Spirituality and Distortion

Liste des groupes Metal Expérimental Igorrr Spirituality and Distortion
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16/20
Nom du groupe Igorrr
Nom de l'album Spirituality and Distortion
Type Album
Date de parution 27 Mars 2020
Style MusicalMetal Expérimental
Membres possèdant cet album42

Tracklist

1.
 Downgrade Desert
 04:23
2.
 Nervous Waltz
 03:23
3.
 Very Noise
 01:47
4.
 Hollow Tree
 03:06
5.
 Camel Dancefloor
 03:13
6.
 Parpaing
 03:36
7.
 Maximum Musette
 02:18
8.
 Himalaya Massive Ritual
 07:06
9.
 Lost in Introspection
 04:56
10.
 Overweigh Poesy
 05:50
11.
 Paranoid Bulldozer Italiano
 03:47
12.
 Barocco Satani
 03:36
13.
 Polyphonic Rust
 04:16
14.
 Kung-fu Chèvre
 04:13

Durée totale : 55:30

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Igorrr


Chronique @ Icare

27 Mars 2020

Igorrr mêle avec une virtuosité et une cohérence qui force le respect des sonorités antinomiques

Igorrr, voilà un patronyme qui à lui seul suffit à défrayer la chronique, et généralement, le combo parisien, évoluant dans un style expérimental complètmeent barré et inclassable susicte soit un fanatisme soit un rejet inconditonnels. En même temps, quand on n’est pas habitué aux dissonances malades d’un breakcore baroque bardé de citations pour le moins incongrues ou aux amours malpropres entre BO de western spaghetti, musique des Balkans et gros metal qui tâche, le curieux mélange musical de la troupe peut faire peur, j'en conviens.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore le bouzin, je viens à peu près de planter le décor ; quant aux autres, ils ont donc, vous l'aurez compris, soit déjà fui au loin dès la lecture du premier mot de cette chronique, soit ils sont copieusement en train de souiller leurs sous-vêtements en se demandant ce que leur réserve la nouvelle monstruosité du sieur Gautier Serre. C’est comme ça, avec Igorrr, pas d’entre deux !

En 2017, le combo sortait Savage Sinusoid sur Metal Blade et se révélait à nombre de metalleux en quête d’expérimentations musicales. Un peu moins barré et inaudible que par le passé, ajoutant une bonne louche de metal dans ses compos nimportewawakesques, les Français avaient frappé un grand coup et réussi à conquérir une nouvelle fanbase de chevelus à l’esprit ouvert. Et bien, ceux-là même peuvent se réjouir puisque Spirituality and Distorsion, sixième album de no troubadours de l’extrême, reprend peu ou prou les choses là où leur méfait précédent les avait laissées.

Oui, depuis Savage Sinusoid, le quatuor arbore un côté un plus accessible et moins bruitiste, c’est un fait ; entendez par là que les Français proposent des morceaux plus facilement mémorisables dans leur ensemble, dont certains pourraient presque faire office de « hits » tant ils sont directs et irrésistibles. Ceci dit, rassurez-vous, on est encore loin de la pop et de ses structures couplet/pont/refrain.
Non, Igorrr se plaît toujours dans ce foutoir improbable qui partouze tous les styles musicaux possibles et imaginables, Gautier Serre étant une sorte de savant fou musical qui expérimente sans limite et accouche ici de quatorze beaux Frankenstein sonores. Ici, et à l’instar du dernier opus, plutôt que de verser toutes ses éprouvettes au petit bonheur en un même récipient pour obtenir une bouillie cacophonique et inaudible, notre chef d’orchestre va plutôt isoler et fusionner avec un plaisir sadique deux solutions réputées hautement immiscibles pour en extraire un bâtard musical flambant neuf ; car effectivement, encore une fois, ces associations fantaisistes et pétées du bulbe donnent naissance à quelques beaux hybrides bicéphales.
Ainsi, sur Spirituality and Distorsion, vous trouverez du dubstep oriental (Camel Dancefloor), du technodeath musette (Musette Maximum), et les désormais classiques duos gagnants breakcore/death metal (Parpaing, avec monsieur George Corpsegrinder Fisher himself) et musique baroque/metal sympho (Barocco Satani) entre autres joyeusetés.

