaux, le site peut gagner une commission

Leprous (NOR)


Chronique @ Eternalis

30 Mai 2013

"Coal", ou la maitrise d’un art que Leprous conçoit pas à pas.

Le débat est vieux comme le monde.
Comment un artiste doit-il s’y prendre pour passer après une œuvre qualifiée de maitresse ? Comment doit-il envisager un avenir après la création qui lui a fait prendre son essor ou confirmer sa supériorité ? Certains diront que la sécurité serait de continuer à avancer dans une optique similaire afin de personnalité et agrémenter de nouveaux éléments pour le faire (re)vivre. Les plus extrêmes iront jusqu’à dire qu’un artiste se doit de repousser ses propres limites afin de se réinventer, encore et toujours, et que c’est dans cette recherche intime de renouvellement qu’il empêchera la répétition d’une idée. Que le meilleur moyen de faire suite à un chef d’œuvre est de proposer quelque chose de totalement différent, pour qu’une comparaison devienne impossible.

Leprous, pour son troisième album, n’a pas été jusque-là mais la démarche s’en rapproche singulièrement. Les jeunes norvégiens, musiciens de sessions d’Ihsahn, géniaux techniciens tous diplômés de prestigieuses écoles de musicologie, et géniteurs d’une musique progressive posant les bases du metal de demain et d’une âme unique identifiable entre mille, dont certaines influences sont audibles mais mêlés à une personnalité si forte et si rare pour des musiciens si jeune qu’elle en devient magique.
"Tall Poppy Syndrome" était encore resté anecdotique (malgré quelques perles comme "Dare You", "Phantom Pain" ou l’immense "Not Even a Name"), "Bilateral" a propulsé le groupe dans la lumière, lui permettant de tourner en tête d’affiche et de gagner un succès d’estime très important. A la fois technique, très inventif et original, aussi bizarre que jouissif, malsain que diaboliquement cohérent dans ses multiples phases progressives, ce second album a révélé un talent massif et en devenir. Forcément, le troisième album serait celui de la consécration ou ne serait pas. Et Leprous de nous offrir la surprise d’oser prendre tout le monde à contrepied, de prendre le risque de nous perdre et de nous dérouter…avec un talent frisant l’hystérie et l’ostentatoire, pour peu que ces jeunes musiciens ne seraient pas pétris de modestie.

"Coal", de son nom, s’oppose presque diamétralement à "Bilateral" du début à la fin. A l’instar de son artwork, très sombre et sobre à l’inverse de celui de l’opus précédent coloré et extravagant, ce troisième essai se veut à l’image de son visuel. Sobre, dépouillé, sensible, à fleur de peau, modeste, beau, intense…très intense…
Mais l’intensité, cette fois-ci, ne se trouvera pas dans l’originalité des sonorités de claviers d’un "Forced Entry" ou dans les délires d’un "Waste of Air" mais plutôt dans la pureté infinie, presque palpable et à pleurer d’un "The Cloak" ou la violence déchirante d’un incroyable "Contaminate Me" (Ihsahn, encore une fois, est de la partie). Ou encore dans la mélancolie exacerbée d’un "Echo" triste à vous en coller des frissons pour des heures…ou cette syncope désincarnée et complètement géniale parsemant "The Valley". "Coal", ou la maitrise d’un art que Leprous conçoit pas à pas.

