Karmacode avait été clairement l’album de la discorde. Les fans des débuts avaient crié au massacre (à juste titre), et d’autres avaient adoré le côté très néo de ce dernier. Bref, dès qu’un groupe grossit c’est la dissension et je n’étais pas le dernier à critiquer ce fourvoyé. Avant même d’avoir écoute
Shallow Life j’avais donc de gros doutes quant à la capacité de
Lacuna Coil à nous refaire un album digne d’être le successeur de
Comalies. La collaboration entre les Italiens et le producteur Don Gilmore (
Linkin Park, Avril Lavigne) ne m’inspirait guère plus et mon stylo était prêt à faire un trait définitif et un malheur quand l’improbable se produisit...
...
Pas dans un premier temps mais dans un deuxième. Je place donc ce
Shallow Life dans ma platine et là c’est une voix très enfantine, limite flippante qui résonne. J’avais vraiment l’impression de me retrouver dans un album de ETHS (constat malheureux déjà fait sue
Karmacode), s’ensuit un riff très néo. Mon stylo vengeur était levé et prêt a tracer ce trait définitif quand ma conscience m’a rattrapé. Zappons, nous verrons bien. « I
Won't Tell You » arrivera à point nommé pour faire la balance, j’ai enfin retrouvé le groupe comme je l’avais laissé 2002. Ce n’est pas le titre de l’année, ni le meilleur, mais il permet de mieux appréhender la suite de l’album. Je fais un zapping rapide et je me relance donc dans l’écoute attentive et passionnée de ce disque.
«
Survive » ouvre donc ce
Shallow Life » avec une petite mélodie de comptine assez sombre avant de se prendre un gros riff bien néo mais toutefois assez différent de qui était présent sur
Karmacode. Le style est là mais je comprends mieux ce que Cristina veut dire en définissant cet album comme un mix entre l’ancien
Lacuna Coil et le nouveau. Néo certes mais le son fait preuve d’un côté très sombre, très viscéral qui n’était pas présent sur l’opus précédent, fade et sans relief. Surprenant, le chant d’Andréa ressort plus, ce qui confère un côté très dynamique à un titre qui, au final, se révèle assez catchy. Il faut aussi le dire sans plus attendre, les titres à sonorités très néo ne sont pas légion sur
Shallow Life, ce qui contribue à une plus grand variété et surtout évite à l’album de tourner en rond. Si « I
Won't Tell You » m’a donné envie de continuer l’écoute c’est bien par la présence de grosses guitares et d’une vraie volonté de montrer autre chose qu’un vulgaire groupe de néo. Le résultat est donc convaincant.
« Not Enough » présente un refrain emprunt d’une émotion certaine qui montre bien que la belle Italienne en a encore sous le pied. « I'm Not Afraid » est le deuxième titre très néo de l’album. Sa filiation au niveau du refrain avec certains titres de
Linkin Park est flagrante mais pas pour autant désagréable. C’est sûr que ce n’est pas le gros tube mais dans un ensemble hétérogène ça passe mieux et il risque fort de cartonner en live. «
I Like It » joue à fond la carte de Cristina avec une intro bien ficelée, un riff de qualité. Mais, pour moi, le gros tube de ce disque c’est «
Underdog ». D’emblée le groupe nous scotche avec un excellent riff, le refrain emmené par Andréa est repris en second par Cristina et est autant astucieux qu’excellent. A l’instar d’un «
Swamped » ce titre montre le grand retour en forme d’un groupe qui s’était égaré le temps d’un album. De toute façon, à partir de ce titre il n’y aura plus rien à jeter. Que ce soit la magnifique ballade où Andréa s’éclipse pour que Cristina fasse feu de tout bois ou bien les soli proposés, pas virtuoses évidement mais bien ancrés dans des titres assez heavy,
Shallow Life fait le boulot.
Nous allons quand même revenir sur deux points qui me paraissent importants. Le premier c’est le retour en grâce des ambiances. Ce côté assez sombre qui fait que quand les titres parlent de choses graves, les 10 premières secondes nous le montrent bien. Cristina l’a dit, il y a des choses graves et des choses plus légères dans cet album. Les ambiances nous le montrent bien. Samples, piano tout est impeccable. Le deuxième point c’est une efficacité retrouvée. Jugez plutôt: 12 titres, pas un seul ne dépasse les 4 minutes et pourtant les titres sont très complets avec ambiances, couplets/refrains, breaks et même parfois des soli. Ce n’était pas le cas sur
Karmacode où on tournait en rond indéfiniment.
Bon, il y a encore un autre point mais il apparaîtra de lui-même. Cristina s’est clairement arrachée pour nous proposer une palette vocale très variée. Elle peut aisément passer d’un registre assez pop légère à un chant plus heavy tout en restant dans une émotion de tous les instants. Pour preuve, la ballade où elle doit faire face toute seule. Sa complémentarité avec Andréa est vraiment mise en avant. La cohésion est excellente et le dynamisme des titres s’en trouve accentué.
Je parlais de Don Gilmore et du studio californien où l’album a été enregistré. J’avais très peur que le son ne perde de sa chaleur. Rien du tout, le son y est excellent et là aussi on comprend mieux leur choix.
Voilà donc ce à quoi aurait ressemblé
Karmacode. Du
Lacuna Coil qui a mûri avec un gros son qui décoiffe. Il aura fallu attendre 7 ans avant que ça n’arrive mais c’est arrivé, c’est déjà ça! On a vu des groupes attendre 17 ans avant que ça ne revienne (qui a soufflé
Metallica ?), là ce fut juste le temps d’un septennat. Autant une bonne surprise qu’un bon album !!!!!!!
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