Cette quête insatiable de renouveau, d’évolution, de changement de cap et de maturité que recherchent les artistes n’a pas toujours que des aspects positifs.
En témoigne souvent des expérimentations ratées, des bâtards rejetés ensuite par leurs géniteurs en prétextant des égarements ou une période trouble dans la vie d’un groupe.
On sentait le vent tourner chez
Trivium après un nouveau changement de batteur alors que Nick Augusto avait été présenté comme le sauveur du groupe précédemment. Le fabuleux "
In Waves" avait laissé placé à un "
Vengeance Falls" sensiblement inabouti, avec de bonnes idées mais sonnant comme un retour en arrière et un sérieux coup d’arrêt pour les floridiens. Mais l’après-chef d’œuvre n’étant pas toujours facile à vivre, il était encore aisé de leur laisser le bénéfice du doute et d’attendre le successeur, se présentant aujourd’hui sous la forme de "
Silence in the Snow".
Un artwork blanc immaculé orné d’un masque antique, sans inscription ni calligraphie.
Trivium se suffit à lui-même et ne souhaite pas surchargé un artwork particulier mais visiblement ambitieux qui interpelle dans le bon sens. Puis les premiers extraits et c’est la chute...
Matt Heafy le dit depuis un certain temps déjà, il améliore et travaille d’année en année son chant clair, sa véritable voix pour se défaire au maximum des screams et ainsi devenir ce qu’il appelle un « vrai » chanteur. Initiative tout à fait louable qui, là encore, n’est pas nouvelle puisque nombreux sont les groupes qui argumentent, sous couvert d’évolution et de maturité, l’intronisation de plus en plus envahissante du chant clair (parfois de façon géniale et parfois non...).
"
Silence in the Snow" est ainsi l’album du tournant. Celui où les hurlements disparaissent pour ne laisser place qu’à un chant mélodique, soit celui de Matt ou celui de Paolo Gregoletto qui prend logiquement plus de place dans le spectre vocal puisqu’il assure depuis les débuts le chant le plus clair du combo. En soi, cette nouvelle n’est pas un mal, même si nous avons en souvenir certains échanges très forts entre growls et chants clairs. Le problème n’est pas tant que tout soit en chant clair, mais que les compositions ne suivent absolument pas et que, sans y aller par quatre chemins,
Trivium livre littéralement son album le plus mauvais et insipide à ce jour.
L’introduction "Snowfall" se veut cinématographique et évoque par certains aspects le début d’une bande-son de film. Sombre et dramatique, elle sera finalement l’une des seules investigatrices de frissons puisque lorsque le titre éponyme surgit, l’incompréhension et la déception nous agressent avec force et vigueur. Le premier riff en soi, mid tempo, est sympathique et dévoile une production intéressante, très claquante, notamment du côté de la batterie. Le couplet en revanche, uniquement soutenu par la basse puis un riff d’une platitude extrême, ne propulse absolument pas un refrain d’une banalité affligeante. Encore une fois, le fait que l’ensemble soit en clair n’est pas un souci dans l’absolu. Le problème se situe ailleurs. Déjà que les lignes de chant soient fades et sans aucune vigueur (Matt se fait chier ? Oui on dirait vraiment) en est un et surtout que, à côté de ça, la musique n’a probablement jamais été aussi inintéressante depuis les débuts.
Les riffs s’enchainent sans passion, les soli, véritables point fort du combo de par leurs qualités techniques, ne sont ni précis ni impressionnants et encore moins inspirés. Les structures sont convenues, se basant sur des couplet/refrain/pont/refrain/end dont le groupe ne sort jamais. Accessible à l’extrême mais ne touchant jamais sa cible, il y a peu de chance que
Trivium intéresse les amateurs de metal mélodique tant il manque de fibre mélodique tandis que les anciens fans risquent de passer rapidement leur chemin. Car oui, tout est en chant clair mais les lignes mélodiques instrumentales sont aux abonnés absentes quasi constamment (ou alors sous forme de lead mélodiques sur les riffs mécaniques...) et c’est donc les lignes vocales qui doivent supporter toute la mélodie. Peine perdue tant on sent le groupe encore novice dans l’exercice.