"The Cloak", notamment, déjà illustré par un superbe clip, représente parfaitement la direction prise par les norvégiens. Très posé, très sobre, basé autour d’une mélodie acoustique pure et surtout de la voix absolue d’Einar Solberg, atteignant des notes qu’il n’avait encore jamais côtoyée. Justement, cette maitrise encore imparfaite, laissant pointer une évidente fragilité, offre une dimension émotionnelle immense à la composition, qui monte très doucement en puissance par l’arrivée successive d’une descente de toms puis celle du riff se faisant de plus en plus insistant. Mais alors qu’on pourrait s’attendre à des élucubrations fantaisistes par la suite, Leprous tisse plutôt une ambiance entièrement empreinte de tristesse et de poésie, sans exubérance, sans surplus, en restant dans le cœur même de son sujet. Un cœur plus simple et maitrisé, beaucoup plus dur et fort également, à l’instar de l’introduction très massive de "Foe", à la batterie, laissant éclater la personnalité unique du groupe concernant ces chœurs si particuliers (quelle voix ce Einar !) et le placement des riffs, entre mélodie et syncope, technique et simplicité puis une alternance vocale très importante, du fait que chacun puisse prendre le micro à un moment ou un autre. L’aspect progressif est constant mais jamais synonyme de démonstration, tant le déroulement semble logique et naturel.
Les compositions sont malgré tout souvent longues, imbibées d’ambiances riches et majoritairement très froides, mélancoliques, voir déprimantes. "The Valley", aux nappes de claviers hivernales, se récite comme une douce litanie pleine de douceur, de confession et de tristesse. La voix d’Einar est incroyable d’émotion, très claire, abandonnant presque complètement les passages hurlés pour paradoxalement noircir au maximum l’ambiance. Les guitares d’Oystein Landsverk et Tor Suhrke s’offrent un riff syncopé délicieusement désincarné mais à aucun moment moderne ou simpliste, dévoilant un message sonore très rare dans cet exercice, presque malfaisant et complètement déroutant, avant qu’une ligne de basse fabuleuse n’escorte littéralement les plaintes lointaines et angéliques d’un Einar en perdition. L’émotion se fait de plus en plus palpable et forte tout au long des neuf minutes, atteignant un lyrisme immense à la fin. Et que des dires de ces lignes vocales encore plus troublantes, belles à en devenir fou et si tourmentées d’"Echo", que l’on croirait sortir du plus profond d’âmes fantômes en peine ?

Ihsahn, à qui Leprous doit incontestablement beaucoup pour l’exposition qu’il a apportée au groupe, est une fois de plus présent mais montre une intégration plus artistique qu’un simple guest (il l’était déjà sur "Thorn"). Il apparait premièrement sur "Chronic", probablement la seule composition formant réellement le lien avec l’opus précédent. Plus mouvante, autour d’une mélodie de piano remuante et surtout d’éruptions de violence amenant des riffs très lourds ainsi que les quelques growls qu’Einar souhaitera soutirer dans sa mélancolie ambiante. Plus flamboyante et légèrement expansive, la chanson se pare d’un solo des plus tordus avant qu’Ihsahn n’intervienne pour rendre l’ensemble encore plus complexe et chargé dans l’espace sonore, retrouvant une extrême complexité d’exécution tout autant qu’une impression de grandiloquence qui ne sera clairement pas le maitre mot de "Coal". Mais surtout, Ihsahn est au centre, presque unique chanteur, du final "Contaminate Me", fermant l’album dans l’ambiance la plus noire et extrême que Leprous n’ait jamais eu. Dès le début, ouverture saccadé entre un riff impérial et un roulement de toms ultime, le spectre sonore se couvre de nombreux arrangements et il est évident que l’intensité dramatique a grimpé de plusieurs crans. Einar chante de sa voix claire la plus puissante, bientôt rejoint par un Ihsahn écorché et souffrant, crachant sa haine et son rejet avec une abnégation bestiale digne de ses deux derniers opus (le titre n’aurait d’ailleurs pas dépareillé sur "Eremita"). L’agressivité monte de plus en plus, la double pédale devient écrasante au possible, les riffs s’épaississent et Ihsahn continu d’hurler, à peine repris par la théâtralité d’Einar qui se fend également d’envolées bien plus rageuses. Tobias Andersen réalise une performance effarante à la batterie, partant en parfaite roue libre…avant le calme…aussi salvateur qu’annonciateur du chaos. D’un chaos que l’on trouvait déjà sur "The Grave", où Leprous incorpore également des sonorités jazz que Shining fit exploser sur son désormais culte "Blackjazz". Tout devient plus lent, déséquilibré, maladif, excessif…Ihsahn hurle, il est à bout de nerfs et à vif…les violons continuent de pleurer leur litanie de pleurs…et le norvégien crie ce "Contaminate Me" jusqu’à la mort dans le malaise assourdissant d’une chute inexorable et icarienne vers les limbes du désespoir.

