Aphelion

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18/20
Nom du groupe Leprous (NOR)
Nom de l'album Aphelion
Type Album
Date de parution 27 Août 2021
Style MusicalMetal Progressif
Membres possèdant cet album35

Tracklist

1.
 Running Low
 06:30
2.
 Out of Here
 04:16
3.
 Silhouette
 03:45
4.
 All the Moments
 06:52
5.
 Have You Ever?
 04:42
6.
 The Silent Revelation
 05:45
7.
 The Shadow Side
 04:29
8.
 On Hold
 07:48
9.
 Castaway Angels
 04:53
10.
 Nighttime Disguise
 07:04

Durée totale : 56:04

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Leprous (NOR)


Chronique @ Eternalis

20 Août 2021

Leprous laisse simplement vivre sa musique. Que vous soyez du voyage ou pas ne fait plus partie de l'équation.

S’adapter face à l’adversité, à l’imprévue, à l’inconnu. Combattre les forces de l’ombre contre lesquelles on ne peut que se plier et s’adapter pour avancer plutôt que de rester dans l’inaction.
C’est le point de départ conceptuel de "Aphelion", qui n’aurait probablement pas vu le jour sans la pandémie, faute de tournées et d’un emploi du temps beaucoup plus chargé l’année précédente. Ainsi, les norvégiens ont préféré s’adapter à la situation, écrire dans un confort marqué par l’absence d’attente, tout en travaillant uniquement à distance sans pouvoir se voir (ou très peu). Dans ces circonstances inhabituelles mais typiques de la période, "Aphelion" est comme un arrêt sur image d’une carrière, un instantanée encore plus flagrant qu’un opus plus travaillé, plus réfléchi, plus pensé. "Aphelion" est un rejeton spontané, brut mais pas irréfléchi non plus, qui n’installera pas de cassure nette dans la discographie désormais conséquente de Leprous (pour ceux qui attendent inéluctablement un retour à "Bilateral", ce n’est toujours pas le moment).

Continuité logique de "Pitfalls", "Aphelion" n’est pas pour autant une simple extension et requiert, comme les précédents opus, un certain nombre d’écoutes avant de s’en imprégner complètement. Si les compositions sont annoncées par Einar Solberg comme plus brutes, elles n’en restent pas moins très émotionnelles et difficiles d’accès. On ne sait de prime abord si l’on remarque davantage leur caractère décharnée et dépouillée ou si c’est la multitude d’arrangements et la complexité rythmique. Oui l’album est complexe, le groupe y accueille quelques invités (Raphael Weinroth-Browne de nouveau au violoncelle, ainsi qu’un groupe de cuivres) mais surtout a utilisé trois studios différents pour mettre l’opus en boite, sous la houlette générale de David Castillo (l’homme derrière les travaux précédents de Leprous mais aussi "Night is a New Day" et "Dead End Kings" de Katatonia ou "Atoma" de Dark Tranquillity). S’il y a une chose à dire sur le son, c’est qu’il n’a jamais été aussi parfait.
Pas parfait dans un sens péjoratif ou stérile mais parfait dans le besoin musical de Leprous. D’une densité folle, la production devient parfois un élément de création, un mur complexe et kaléidoscopique n’étant pas sans rappeler certains travaux récents de Jens Bogren ou Jacob Hansen. Le fascinant "Out of Here" en est un exemple probant. Une multitude de couches sonores alors qu’il ne semble y avoir que du chant d’une grande pureté, quelques nappes de guitares et des claviers. Mais déjà, on ressent une vie, une palpitation incroyable en dessous. La mélancolie est immense ... avant que ne surgisse ces guitares comme muselées, atrophiées et lourdes, pleine d’une rage sourde mais ne lâchant jamais les graves comme précédemment. Il en résulte une sensation d’enfermement, une expérimentation sonore où c’est le choix de production encore plus que le riff et la musique qui force l’admiration tant ce titre aurait pu sonner plus « traditionnel » sans ce choix artistique démontrant une fois de plus le génie et cette volonté de ne jamais rester sur des acquis. "Silhouette" et son travail rythmique absolument fou poursuit sur une même dynamique, comme si "Malina" avait rencontré la rigidité d’un "The Congregation", laissant aux claviers et à la base le loisir de tisser la rythmique principale. Les guitares attendent leur heure pour apparaitre de façon plus pernicieuse, permettant également à la voix toujours aussi sublime d’Einar de posséder une place de choix dans le spectre sonore. Leprous, comme dans "Pitfalls", peut sembler plus basique dans sa proposition mais il suffit de creuser un peu pour palir face au travail de Baard Kolstad ou même de Tor et Robin qui, sans aucune démonstration, placent des interventions très techniques.