Le refrain de "
Blind Leading the Blind" montre à quel point le groupe a des difficultés à allier mélodie et punch, beauté et puissance que l’on ne ressent jamais. Le groupe sombre même dans le ridicule avec des titres comme "The
Ghost That's Haunting You" qui fait curieusement neo-metal de bas étage (entre les couplets au vocodeur, la mélodie d’ouverture niaise à souhait ou le riff de deux notes qui est répété tout le morceau...) ou "Rise Above The Tides" qui, lui aussi, se base sur un riff entendu trois millions de fois, une ligne vocale anesthésiante et un refrain digne du milieu des années 2000 quand le metalcore était à son apogée.
On sent parfois la bête tenté de se défendre, comme sur "
Dead and Gone", mais c’est comme si le groupe se dévoilait schizophrénique et qu’il affrontait lui-même sa faculté à montrer les dents. On se retrouve donc avec des couplets non pas hurlés mais chantés de façon plus « forte », comme si Matt voulait crier mais qu’il se retenait (ridicule ? un peu oui).
Il n’y a malheureusement pas grand-chose à retenir tant l’intégralité des compositions tournent autour du même pot et se ressemblent cruellement. "
Until the World Goes Cold" se veut un peu plus mélancolique et le refrain passe mieux mais, là où le titre aurait pu être merveilleux autour d’un opus plus costaud, il ne ressort absolument pas ici (et souffre de ce même mal du riff bateau répété en fond sonore derrière la mélodie...dommage et inutile).
Trivium se réveille finalement sur le dernier titre, "Breathe In The
Flames", qui replonge sensiblement dans l’époque de "
The Crusade", autant dans la vigueur du riff, l’entêtement de la ligne vocale et ce refrain qu’on imagine facilement chantonner en live (on est loin du hit qui retournera la tête du pit mais c’est un début). Là encore, on ressent la bête terré au fond des tripes du groupe qui remontre son existence mais ne semble pas autorisé à se montrer, pour on ne sait quelle raison.
Cependant, vous l’aurez compris, il n’y a rien de suffisamment consistant dans "
Silence in the Snow" pour que l’on ait réellement envie d’y retourner. Nous nous posons donc la question fatidique de savoir où on a voulu en venir le groupe ? Ses véritables intentions et si l’album représente réellement la direction dans laquelle il veut aller, nos craintes pour l’avenir.
Il ne s’agit pas d’un album décevant car moins inspiré ou trop proche de ses prédécesseurs mais bien d’un virage totalement raté où le groupe se retrouve au pied de la falaise dans une mare de son propre sang. Si les prochains shows sont à l’image de cet album, il y a également du souci à se faire tant l’énergie et la rage ont été les moteurs des concerts de
Trivium depuis les débuts. "
Silence in the Snow" étant dépourvu de ces éléments, les questions restent entières.
Production avec guitares en retrait, voix trop en avant et enfin batterie déséquilibrée.
Il n'y a pas d'âme dans la voix. Cela me rappelle le dernier Dimmu Borgir : heureusement qu'il y a le reste du groupe...parce que la voix du chanteur est loin. Très loin.
Merci pour la kro !
Je me refais la discographie du groupe et franchement, cet album m'ennuie, comme si il avait été fait alors qu'ils étaient sous calmant. Pour preuve, j'essaie de ne pas mettre le volume de mon PC à plus de 70%. Là, même plus haut, je ne suis pas happé par cet album, je ne ressens aucune puissance/énergie. Peut être la production, les guitares en retraits, je ne sais pas. En fond sonore, ça passe crème du coup... Heureusement qu'ils se sont rattrapés par la suite avec TSATS et WTDMS!
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