Savage Sinusoid

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17/20
Nom du groupe Igorrr
Nom de l'album Savage Sinusoid
Type Album
Date de parution 16 Juin 2017
Style MusicalMetal Expérimental
Membres possèdant cet album64

Tracklist

1. Viande 01:55
2. ieuD 03:55
3. Houmous 03:31
4. Opus Brain 05:25
5. Problème d’Emotion 04:38
6. Spaghetti Forever 04:24
7. Cheval 03:06
8. Apopathodiaphulatophobie 02:02
9. Va te Foutre 01:45
10. Robert 03:19
11. Au Revoir 05:26
Total playing time 39:30

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Igorrr


Chronique @ Icare

27 Juillet 2017

Un mélange foutraque et créatif qui fait du bien dans un monde d’uniformisation culturelle de plus en plus destructrice

C’est quand même marrant la vie. Il y a dix ans, quand je parlais d’Igorrr à des amis metalleux, personne ne semblait connaître ce combo complètement déjanté emmené par Gautier Serre, et lorsque j’avais le malheur de leur faire écouter Poisson Soluble et Moisissure, les deux premiers albums de la formation et les seuls que je possède, les réactions étaient unanimes : sourcils froncés, moues écoeurées, grincements de dents hostiles, et grimaces d’indignation ; à l’évidence, la plèbe metalleuse n’était pas encore prête pour cet Objet Musical Non identifié.

Dix ans plus tard, il semblerait que les choses aient bien changé pour Igorrr, et c’est tant mieux : leur cinquième album, Savage Sinusoid, sort sur Metal Blade Records(!), et il faut croire que le mélange foutraque dans lequel le combo excelle depuis 2006 a enfin fini par trouver quelques oreilles attentives et bienveillantes puisque la dernière réalisation de Gautier Serre est unanimement encensée sur la toile.

Pourtant, force est de constater que Savage Sinusoid n’est pas moins complexe et travaillé que ses illustres prédécesseurs, même s’il est incontestablement plus metal et peut-être plus accessible. On retrouve avec plaisir une mosaïque improbable d’influences et de genres (en vrac breakcore, lignes de clavecin, chant d’opéra, guitares metal et musique du monde) que le génial chef d’orchestre a réussi à assembler pour composer onze chansons à part entière, plutôt courtes et fluides malgré leur densité musicale affolante.

L’album commence avec Viande, court morceau bien allumé du bocal qui s’ouvre sur des hurlements metal, un riff gras et saccadé, une batterie lourde et une basse ronflante, sorte de version électro death du cultissime Twist de Korn aux parties vocales aussi fêlées qu’impressionnantes. Changement d’ambiance avec ieuD, superbe morceau à l’intensité dramatique palpable et au doux goût d’apocalypse. Il convient de souligner d’emblée que les deux invités qui chantent majoritairement sur cet album sont réellement habités et offrent à Igorrr une palette vocale extrêmement riche, variée et gorgée d’émotions: sur ce second morceau, Laurent Lunoir oscille subtilement entre chant baroque et déclamatoire de toute beauté, et vocaux hurlés et emplis de souffrance avec une maîtrise ahurissante, et son pendant féminin, Laure le Prunenec, n’est pas en reste, avec un magnifique chant à vous coller des frissons. Le morceau quant à lui mêle en un chaos grandiloquent parties de clavecin d’une grande solennité, magnifiques envolées black metal en trémolos picking et breaks électro destructeurs et oniriques qui déstructurent intelligemment ces trois petites minutes qui nous imprègnent d’un halo de décadence et de démence superbes.

Houmous et une truculente perle électro ethnique nimportnawakesque, fusionnant lascivement musique klezmer et gros électro qui tâche en un foutoir inextricable et jouissif, comme si un Emir Kusturica sous acides copulait avec Aphex Twin, le tout agrémenté des hurlements d’un Mike Patton en pleine descente: cymbalum, clarinette et accordéon aux airs tour à tour enjoués et mélancoliques viennent souffler un vent de folie balkanique sur fond de percussions et de breaks électroniques ainsi que d’un saisissant passage black metal appuyé par des chœurs de fin du monde. Et lorsque l’on croit que c’est fini, une poule caquette (normal !) et on repart sur une mélodie 8 bits digne des plus grandes heures de votre vieux Amstrad, mélodie synthétique sautillante qui court sur la partition d’une basse claquante. Du grand n’importe quoi magistralement exécuté et impeccablement maîtrisé - cela force le respect, surtout lorsque l’on sait que chaque seconde de cet album a été réellement jouée et enregistrée par des musiciens émérites - , à en faire pâlir d’envie Flying Pooh et Mister Bungle dans leurs domaines respectifs.

