Spectres

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16/20
Nom du groupe Blue Öyster Cult
Nom de l'album Spectres
Type Album
Date de parution Octobre 1977
Enregistré à Record Plant Studios
Style MusicalHard Rock
Membres possèdant cet album177

Tracklist

Original Version
1.
 Godzilla
 03:42
2.
 Golden Age of Leather
 05:52
3.
 Death Valley Nights
 04:08
4.
 Searchin’ for Celine
 03:36
5.
 Fireworks
 03:11
6.
 R.U. Ready 2 Rock
 03:45
7.
 Celestial the Queen
 03:26
8.
 Goin’ Through the Motions
 03:12
9.
 I Love the Night
 04:23
10.
 Nosferatu
 05:22

Durée totale : 40:37



2007 Remastered & Expanded Version
1.
 Godzilla
 03:41
2.
 Golden Age of Leather
 05:52
3.
 Death Valley Nights
 04:08
4.
 Searchin' for Celine
 03:36
5.
 Fireworks
 03:12
6.
 R.U. Ready to Rock
 03:44
7.
 Celestial the Queen
 03:26
8.
 Goin’ Through the Motions
 03:12
9.
 I Love the Night
 04:24
10.
 Nosferatu
 05:27

Bonus
11.
 Night Flyer (Previously Unreleased)
 03:49
12.
 Dial M for Murder (Previously Unreleased)
 03:11
13.
 Please Hold (Previously Unreleased)
 02:47
14.
 Be My Baby (Previously Unreleased)
 03:01

Durée totale : 53:30

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Blue Öyster Cult


Chronique @ Hibernatus

03 Juin 2018

un bijou sous-estimé

Ma femme n'aime pas le Metal, ce qui n'est pas commode quand on n'apprécie guère d'écouter la musique au casque. Mais nos horaires de travail sont décalés, ce qui pour le coup est bien commode pour faire chauffer les platines et cracher les enceintes. Rentrant plus tôt que d'habitude, elle surprend un beau soir mes coupables effusions avec le bon vieux « Spectres » du non moins bon vieux BÖC, et s'exclame : « mais qu'est-ce que t'écoutes ? C'est pas du Metal, ça, c'est de la variété ! ». Soupir. Elle l'ignorait, mais son péremptoire avis rejoignait le tiède accueil que reçut cet album de la part d'une bonne partie du public hardos. À commencer par le mien, d'ailleurs, qui découvris le groupe en commençant par les autrement musclés « Cultösaurus Erectus » et « Fire of Unknown Origin ».

Et pourtant, cet opus contient un certain nombre de classiques intemporels des New-Yorkais, avec « Godzilla » et « RU Ready 2 Rock », systématiquement interprétés sur scène dans leurs concerts ultérieurs. Sans parler du magnifique « Nosferatu », une des plus belles chansons jamais composées par le Cult. Je n'ai pas l'impression que l'âge adoucisse particulièrement mes écoutes, mais il les rend sans aucun doute plus éclectiques et ouvertes qu'en mes vertes années de petit graisseux. Longtemps boudé, ce « Spectres » fait à présent mes délices et me donne envie d'enfin rendre justice à un bijou sous-estimé.

Bien sûr, les plus jeunes pourront trouver mou du genou cet album, et juger qu'un refrain comme « All I need is a kiss from you babe », ça fait pas trop Metal-warrior-de-la-mort-qui-tue. Mais gardons-nous de tout anachronisme et remettons les choses dans leur contexte. Nous sommes en 1977 : en mode non underground, les parutions les plus dures sont pour le Rock, le début de la vague Punk, pour le Hard le premier album de Motörhead et pour le Heavy, le « Sin after Sin » de Judas Priest. Pas encore de quoi terroriser grand monde à part Christine Boutin.