D’une manière générale, les compos foisonnent d’une richesse musicale indescriptible qui éclabousse joyeusement dans tous les sens, explosant allègrement toutes les frontières musicales, mais parviennent étonnamment à garder une certaine cohérence et un format de chanson « classique » (Nervous Waltz ou Paranoïd Bulldozer Italiano, qui montrent toute l’étendue des influences et du talent d’Igorrr). Ceci dit, dans l’ensemble, on retrouve un aspect plus apaisé, avec des morceaux plus calmes qui mettent en avant la superbe voix de Laure Le Prunenec (Lost in Introspection, Overweight Poesy, Barocco Satani), et on comprend bien le titre de l’album, car il est effectivement question de spiritualité sur des morceaux comme Himalaya Massive Ritual, sorte de Gojira transcendé par des parties ambiant et ce chant féminin fragile, ou Polyphonic Rust. La distorsion va bien aussi, merci pour elle, en témoignent le lourdissime Parpaing (dans ta gueule) ou le court Very Noise qui exprime le côté (dis)tordu, électronique et plus bruitiste du combo, comme si les deux mots qui composent le titre de l'opus avaient plus de mal qu’autrefois à cohabiter en une seule entité.

Pour conclure, Spirituality and Distorsion est encore une fois un excellent album d’un groupe qui n’a pas son équivalent dans le paysage musical actuel. Toujours aussi friand de mélanges improbables, Igorrr mêle avec une virtuosité et une cohérence qui force le respect des sonorités antinomiques, réconciliant l’accordéon de mémé Georgette et le death metal de son petit fils Kevin. L’ensemble manque peut-être de gros tubes, et certains regretteront que ces 55 minutes se fassent un peu plus sages que par le passé, les frasques de la bête nous surprenant moins désomrais que celle-ci est bien apprivoisée, mais la maîtrise et l’originalité sont encore là, et encore une fois, Igorrr nous offre un voyage temporel, géographique et chimique où breakcore, metal, baroque, musique arabe et fanfare balkanique fondent dans nos oreilles comme un gros buvard de LSD sous la langue.

A écouter à fort volume avec des petites pilules qui font rire, mais avec modération quand même si vous ne voulez pas passer du confinement de votre agréable salon à celui d''une cellule capitonnée. Allez, viens ! On est bien...

13 Commentaires

16 J'aime

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JeanEdernDesecrator - 30 Mars 2020:

Plus ça va, plus je trouve qu'Igorr se bonifie, et arrive à concilier les extrêmes sans s'éparpiller. Évidemment, il réutilise un peu trop certaines ficelles qui font sa marque de fabrique, comme les passages mid tempo métal groove de pub Mercedes, mais bon , ça tue et c'est tout ce qui compte.

David_Bordg - 30 Mars 2020:

Exactement ce que je pense.

Bakounine - 03 Mai 2020:

Je pense que je fais également plutôt parti des décus sur cet album qui est clairement celui sur lequel je retrouve le moins de surprises...
Le fait est qu'Igorrr est, du fait de sa nouvelle popularité, devenu un artiste différent... Il est loin le temps où il était plutôt en mode rien à foutre (je l'avais vu à la Java en 2011 alors qu'il était seul, il s'était pointé alors qu'il était tête d'affiche avec un vinyl, 5 t-shirts et 10 cds...), le fait qu'il soit seul en scène l'aidait aussi à pouvoir aller beaucoup plus loin dans ses délires, remixer du Chopin par exemple, alors que désormais il faut aussi qu'il puisse y avoir de la batterie jouable en concert, des moments pour Laure et Laurent... 
Savage Sinusoid avait amorcé ce mouvement qui se confirme ici...
Alors, ça reste merveilleusement bien composé, mais je lui préfererais toujours Hallelujah et ses prédécesseurs, je pense qui m'avaient vraiment marqué au fer rouge, là où celui-ci ne fait que passer un moment agréable...

Icare - 03 Mai 2020:

Bakounine: Je comprends tout à fait ce que tu veux dire. Depuis Savage Sinusoid, Igorrr est devenu bien plus accessible, prévisible et "formaté". C'est désormais un "vrai" groupe (certes plus barré, original et audacieux que près de 90% des groupes de metal, mais quand même!) avec un style certes à part mais tout de suite identifiables et même quelques tics de composition. C'est un fait, on trouve des structures, des ponts, des refrains et les folies et expérimentations musicale de Gautier Serre ne surpennent plus. Je pense que cela vient en grande partie de l'ajout massif de metal dans la musique du groupe, condition préalable pour pouvoir signer chez Metal Blade j'imagine.
C'est clairement un changement de cap, mais pour autant, cette nouvelle direction ne me déplaît pas : je trouve l'ensemble plus digeste et accrocheur et tant que ce métissage est toujours aussi maîtrisé et imaginatif, je suivrais Igorrr avec un grand plaisir! 

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