Parmi les excellents titres, on peut encore citer Opus Brain, à la solide base drum n’ bass/breackcore qui se voit transcendée par des tappings de gratte incandescents ainsi que les hurlements de Laurent et les superbes lignes de chant de Laure, ou encore Cheval qui revisite le répertoire d’Yvette Horner sur fond de double pédale, du growl porcin de Travis Rayan (Cattle Decapitation) et d’une basse fretless de folie.

La fin de l’album en revanche est moins intéressante après six premiers titres éblouissants, avec des morceaux moins marquants, notamment Robert, patchwork bruitiste un peu indigeste tout en syncopes et en cassures de rythmes qui n’apporte pas grand-chose au schmilblick.

Je ferais également un autre petit reproche à ce brillant opus, la brièveté des titres ! Les idées fusent et se superposent en un foisonnement d’idées toutes plus audacieuses et extraordinaires les unes que les autres, mais chacune n’est que très brièvement exploitée, et l’auditeur n’a pas le temps de s’accrocher à un riff ou à une trame mélodique que l’on passe déjà au plan suivant. Certes, cela a toujours été l’une des caractéristiques d’Igorrr de bousculer les repères et de casser les codes musicaux, mais sur cet opus où l’art du mélange improbable est magnifié avec quelques explosions d’ivresse et d’émotions pure vraiment renversantes (l’extraordinaire envolée metallique à partir de 2,32 minutes d’Houmous, bien trop courte, le début de ieuD, à coller des frissons), il est particulièrement frustrant de ne pas pouvoir se délecter un peu plus longtemps de ces moments de grâce.

Quoi qu’il en soit et quoi qu’en en dise, Savage Sinusoid reste un excellent album, qui malgré la folie débridée de sa musique et la diversité extrême de ses influences parvient à rester accrocheur et à conserver une belle cohérence. Que l’on apprécie ou non, voilà une sortie qui fait du bien dans un monde d’uniformisation culturelle de plus en plus destructrice…

5 Commentaires

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Groaw - 27 Juillet 2017: Merci beaucoup pour la chronique. La mienne devrait arriver d'ici peu du coup avec les corrections que j'ai effectué. Globalement, je suis du même avis que toi sur cet album, peut-être un poil moins sévère concernant la notation ^^
Icare - 27 Juillet 2017: Scoss: parfaitement résumé: un peu plus accessible et metal, un peu moins barré et exprimental - certains diront plus lisse mais je ne suis pas vraiment d'accord - mais un époustouflant travail de composition qui force le respect.

Toutes les chroniques sont les bienvenues, à vos plumes!
Meretseger - 27 Juillet 2017: C'est le contraire de Groaw pour ma part ! Je suis globalement du même avis que toi mais... plus sévère sur la note ! Les deux points négatifs que tu cites font que j'ai du mal à réécouter cet album. Quand l'envie me prends, je pioche malgré moi dans les précédents !
Just_an_Ellipsis - 31 Juillet 2017: Tu m'as pris de vitesse haha je lirai ta chronique quand je ne serais plus au boulot, j'avais écris la mienne dans la semaine mais n'avait pas eu le temps de la poster ! Je lirai ce soir :)
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Chronique @ Groaw

27 Juillet 2017

Le Mike Patton à la française

"Si la musique nous est si chère, c'est qu'elle est la parole la plus profonde de l'âme, le cri harmonieux de sa joie et de sa douleur." nous a dit Romain Rolland dans son livre Musiciens d’autrefois en 1908. Une citation qui, pour ma part, se relève être tout à fait vraie
même si elle semble également valable pour n'importe quel type d'art.