Un rythme tout de retenue, souvent alangui, une tonalité psychédélique légère mais persistante, un parti-pris résolument mélodieux toujours à l'honneur chez BÖC, que renforcent le piano et les claviers de Lanier, et que soutiennent des chœurs et harmonies vocales parfaitement exécutées (excepté Lanier, tous les musiciens sont chanteurs et officient à tour de rôle aux lead vocals), : déjà bien présents dans le précédent album « Agents of Fortune », ces éléments concourent à faire sembler « Spectres » un peu vieillot. L'objection peut à la rigueur être retenue contre un Celestial the Queen aux accents 70' prononcés, ou le primesautier Going Trough the Motion fortement marqué de Queen (ce qui n'est pas une critique en soi, d'ailleurs).

Pour le reste, une écoute autre que superficielle devrait vous permettre de trouver la voie (sans quoi je me verrai contraint de vous couper la tête pour vous aider). Allez, je suis sympa, je vous donne des indices.

Les deux titres composés et chantés par Albert Bouchard peuvent dérouter l'auditeur, notamment l'enjoué Fireworks, qui manque un peu d'aspérités : mais comment résister à cette attachante mélodie et à la voix veloutée d'Albert ? Death Valley Night est une ballade élégante, une de plus dans cet album ; mais elle s'énerve sur le final et à chaque montée vers un refrain des plus catchy soutenu par des chœurs parfaits et par les superbes enjolivures de guitare de Buck Dharma.

La voix d'Eric Bloom pilote le sautillant Searching for Celine, titre le plus rapide (eh oui) de l'album, rythmé par le piano de Lanier et une belle charpente de basse de Joe Bouchard. Un pur régal que rehaussent une fois de plus les soli parfaits de Don « Buck Dharma » Roeser : qu'on se le dise une fois pour toutes, le petit moustachu réalise sur cet album un travail exceptionnel de justesse, de dextérité et d'à-propos qui s'insère naturellement dans le déroulé des titres, avec sa modestie coutumière qui l'empêche de se poser en guitar hero.

C'est aussi lui qui chante sur la plupart des autres morceaux du disque. Passons rapidement sur le slow I Love the Night dont les belles harmonies sont toujours plaisantes à écouter, mais qui ne lui suffiront pas pour se qualifier au regard de la postérité. Le reste, par contre, ça vaut des points.

Vous trouvez R.U. Ready 2 Rock un peu décousu et teinté de Rock psychédélique ? Vous vous perdez un peu dans tous ces ponts, ces breaks et ces chœurs et vous regrettez que le rythme ne soit pas plus enlevé ? Je vous proposerais bien d'aller voir un concert du Cult, mais cela risque d'être assez difficile de nos jours. Par chance, U-Tube met à votre disposition profusion de vidéos Live qui sauront vous démontrer l'efficacité ravageuse que pouvait acquérir ce titre sur scène, dans des versions souvent rallongées, enrichies et accélérées. Si vous ne vous laissez pas emporter, foi(e) de canard, je viendrai vous picorer les yeux.

Godzilla est un autre monument révélé par « Spectres », une véritable prouesse de fusion des contraires : son déroulé tout de lourdeur est transfiguré par un traitement proprement aérien, tout de finesse et de subtilité. La section rythmique des frères Bouchard est confondante, tant elle parvient avec aisance à éloigner ce titre du Black Sabbath-like qu'un groupe moins talentueux n'aurait su éviter. Une parfaite réussite, confirmée là aussi à chaque prestation scénique.

Autre morceau tout de contraste, Golden Age of Leather mérite une attention particulière. Ouvert sur les chœurs emphatiques et a capella du groupe, la voix de Roeser enchaîne sur un riff bien balancé, que vient accélérer un break où solo, chœurs et voix déclamatoire de Bloom se succèdent tour à tour pour servir de pivot dramatique à l'histoire. Comme souvent, il est utile de se pencher sur les paroles de BÖC, car elles éclairent fort utilement la musique. Troublantes et malsaines, elles campent ici une bande de bikers vieillissants venus se réunir dans le désert où, dans un accord solennel, ils décident de s’entre-tuer fraternellement pour faire la nique aux ravages de l'âge. « They were burried with their bikes »...

