Arckanum est un mythe, que dis-je, une légende dans le milieu du Black
Metal. Qui n'a jamais entendu ou vu Shamaatae faire l'andouille dans la forêt avec son masque de troll et son bâton pointu (sincèrement, pour ceux qui ne connaîtraient pas, ruez vous sur le clip de "Gava Fran
Trulen", c'est de l'or en barre pour tout les amateurs d'humour involontaire) ?
Toute blague mise à part, je crois que tout beumeux normalement constitué peut dire qu'
Arckanum peut se targuer de ne jamais avoir sorti de véritables bouses au cours de toute sa discographie, même si, certes, certaines réalisations sont loin d'être excellentes (mais également loin d'être abominables). Bref, cessons de sodomiser les mouches pour nous concentrer sur la nouvelle offrande de notre Troll suédois favori.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que j'avais totalement accroché les dernières sorties du groupe : de l'excellent "
Antikosmos", pur, noir et éthéré, au petit dernier "
ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ", puissant et fortement varié, avec toujours ces thèmes mythologiques quasi-incompréhensibles pour les non-initiés.
Les fans connaissent bien la philosophie de Shamaatae, fortement influencé par la pratique de la Magick, le mysticisme de la nature et l'école de pensée d'Aleister
Crowley. Comme d'habitude, l'album traite d'un concept à part entière : sur celui-ci, le frontman traite du dieu
Surtr, le géant régnant sur le monde des flammes nommé Múspellzheimr; mais également de
Loki, dieu bien connu du panthéon nordique. "Sviga Lae" raconte, reconstitue la bataille entre ces deux divinités, pour le Chaos et ces dieux brûlants. Shamaatae, toujours documenté sur le sujet, traite avec sérieux de cette philosophie (il suffit de lire quelques unes de ses interviews pour voir à quel point il a foi en ses croyances), chose renforcée par l'écriture de ses textes en vieux suédois.
Alors, comment se présente "Sviga Lae", l'album cuvée 2010 d'
Arckanum ?
Il est franchement bon. Pour résumer, il reprend la noirceur de ses premiers albums, le saupoudrant de riffs typiquement BM comme sur "
ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ", tout en ajoutant le jeu de batterie typique de Shamaatae, qui se reconnaît entre mille (simple mais efficace), et enfin, ce feeling occulte qu'on ne trouve que chez
Arckanum.
La production de ce "Sviga Lae" est cependant un cran en dessous de celle, incisive, du précèdent méfait d'
Arckanum. Bien plus brouillonne, même au niveau des guitares, elle m'a dans un premier temps surprise. mais finalement, ce son un peu cracra ne fait qu'ajouter à l'atmosphère suffocante de ce disque. Mon seul regret concernant cette production, cependant, se trouvera au niveau de la batterie, dont le charleston est bien trop mis en avant, ce qui étouffe totalement la caisse et la grosse caisse durant les blasts. La voix éraillée de Shamaatae est cette fois-ci mise en relief avec un effet d'écho sur sa voix. Effet qui, encore une fois, surprendra au début, mais confortera par la suite.
"Sviga Lae" apporte une dose de bonne surprises, comme à l'accoutumée avec
Arckanum. "Læ Elr", le titre d'ouverture, pose la base de ce qui sera ce disque : un Black metal racé et rageur. L'art se bonifie avec l'âge, et ce titre en est la preuve. Un mid-tempo très efficace suivi par une batterie punition donnent la marche à suivre pour la voix, reconnaissable entre mille, du frontman.
Puis détonne le premier blast du disque (raaaah, ce son de charley est agaçant), "Gylðir Algørir", marqué par des riffs incisifs et une guitare déchaînée qui se détache de la masse sonore ambiante. Un titre dans la pure lignée des premiers travaux d'
Arckanum : simple et direct, et qui ravit les nostalgiques de "
Kampen" et "
Kostogher".
Troisième titre, "In Følva Felr" est probablement l'un des meilleurs titres de ce disque : le riff est horriblement accrocheur. Un titre très progressif, qui commence en mid-tempo pour finir dans une explosion de guitares soli (peu techniques, mais très belles) et de batterie infernale. Excellente pièce qui nous démontre que Shamaatae n'a pas perdu la main, entre les séances de Shamanisme nordique et les promenades en forêt.
Après ce titre très intense,
Arckanum ne laisse pas l'auditeur se reposer, et attaque ce dernier déjà affaibli avec une bête vicieuse : "Goðin
Eru Blekkt". Titre en alternance de blasts/lignes de doubles, avec ces riffs typiques, toujours aussi racés. A noter le rythme quasi-militaire de fin de titre, qui vous laissera sur le carreau. Tout simplement.
Puis vient "Gramr Girnisk", titre dans la droite lignée de ce disque, c'est-à-dire assez simpliste, mais toujours aussi puissant. Les blasts de fin de titre sont tout bonnement superbes, même si l'auditeur trouvera sans doute ce titre un peu trop long (pas assez de changements de plans rythmiques, malheureusement...).
Haaaa, quel riff, mon dieu, quel riff !! Le sixième titre, "Andskoti Ferr Austan", tout en lourdeur, réveillera ceux qui se seront un peu assoupis durant le dernier titre. Un titre aux rythmiques très doomesques, un timide blast en milieu de titre pour remuer l'audience, puis ce même rythme lent et entêtant, sur ces riffs de guitare assassins.
Avant-dernier titre de cette galette suédoise, "Múspellzheimr Kemr" et ses lignes de doubles lentes mais quasiment martiales, couplées à ces guitares entêtantes, sont du
Arckanum pur jus : difficile pour le fan de ne pas craquer (même si, avouons-le, ce titre n'est pas hyper varié).
Dernier titre de "Sviga Lae", "Røk" est un titre surprenant. Un titre entièrement joué à la guitare, tantôt mélancolique, tantôt épique, avec quelques coupures de rythme des plus efficaces. En somme, un titre qui clôt ce disque avec maestria.
On me reprochera le track by track, certes. Mais pour reprendre le disque dans son ensemble, il en transpire quelque chose de palpable, qui va bien au-delà de la simple musique. Une véritable aura, chose qui a tendance à se perdre de plus en plus dans une scène aseptisée ressassant encore et toujours les mêmes clichés.
Arckanum nous invite à une véritable messe noire, un rituel Shamanique, un appel aux forces de la nature et aux esprits qui nous dépassent.
Ce dernier disque d'
Arckanum est un très bon album. Néanmoins, les fans regretteront peut-être le côté "coup de poing dans la face" et la production impeccable qu'on pouvait trouver dans le précèdent opus, "
ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ". Je les regrette moi aussi un peu, il est vrai. Même si Shamaatae a, selon moi, décidé de mettre la production à la hauteur de l'ambiance de ce disque : noire, profonde et ésotérique. Tel un mystagogue, Shamaatae nous enseigne sa religion et nous raconte son panthéon, au travers d'une oeuvre dense, qu'il convient d'apprécier au fur et à mesure des écoutes. Même si l'on déplorera la pochette, extrêmement moche, ainsi que le manque de variété qui se fait discrètement sentir vers la fin du disque.
Y'aura pas de prochaine fois.
Pour tout le monde.
Message reçu, en tout cas. En voyant l'absence d'arguments et les propos grossiers avancés par NG, j'ai appliqué la Lex Talionis. Encore désolé.
retour aux commentaires.
Et que oui, un fan d'Arckanum peut très bien apprécier "Antikosmos", en se fichant éperdument de l'avis des Trves (de balle) qui prennent leurs goûts pour généralité.
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