Et c'est pour ça que la musique est si variée, c'est l'envie et le désir d'artistes venant du monde entier de partager ce qu'ils ont composé afin de le faire apprécier par le plus grand nombre. Mais malheureusement, la réalité veut que certains s'aventurent dans un univers
qu'ils ne maîtrisent absolument pas pour nous pondre des œuvres affreuses. Avec cette citation, Rolland nous parle de la culture musicale précédant une grande période qui est le romantisme, époque triomphante de son temps (XVIIe et XVIIIe siècle) mais surtout de l'histoire de l'évolution des formes dramatiques sur ces deux siècles.

Et c'est à partir de cette simple parenthèse que nous allons parler d'Igorrr. Son nom ne vous dit peut-être rien et pourtant, ce prodige français a déjà parcouru un chemin inimaginable en ayant poussé à son paroxysme le metal expérimental et le concept de breakcore,
un terme assez difficile à décrire puisqu'il mélange différents genres tels que la musique industrielle, la techno hardcore ou encore du drum and bass. Mais Nicolas Chevreux, le fondateur du label de musique électronique Ad Noiseam, nous décrit le breakcore comme étant du punk, du "allez vous faire foutre" (oui oui, il a réellement dit ça!) et qui fout un coup de poing dans la gueule (beaucoup de poésie dans ses propos). Il pense également que celui-ci restera underground (peu connu), faute à des genres électros qui ont du succès, comme David Guetta ou Skrillex, et qui sont totalement en inadéquation avec les principes du breakcore.

Revenons à nos moutons et parlons désormais de ce nouvel opus : "Savage Sinusoid". La sinusoïde sauvage. Pour rappel (ou pour ceux qui ne savent peut-être pas), une sinusoïde est une courbe périodique représentative de la fonction trigonométrique (sinus) pour la représentation des phénomènes vibratoires. Sauvage prend, pour ma part, un sens un peu différent de son utilisation basique puisqu'il signifierait la solitude et la distance, peut-être pour définir une image d'Igorrr comme étant un être unique et indomptable. Certains y verront vraisemblablement une créature cannibale et sanguinaire. A vous de vous forger votre propre interprétation.

Avant de vous parler de cette étrange pochette, une très grosse nouveauté est présente sur cet album et il concerne la production des enregistrements. De base sur le label Ad Noiseam, le quatuor a décidé cette fois-ci de viser bien plus haut en signant avec le label Metal Blade Records. Nous pouvons noter également la présence du groupe sur la scène de Clisson pour la première fois de sa carrière: une énorme performance mêlant puissance et douceur, un accomplissement peut-être un peu court, mais qui mérite vraiment le coup d’œil (et d'oreille).

En ce qui concerne la pochette, nous restons sur le même thème de l'anatomie et du corps humain avec ces bras qui se mêlent afin de créer une sphère. Difficile de comprendre celle-ci, elle peut évoquer l'aspect ravageur d'Igorrr, qui emporte tout sur son passage, du rentre-dedans en somme, elle peut également évoquer ces fameuses sinusoïdes assez irrégulières montrant cette facette du "je fais ce qu'il me plait" de nos Français ou encore, elle est capable de faire penser au côté très marqué de l'expérimentation avec ces artworks (qu'on se le dise) très originaux. Là encore, je laisse libre court à votre imagination.

Parlons musique si vous le voulez bien. Igorrr a été considérablement influencé par divers compositeurs et groupes tels que Meshuggah, Chopin, Cannibal Corpse ou encore Bach. Oui, en effet, ces artistes n'ont rien à voir entre eux et c'est ce qui fait le charme incontestable de nos valeureux Français. Depuis quelques années, Igorrr est devenu un collectif plutôt que le travail d'un seul homme mais reste toujours très difficile à cerner, voire à apprécier.
"J'ai juste envie de faire la musique que j'aime, sans me demander si cela va être trop ou trop loin de ce que les gens aiment. Je veux faire de la musique qui a du sens pour moi, sans aucune restriction, comme une grosse partie avec des metalleux, des fans d'électro, des têtes classiques et baroques et des violonistes gitans, qui se joignent pour apporter le meilleur de tous les genres" sont les propos de Gautier Serre, le multi-instrumentiste du quatuor. Pour la réalisation de Savage Sinusoid, Serre a invité deux vocalistes, Laurent Lunoir et Laure le Prunenec, mais pas seulement car beaucoup de collaborations ont été réalisées. Nous retrouvons Travis Ryan, leader de Cattle Decapitation sur pas moins de trois titres, "Cheval", "Apopathodiaphulatophobie" et "Robert". Un élément qui ne passe pas du tout inaperçu, friands de grosse têtes que nous sommes.