Terminons en beauté avec Nosferatu, composé et chanté à la perfection par Joe Bouchard. Nappes de piano obsédantes et lignes vocales lancinantes s'allient pour créer une ambiance onirique et tragique et font aisément oublier le côté mélo des paroles, en partie inspirées par les sous-titres du film muet (et Cult, si je puis me permettre) de Murnau. Ah, j'oubliais : encore deux interventions touchant au sublime de la gratte de Roeser. Avec Astronomy et Veteran of Psychic Wars, Nosferatu est au sommet de la sensibilité de BÖC et ne saurait s'écouter sans un petit serrement de gorge.

« Spectres » n'a certes pas le peps d'un « Tyranny and Mutation » et n'offre pas comme « Secret Treaties » de titre dévastateur à la ME 262. Tous les morceaux ne sont pas exceptionnels et leur agencement est parfois douteux : placer Nosferatu après la ballade I Love the Night (deux histoires de vampire, de surcroît) trouble la mise en valeur du début de la dernière. Mais en définitive, le doute n'est pas de mise : on reste bien ici dans les grandes heures de Blue Öyster Cult.

6 Commentaires

19 J'aime

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ZazPanzer - 03 Juin 2018:

Ahaha, Jean-Luc, pris l'oreille dans le sac à écouter de la variété !

Un album qui réclame effectivement de l'attention pour y déceler toutes les subtilités que tu as énoncées. J'ai eu du mal à m'y faire quand je l'ai découvert, certains passages refroidissent à première écoute il faut l'avouer, mais il a fini par me convaincre, comme pratiquement toutes les périodes de l'Huître d'ailleurs.

Merci pour le décryptage de Golden Age, je ne m'étais jamais penché sur les lyrics, par contre on reparlera de vive voix de tes allusions douteuses à Queen, comment cela pourrait-il être une critique ???? Non mais !!! ;-)))

Joli texte poto !

Y_RPLEUT - 03 Juin 2018:

J'ai stoppé à Agent of Fortune, mais la chro me fait quand même dresser le sourcil:

J'ai réussi à adhérer à Fire Unknow Origin il y a seulement 6ans

Serais je un gars superficiel pour passer à côté du spectre? Ou bien suis je insensible aux manifestations surnaturelles?

Ou ai je un mauvais souvenir du passage d'un rayon lumineux à travers un prisme (Non j'aime Dark Side of the Moon c'est pas ça)

Bref une chro qui va me faire pencher sur le déambulateur de ce disque de BÖC à l'occas (je vais déjà me retenter Agent of Fortune qui ne m'a pas laissé une bonne impression)

Hibernatus - 04 Juin 2018:

Merci beaucoup, c'est sympa de voir que le plaisir que j'ai éprouvé à redécouvrir cette vieillerie n'est pas totalement solitaire laugh

@Zaz : Franchement, t'exagères, j'y suis allé sur des oeufs pour évoquer Queen. En rigolant et pensant à toi, je l'avoue, ah ah!. Pour les paroles de Golden Age, je m'étonne : moi qui te croyais english fluent wink. Blague à part, avec internet c'est un peu plus facile qu'autrefois, mais le Cult ne mettait jamais ses lyrics sur ses albums. Et avec leurs textes allusifs et au 3e degré, c'est pas évident de s'y retrouver pour le tâcheron en anglais que je suis.

@Y_RPLEUT : Superficiel? Certainement pas! Mes "menaces" ne sont qu'une piètre tentative d'humour pour alléger ma pavasse (j'ai jamais su faire court). J'ai trop de leçons à apprendre pour songer à en donner aux autressmiley. La musique, c'est bizarre. Parfois ça passe pas pendant des années et tout à coup, on a le déclic: c'est ce qui m'est arrivé avec Spectres et j'ai été content de le raconter. En tentant de rendre justice à un groupe important qui est à peine chroniqué sur ce site, et là par contre, c'est une honte!

 

Cyrus - 19 Juin 2018:

On ne zappera bien évidemment pas le superbe live "On your feet or on your knees" qui déchiquette pas mal !

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