"Coal" s’éteint…déjà…mais c’est le souffle des grands et sans un certain combat que nous en venons à bout car le périple fut épuisant. Et pourtant si salvateur et revigorant, symptomatique du bonheur de vivre une expérience hors normes et dépassant les cadres établis. Leprous a repoussé ses limites, en osant aller où on ne l’attendait absolument pas afin de montrer au monde l’un des très grands albums de metal progressif de ces dernières années. Une voie désormais royale se trace face à lui…

2 Commentaires

9 J'aime

Partager
pielafo - 30 Mai 2013: Un album tres beau, poetique et lyrique. Encore une bombe pour la formation. Cepandant je le met legerement en dessous de Bilateral qui lui reste pour moi LE chef d'oeuvre du groupe.

Excellente chronique encore une fois. Je prend toujours un tres grand plaisir a te lire Eter :)
Eternalis - 30 Mai 2013: Tu vois je place Bilateral un poil en dessous. Mais les deux sont si différents...disons que le style très émotionnel, sensible de cet album me transcende m'emmène très loin. J'ai eu bien plus de mal avec Bilateral au début et je le trouve plus disparate même si plus orignal.
    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire

Chronique @ LeLoupArctique

29 Mai 2013

Violent parfois, aérien souvent, et globalement réussi

Leprous, quel nom étrange … Personna non gratta, comme dirait l'autre. Et quelle pochette inhabituelle aussi. Les albums précédents n'étaient pas mieux, que ce soient des champignons probablement hallucinogènes ou une fleur rose en sale état. Cette fois on a droit à un crâne brillant en équilibre, juché sur un mont de charbon (?), qui régurgite des pierres précieuses. C'est la crâne de cristal ou quoi ? Le groupe ne présente pas non plus de logo, ce qui est assez rare, surtout pour du metal. Quoiqu'il en soit, en cette année 2013, le lépreux nous présente sa quatrième offrande, assez attendue, du fait des des deux albums précédents, très bien exécutés. Le combo norvégien tient donc ici à se mettre résolument sur le devant de la scène, européenne ou même mondiale, en distillant un metal progressif original et puissant, dans la lignée des Tool et autres Andromeda.

Huit titres ; d'une durée variant de 4 à 9 minutes, sans introduction ni intermède. Du bien dense quoi. Mais c'est cependant sans compter sur le génie des norvégiens, qui parviennent à nous faire passer ces 55 minutes comme rien. L'album alterne les parties violentes au chant hurlé et les parties plus calmes et aériennes avec maestria. Et puis que de diversité ! Leprous explore divers facettes du paysages metalleux, que ce soit de l'atmosphérique ou de l'alternatif, qui conduit à un gigantesque melting-pot de tout ce que le metal fait de mieux.

Rien que le premier morceau est une merveille : tout commence par une petite partition de piano, puis arrive un chant lancinant et mélancolique, ensuite les autres instruments arrivent, et là c'est la déferlante, la folie maîtrisée, des passages rapides hurlés, puis l'accalmie, puis un refrain lourd et lent, d'une puissance décoiffante … Leprous veut rester dans les mémoires. Et c'est avec des morceaux comme celui-ci qu'il y parvient. Le jeu de guitare est excellent, tout comme celui de la batterie, jusqu'au passage final de la chanson, que je ne veux pas décrire pour ne pas gâcher le plaisir.