Igorrr est devenu en quelque sorte, un magicien des émotions : en l'espace d'une poignée de secondes, il est à même de nous faire passer du fou rire aux pleurs. Il a, de plus, cette aisance incommensurable à varier les différents styles musicaux et à y insérer des échantillons musicaux tels que des morceaux de jazz ou encore de death metal. "Viande" en est un parfait exemple avec ces cris de souffrance, ces aboiements de chiens enragés et ces riffs qui vous arracheront le cœur. "ieuD" se voit plus poétique et plus dramatique avec cette introduction baroque et puis cette batterie dévastatrice parsemée de musique électronique. "Houmous" et "Cheval" se montrent très réjouissantes avec un accordéon et un saxophone très dansants, finalisé par des sonorités 8-bits, qui pourraient faire penser à un niveau bonus d'un Super Mario pour l'un, et avec l'accordéon et les guitares de style espagnol donnant chaleur et bonheur pour l'autre. Vous aurez le droit à des moments de répits et de classique avec "Problème d'émotion" et "Spaghetti Forever", même si ce dernier sonne beaucoup plus industriel et drum and bass. "Robert" se révèle ressembler à un morceau de notre cher Skrillex, à savoir Scary Monsters And Nice Sprites. "Va te foutre" présente le gros point noir de l'album : répétitif, barbant et sans aucun intérêt. Enfin, "Au Revoir" est sans doute ma piste préférée mais aussi la plus accessible de cet album, sonnant également plus metal que les autres malgré son introduction baroque.

Beaucoup de mots ont déjà coulé et pourtant, j'ai l'impression de n'avoir quasiment pas parlé de cet album. Ce que je peux vous dire, c'est que ce "Savage Sinusoid" doit être écouté et vécu. La première écoute vous repoussera sans aucun doute mais la deuxième vous fera comprendre combien Igorrr explore l'art de la musique et dépasse ses frontières. C'est un peu le Mike Patton à la française: difficile d'accès, cassant les codes du conventionnel et proposant des musiques complexes et imprévisibles. Et c'est ça qu'on apprécie: le changement, c'est maintenant !

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Chronique @ Just_an_Ellipsis

31 Juillet 2017

" Mais ce n'est rien que du bruit, c'que t'écoute ! "

Oui, un peu. Pour les non-initiés, le Metal ressemble souvent à un « grognement sur du bruit ». Et quand on écoute des choses comme Igorrr pour la première fois, on peut être tenté d’y coller cette piètre définition, entre Black Metal électro et Breakcore bruitiste, Gauthier Serre se fout de ressembler, préférant s’extraire, quitte à faire déborder son inspiration. Tout de même cinq ans après un « Hallelujah » moins « bordélique » (remarquez donc les guillemets), poussé par la grosse écurie qu’est Metal Blade Records, Gautier Serre et ses proches quasiment tous présents depuis Öxxö XööX, accompagné pour l’occasion de plein de copains divers et variés comme Teloch (Mayhem) ou Sylvain Bouvier (Trepalium), rempile pour une nouvelle aventure expérimentale sous le charmant nom de « Savage Sinusoid ».

Les évolutions sont palpables sur toute la carrière du musicien, aussi bien musicalement que visuellement. Miosche n’est plus présent depuis un bout de temps  pour illustrer Igorrr, Metastazis prenant le pas pour des pochettes plus « sobres », celle-ci illustrant un amas de membres humains me rappelant l’étrange monstre Legion de la série des Castlevania. Et cette épuration visuelle, comme dit plus tôt, a des répercussions sur le côté musicalement timbré propre à Igorrr, toujours symphoniquement dérangé et speedé au sens de l’éternel Laurent Lunoir.

Le cri de dément qui introduit « Viande » donne le ton. Le rythme est lourd, épais, puissant. Les premières traces de Breakcore apparaissent, saturent les cris sauvage et accompagnent un mur sourd. Et un clavecin à l’ambiance baroque prendra le relais sur « ieuD ». Le chant partiellement clair, plus proche d’un baryton ivre, partira dans des élans bien plus hurlants et oppressants, idéal pour lancer des vagues successives de break et de blast. Il n’y a pas meilleur cadre pour la première apparition de la voix lyrique de l’indéboulonnable Laure Le Prunenec alors que la suite se situera pleinement dans la verve Black Electro du Grenoblois, même quand celui-ci conclura sur une flûte à bec amusante.

