Limbonic Art n´est plus à présenter. Groupe emblématique ayant contribué à l´avènement du black symphonique dans les années 90 au côté de combos comme
Emperor,
Obtained Enslavement et
Dimmu Borgir, il est également considéré comme le groupe ayant poussé le plus loin l´aspect symphonique de sa musique, avec des lignes de clavier extrêmement pointues et complexes n´hésitant pas à emprunter aux compositeurs classiques dans leur composition, leur agencement et leur superposition.
Après deux albums unanimement encensés comme des perles de black symphonique et demeurant aujourd´hui encore des maîtres-étalon du genre, le groupe splitte en 2002 après un cinquième album décevant. Suite à ce coup d´arrêt,
Daemon et
Morpheus décident de se réunir quelques années plus tard et sortent un nouvel album, mais le claviériste décide de quitter le navire et c´est donc seul que Vidar ‘
Daemon’ Jensen composera
Phantasmagoria, dernier full length en date de l´entité norvégienne.
Ce n´est que sept ans plus tard que se le musicien se décide à remettre le couvert, et voici donc enfin
Spectre Abysm, huitième album de la formtion, qui voit le jour sur Candelight Records.
Le moins que l´on puisse dire, c´est que
Limbonic Art n´a rien perdu de sa puissance, poursuivant la voie initiée par
Phantasmagoria:
Demonic Resurrection démarre sur les chapeaux de roue, instaurant d’emblée une ambiance occulte palpable. La longue introduction du titre, montée en puissance majestueuse et décadente composée d´invocations démoniaques à faire froid dans le dos et portée par des guitares saccadées et des claviers angoissants nous enveloppe tout de suite de cette atmosphère symphonique et maléfique propre au combo, avant qu´un riff thrash furieux appuyé par un blast constant et les vocaux agressifs de
Daemon ne viennent nous exploser aux tympans. Morceau très rapide et efficace largement basé sur un riffing hypnotique à l’aura démoniaque, ce premier titre nous met une claque d’entrée et impose définitivement la maîtrise de Vidar Jensen qui n´a décidément besoin de personne pour composer des hymnes aussi envoûtants que destructeurs. Le rythme ne faiblit pas jusqu’à ce riff lourd et solennel qui résonnera jusqu’à la fin, et sur lequel notre sorcier complètement possédé entonnera des mantras lugubres qui exhalent le souffle chaud de l’enfer. La prestation vocale du bonhomme est tout bonnement hallucinante, entre chant black puissant et déchiré traditionnel, rares incursions gutturales semblant provenir d’outre-tombe, cris suraigus à la limite de la rupture, hurlements glaçants et inhumains et autres chœurs désincarnés.
Etheral Traveler commence sur une note plus mélodique, avec un superbe début de morceau aux guitares lancinantes qui viennent nous submerger, puis au bout de 1,57 minutes, le premier hurlement déchire le voile de la nuit porté par une rythmique rapide et mécanique. Un long morceau mêlant habilement l’agression d’un black metal direct et tranchant à une touche plus atmosphérique marquée par ce long break plus lent et menaçant et encore une belle preuve du savoir-faire du Norvégien, qui semble ici confirmer le virage stylistique opéré sur l´opus précédent.
En effet, le temps de
Moon in the Scorpio et
Abhorrence Demencia est bien loin,
Limbonic Art axant désormais principalement sa musique sur les guitares, envoyant une pléthore de riffs puissants tour a tour épiques ou plus complexes, le plus souvent sur le martelage rapide et mécanique de la boîte à rythmes (
Omega Doom,
Triumph of Sacrilege). Les claviers, plutôt discrets, sont plus là pour renforcer l’ambiance et interviennet de façon sporadiue, comme sur le début de
Demonic Resurrection, phénoménal, ou la fin d'
Omega Doom, sorte de courte invocation aux forces du cosmos. L´ensemble se fait parfois répétitif, notamment à cause de ces percussions trop synthétiques qui manquent un peu de diversité, mais la puissance est au rendez-vous, et malgré un album plus direct et agressif que le précédent,
Limbonic Art n´oublie pas de soigner l´ambiance : ce
Spectre Abysm est sombre et incantatoire comme il se doit, notamment via une palette vocale impressionnante, quelques claviers en retrait qui appuient les moments forts et des breaks plus sombres qui viennent judicieusement casser la linéarité de la rythmique.
En conclusion, il n´y a pas grand-chose à reprocher à cet album, qui parvient à fusionner le côté brut et sauvage du black metal à une atmosphère froide et mystique très prenante. Certes,
Limbonic Art a perdu une bonne partie de la magie noire qui en faisait un groupe totalement unique à ses débuts, mais malgré les années et un virement musical plus brut et moins symphonique,
Daemon parvient à conserver une certaine identité et surtout une qualité constante. Après près de 25 ans d´existence et de déboires, ce n´est déjá pas si mal...
‘
Past, present and future are all the same
While the cosmic wheel is turning…’
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