Des titres plus rentre-dedans, tels que le titre éponyme ou encore le titre final Contaminate Me, raviront les fans de Tool et Mastodon, grâce à des riffs précis et efficaces, ainsi que des ambiances sombres et tortueuses. Les amateurs de finesse à la Pain of Salvation se complairont quant à eux dans des titres plus expérimentaux, du genre Foe ou même The Cloak, où la batterie est proprement jouissive. Ce titre est magnifique, tant du côté de la beauté simple de la musique, que de la recherche instrumentale.

On peut aussi admirer dans cet album un aspect rare dans le milieu du progressif, ce sont les passages très aériens voir atmosphériques, couplés à un chant très doux et très aiguë. L'exemple parfait est The Valley, situé à la mi-album, qui est un morceau par moment très dynamique mais sans brutalité, et parfois très léger et langoureux. Il serait aussi injuste de ne pas citer les deux morceaux qui suivent, tant ils sont bien exécutés et remarquables par les ambiances créées.

On pourrait continuer longtemps à énumérer ainsi les divers qualités de l'album, toutes les qualités qui sautent aux yeux (aux oreilles) lors des premières écoutes ; mais au bout de plusieurs heures certains détails indécelables auparavant se font ressentir et commencent à gâter un peu le plaisir donné par l'album. Rassurez-vous rien de bien méchant, mais cela peut être dérangeant lorsque l'on veut apprécier pleinement une nouvelle sortie.
Tout d'abord l'opus débute et se termine sur les deux seuls titres à utiliser un chant hurlé (si l'ont excepte un court passage sur Coal), ce qui peut d'abord dérouter, voir agacer, si l'on prête une attention particulière à la mise en bouche ou au final grandiose. De plus l'auditeur non habitué aux expérimentations usuelles au metal progressif pourra être rebuté par des titres difficiles d'accès, ou même par la diversité des morceaux. Au contraire, le fan de Pain of Salvation que je suis reproche à l'opus une certaine linéarité, où les sons de guitare par exemple auraient pu être plus variés, où les instruments auraient pu être mieux mis en valeur, comme avec des soli. Enfin, je trouve très intéressant le fait de consacrer un opus entier à une ambiance générale particulière, mais le tout semble maintenant très froid et manque un peu de chaleur.

Le pari d'un album qui plaît à tous est quasiment impossible à tenir, c'est pourquoi je comprends parfaitement certaines démarches du groupe (par exemple l'ambiance). Ainsi, les norvégiens nous montrent qu'ils ont la carrure pour se trouver une place sur la scène internationale, qu'ils conquerront je l'espère d'ici peu.
Violent parfois, aérien souvent, et globalement réussi. Leprous rempli le contrat et nous offre là un très bon millésime 2013, que les connaisseurs apprécieront à sa juste valeur.

17/20

15 Commentaires

6 J'aime

Partager

alcajuar10 - 19 Juin 2013: Tout à fait d'accord avec ta chronique le loup. Pour l'instant,nette préférence pour bilateral grace justement à ces différentes ambiances et solis et sons plus variés. Bon une petite semaine d'écoute pour coal c'est sûrement pas assez tant cet album est différent . Merci à tous pour vos chroniques et vive le métal !!
David_Bordg - 15 Avril 2015: enorme album, pour un super groupe.je ne peux comparer tant tous sont des chef d œuvre pour ma part. effectivement ZONOquelques sonorites ici et la a la devin townsend. je rapprocherai en qualite leprous de pain of salvation, technique,originalite et envolees lyriques et émotionnelles exceptionnelles. et une fois de plus tout deux scandinaves. des genies ces gens la.
David_Bordg - 09 Juin 2015: THE CLOAK, quelle morceau, genialissime!!
David_Bordg - 12 Juillet 2015: L enchainement, the cloak, the valley est a tomber par terre!! Genialissime!
    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire