Une simple lettre scandinave pour les uns, un banal symbole typographique parmi tant d'autres aux yeux de certains, le « Þ » (ou Thorn) prend une tout autre ampleur entre les mains de Shamaatae au sein de son projet
Arckanum, en le faisant illustrer une de ses meilleures œuvres.
Alors qu'à peine un an auparavant,
Arckanum faisait du bruit dans le cercle de ses fans à cause d'un «
Antikosmos » multipliant les avis mitigés, Johan Lahger nous offre son cinquième opus et également le plus délectable depuis au moins une dizaine d'années. Sorti en 2009, aux soins de Debemur Morti Productions, cette avalanche de
Thorns se veux salvatrice aux yeux d'un grand nombre de personnes.
L'atmosphère générale de l'album est sombre, langoureuse, fascinante et diablement entraînante. Nous avons ici droit au type d'œuvre que nous avait déjà proposé
Kostogher : un enchaînement de titres basés autour de la même atmosphère, se démarquants chacuns par des riffs caractéristiques et épiques bien que redondants (syndrome du one-man-band).
Cependant, malgré la répétitivité au sein des morceaux, nous pouvons bénéficier avec joie du fait que Shamaatae soit loin d'être un tocard simpliste qui ressert les trois mêmes notes en boucle pendant cinq minutes. Bon, peut être que des titres tels que « Þursvitnir » me feront mentir, mais le but de ces chansons-là, est avant tout, de plonger l'auditeur dans une ambiance profonde et pour cela, les breaks ne sont pas le meilleur choix pour une musique de ce style.
Ici, rien n'est laissé au hasard. Aucun élément n'est à ajouter ou à soustraire, les différentes compositions sont très bien placées les unes par rapport aux autres et ne tombent pas dans le piège de la longueur excessive. Pour preuve, « Þorhati » affiche immédiatement la couleur de l'album en démarrant sur les chapeaux de roues et en nous plongeant immédiatement dans l'atmosphère propre à l'album. Si ce premier titre, évoque une certaine émotion de colère, d'autres, à la manière de « Þann Svatis », « Þursvitnir » ou « Þjobaugvittr » évoqueront mélancolie, souffrance et regrets, autre élément de composition qui a toujours subsisté dans la musique d'
Arckanum.
Le sieur Lagher se voulant porte-parole d'une nature déchue avide de vengeance envers les êtres qui lui doivent la vie, ce sont donc ces sentiments de tristesse et de rage qui dominent tout au long de l'écoute, l'un, véhiculé par des riff glaciaux et ténébreux, l'autre par le chant agressif, caractéristique de Shamaatae, le tout étant, clairsemé par les habituels titres touchant à l'ambiant : « Þjazagaldr » qui nous délivrera de sombres paroles en Suédois ancien sur un fond de tempête et « Þa Komu Niflstormum » morceau instrumental, qui feront la transition avec les trois dernières compositions se voulant plus rentre-dedans.
La production se veut également plus puissante qu’autrefois. La voix ne peine aucunement à se faire entendre par-dessus les instruments et elle ne les cache aucunement. La batterie est plus audible et la distinction basse/guitare se fait sans avoir besoin de tendre l’oreille à outrance. Le tout, reste tout de même assez brouillon en certains points ce qui est somme toute typique du black metal.
Arckanum nous offre donc une magnifique œuvre à la scène pagan en l'année 2009, qui rattrape aisément la baisse de tension engendrée par «
Antikosmos ». Ce « ÞÞÞÞÞÞÞÞ », bien qu'il ne contentera pas tout le monde, sera une nouvelle œuvre d'art pour certains et un bon retour de la grandeur d'
Arckanum pour d'autres. On pourrait en revanche, reprocher à Shamaatae d'avoir trop misé sur le côté entraînant de certaines compositions, mais elles restent tout de même bonnes et il ne vous en faudra pas beaucoup pour vous imaginez dans une sombre forêt pour peu que vous vous preniez au jeu.
Il ne nous reste donc plus qu'à espérer une sortie aussi bonne dans les années qui viennent, ce qui arrivera certainement, maître Lahger n'ayant, à coup sûr, pas finis de nous surprendre...
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