Pour pleinement continuer dans la vague purement Metal de l’album, citons l’imprononçable « Apopathodiaphulatophobie » (ou la peur de la constipation, plus simplement) et son ambiance Heavy à la voix caverneuse, fluidifiant à la perfection ses changements de rythmes. Dans les ambiances courtes, mais stressantes, « Va te foutre » superpose blast et distorsions électroniques dérangeantes pour un mélange détonant, se poursuivant chez « Robert » entre percussions bruitiste, multiples respirations, clarinette, blast … Le bordel est étonnamment maîtrisé, probablement le meilleur titre pour définir les visions du Breakcore du musicien.

Mais au-delà des aspects Black Electro omniprésents, « Houmous » propose une étonnante salade de Klezmer accompagné de cris sauvages et de blast (ça peut en devenir un peu redondant avec le temps, toutefois), accompagné par cette majestueuse voix d’opéra dans une conclusion épique et terriblement surpuissante… Jusqu’à ce caquètement de poule appelant des sonorités 8-bits amusantes. Dans un registre proche, l’accordéon de « Cheval » se marie à une basse dissonante. L’ambiance vieille chanson française surnaturelle fonctionne excellemment, la mélangeant à des chœurs de bistrot et à ses ambiances agressives typiques du Black.

Même si le tout se fait un poil plus facile à imaginer, difficile de vraiment prédire à quoi s’attendre, encore plus dans un « Opus Brain » malaisant, voyant son électro dicter une vision démente de son Black aux sonorités foutraques de ses distorsions incontrôlables n’hésitant pourtant pas à poser quelques notes acoustiques (sitar ?) pour mieux repartir dans de l’headbang de masse, quoiqu’un peu cliché. L’acoustique un peu « romantique » introduisant « Spaghetti Forever » n’est qu’une façade pour une nouvelle explosion de folie épique, poussant des chœurs puissants relayer au violoncelle. L’ensemble est magnifique de puissance et paradoxalement d’une part d’émotion assez intéressante.

Malgré son nom, « Problème d’Emotion » n’en est pas un. Un piano lent, discret, pessimiste malgré des onces de lumières, la chanteuse se voit accompagner de cordes pour déverser une ambiance délicate et mélancolique, ne cassant jamais son rythme, même lorsqu’un discret ensemble Drum’n’Bass prendra sa place. Tout y est emmené lentement, Igorrr faisant preuve ici d’une belle retenue. Celui-ci d’ailleurs nous dit « Au Revoir » dans la même continuité, piano-opéra, peut-être un poil plus dynamique malgré la tristesse ambiante. Les voix de têtes se superposent, les cordes apparaissent, les guitares reviennent en même temps que la batterie, crescendo électroniquement émotionnel subtil et obsédant, possiblement un peu longuet pour certains. Et tout s’arrête, doucement.

Alors peut-être que cet album est moins timbré et plus cohérent que les autres, toujours est-il que le rigoureux travail effectué dessus reste monstrueusement copieux, Gautier s’étant résolu à une utilisation minimale de sample, enregistrant tout pièce par pièce avec sa foule de guest (mention spéciale d’ailleurs à Travis Ryan (Cattle Decapitation) pour son siphon d’évier vocal). Mais malgré cette folie auditive, on est en droit de s’interroger sur l’avenir d’Igorrr, qui semble se diriger vers un son potentiellement plus accessible. Cela n’est pas un problème tant que l’identité de triple-R ne fait aucun doute, et il peut être très intéressant  de voir la future évolution du projet. Peut-être que les habitués auront encore faim, toujours est-il que les novices pourront y trouver une chouette porte d’entrée. Et puis tant qu’il reste un sample de prout, difficile de faire la fine bouche.

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trashcanjesus - 04 Août 2017: Le clip est très bon, j'attends de voir le band au Brutal Assault pour me faire une idée. Les autres albums étaient un peu trop foutraques à mon goût.
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