Solennel et ancré dans ses certitudes, "Running Low" ouvre l’album sur cet orgue lourd et la ligne vocal d’Einar qui le place plus que jamais au centre de l’attention. Plus rude sur cette introduction, il continu de monter dans des aigus stratosphériques à tomber par terre sur un refrain qui pourrait permettre à ceux lui reprochant son trop grand lyrisme de simplement profiter de son talent. Einar semble moins forcer les choses sur "Aphelion" également, traitant une fois encore de sujets très personnels et difficiles psychologiquement. Il livre sur cet album sa plus grande performance vocale, d’une justesse absolue et d’une émotion à couper le souffle, ressentant ses mots avec une force inouïe.
L’album est un pont entre les différentes périodes, comme évoqué précédemment. "The Silent Revelation" n’aurait pas été de trop sur Pitfalls, entre un "Foreigner" et un "Below". Le caractère rock de la composition, tout en restant intimiste, est désormais une marque de fabrique totalement assumée par Leprous et ce type de morceaux continu de créer un lien entre les disques. "The Shadow Side" se permet même des réminiscences du côté de Queen là où "I Lose Hope" lorgnait vers Muse sur le précédent album. Ces arrangements vocaux cristallins ne laissent pas indifférents, tout comme ce solo de guitare, élément toujours aussi rare et précieux chez Leprous, se permettant ici un feeling que nous n’aurions pas forcément imaginer chez ces techniciens habitués à des performances plus cliniques ou expérimentales. "Castaway Angels" est déjà connu depuis un bon moment et cet instant de pure poésie n’est pas une surprise dans la découverte de l’album (malgré une partie vocale d’une pureté tellement saisissante ... Einar est vraiment l’un des vocalistes les plus doués en activité, que l’on aime ou pas son timbre), il sert surtout de parfaite propulsion pour le morceau d’envergure final qu’est "Nighttime Disguise". Plus de sept minutes plus techniques, plus anarchiques et représentatives d’un Leprous libérant ses démons, à l’image d’Einar qui renoue avec le chant hurlé pour terminer le disque le temps d’un couplet féroce et désespéré.

"Aphelion" surprend sans surprendre, car qui peut décemment être surpris par la qualité intrinsèque de l’album ?
Forcément, les affects des uns et des autres ne trouveront pas forcément leur bonheur dans ce disque mais difficile néanmoins d’y trouver de véritables défauts dans la composition, la maitrise, l’interprétation ou ce travail sonore proprement dantesque. Tout juste pourrions-nous (et c’est subjectif) trouver à redire sur l’incursion un peu plus bluesy d’un "All the Moments" semblant plus creux, à l’instar du "Observe the Train" de "Pitfalls". Il y a cependant tant d’autres choses à dire, à écouter, à vivre ...
Leprous ne se pose plus de questions. Il laisse simplement vivre sa musique. Que vous soyez du voyage ou pas ne fait plus partie de l’équation. Mais quand c’est le cas, que ce périple est riche en enseignements et beau à voir. Encore une fois. Cette peur d’être déçu est encore une fois balayée par la majesté de la découverte. Encore une fois ...

6 Commentaires

18 J'aime

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JeanEdernDesecrator - 24 Août 2021:

Merci pour la chronique, j'ai pas encore accroché à Leprous jusqu'ici, mais la vidéo de "Running Low" m'a scotché ; j'adore aussi la prod, très organique, et nuancée.

workflame90 - 26 Août 2021:

Très belle chronique Eternalis, qui confirme mon resenti à l'écoute de ce nouvel album. Et ce coté "brut" me plais beaucoup! Un album qui sonnes sincère, très rock, Et très bon dans son emsemble! 

Scoss - 28 Août 2021:

Super chronique que j'ai attendu de lire, après avoir écouté l'album (une seule écoute pour l'instant), mais je confirme pas mal de points de cette chronique, notamment la production qui est définitivement un élément créatif et non pas un moyen de "bien" faire sonner les instruments.
Il va nécéssairement falloir de nombreuses écoutes pour apprivoiser totalement l'album et toutes ses subtilités, mais on sent que le groupe s'est lâché, ca part un peu dans tous les sens tout en restant cohérent, ca sonne pop et moderne, mais renoue avec certains plans osés de Metal Prgoressif en même temps.
Bizarrement c'est Have You Ever? qui m'a le plus scotché à la première écoute avec sa rythmique presque trap ultra chiadée et ses arrangements sobres mais complexes.

 

Molick - 31 Août 2021:

2 écoutes pour le moment, et déjà j'accroche plus qu'à Pitfalls. C'est dans le même esprit, mais je retrouve plus la patte Leprous, sans ces morceaux sur Pitfalls comme I Lose Hope, qui étaient sympa mais qui sonnaient un peu trop passe-partout et qui aurait pu être fait par plein d'autres artistes.

Après j'ai quand même senti un peu de "déjà entendu", notamment le refrain de Out Of Here qui rappelle fortement Alleviate, ou l'intro de Silhouette qui semble toute droit sortie de Malina.

A voir le ressenti après plusieurs écoutes, mais pour le moment, sans crier au chef d'oeuvre ça sonne quand même très bien.

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