Premier chapitre d'une tétralogie ambitieuse dédiée à honorer le dieu Pan,
Fran Marder posa, dès 1995, les premières bases de ce qu'allait être le style d'
Arckanum au travers de ses œuvres à venir, ce projet de Shamaatae faisant preuve alors d'un potentiel certain et qui méritait d'être exploité. Gagnant encore plus en personnalité et en qualité lors de la sortie de
Kostogher deux ans plus tard, album désormais incontournable dans la discographie du suédois, Shamaatae ne s'arrêta pas en si bon chemin et retourna en studio quelque mois plus tard afin d'enregistrer son troisième Full-Lenght, toujours soutenu par Necropolis Records, les problèmes entre le label et
Arckanum étant encore embryonnaires à ce moment.
Bien que s'inscrivant dans la continuité spirituelle et musicale de ses ainés,
Kampen n'a pour autant rien d'un album desservant des titres de manière machinale et réchauffée. L'essence d'
Arckanum est toujours bel et bien présente et ce, dès les premiers riffs de "Kamps Tekn", qui replongeront l'auditeur averti dans cette dimension de fureur païenne, hypnotique, viscérale et sincère qui a toujours fait le sel du projet de Johan Lahger. Toutefois, si on peut considérer que
Kostogher se démarquait en partie du lot par son atmosphère unique que l'enchaînement limpide et bien étudié de chaque piste renforçait,
Kampen se rapproche plus de
Fran Marder dans l'évolution de son écoute, avec des compositions faisant appel à des panels émotionnels parfois très différents les uns des autres comme le montre l'enchaînement entre le poignant "Minir Natz Fughlir" et un "Trulfylket, RaÞz Ok Os" bien plus vindicatif qui rappelle que Shamaatae n'a pas toujours fait dans le Black
Metal. Par ailleurs, si l'expérience des
Abyss Studios lors du premier album a toujours laissé un certain arrière-goût de déception au frontman qui trouvait le son trop puissant sur le premier album, il semble avoir trouvé ici un juste milieu entre les deux expériences studios, le son étant alors tout à fait audible et laisse une liberté d'expression tolérable à chaque instrument tout en arborant un aspect plus raw et compact, tout en l'étant moins que sur
Kostogher. Le rendu sur le chant si caractéristique de Shamaatae sera par ailleurs des plus convaincants !
En tenant compte de ces éléments, on pourrait se laisser dire que
Kampen est une sorte de déception au premier abord, posant certes une pierre respectable à l'édifice, mais ne l'élevant pas tant que ça étant donné qu'on reste en terrain déjà partiellement conquis, même à l'époque. Et bien au contraire, c'est peut-être là que
Kampen est le plus intéressant. En effet, cet album, en tenant compte de tout ce qu'
Arckanum a fait, même à notre époque, peut être vu comme un pont entre chaque période tout en étant sorti à un moment où Shamaatae comptait tout arrêter, sans même finir sa tétralogie. Alors que certaines compositions déjà citées amènent plutôt vers une réminiscence des deux premiers opus ("Þaer Vindanir Dvaelies"), on peut aussi entrapercevoir vers quoi
Arckanum s'orientait. Et cela, que ce soit sur "Kamps Tekn" dont le final semble annoncer ce à quoi les splits et EP futurs vont en partie ressembler (le "morceau "Bafomet" surtout), ou bien le titre final, ou encore certaines parties de "Frana" semblant traverser les âges entre le premier album, "
ÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞÞ" ou "Helvitismykr". Lorsque certains pourraient dire que
Arckanum s'est assagi avec le temps ou que les derniers albums sont trop mélodiques et perdent de l'identité des premiers temps, il faudrait tenir compte du fait que le "groupe" a été toujours été une âme en mouvement et à la forme changeante de l’aveu même de son géniteur, mais avec une essence intrinsèque bien distincte et il suffit d'écouter cet album pour se convaincre de la logique de cette "évolution"... bien qu'il serait plus juste de dire qu'il s'agit d'une simple métamorphose enclenchée logiquement au fil du temps et plus visible dès 1998. Ce qui peut être un atout comme un défaut, car l'album pourra manquer de ce brin d'originalité si jouissif aux yeux de certains.
Quoiqu'il en soit,
Kampen reste une œuvre que tout fan du groupe se devrait de posséder, sans qu'elle soit la meilleure. Quelques longueurs peuvent lui nuire, mais là encore ce sera purement subjectif. Malheureusement les déboires avec Necropolis viendront ruiner la suite des plans et l'épisode final de la tétralogie, "Favnaz Samgang", ne verra le jour que dix ans plus tard sous le nom d'
Antikosmos et partiellement réécrit, tout d'abord prévu pour sortir chez
Carnal Records avec des split et ep (dont un avec
Craft qui ne verra jamais le jour...) mais là encore le destin en a décidé autrement.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire