Bon, on va pas se le cacher. Pour beaucoup d’entre nous, cela fait belle lurette qu’il n’y a plus grand-chose à attendre de
Lacuna Coil. C’est que depuis le virage artistique – commercial ?- opéré en 2005 sur
Karmacode, les Italiens privilégient une musique plus simple et directe, largement orientée neo metal et quasiment épurée des éléments gothiques et atmosphériques qui faisaient son identité et son succès depuis le début.
Oscillant entre le bon et le moyen, continuant son bonhomme de chemin sans grande prise de risque dans un type de metal très balisé qu’elle maîtrise à la perfection et s’éloignant de plus en plus de son style d’origine, la troupe emmenée par la plantureuse Cristina Scabbia sort donc son huitième album studio, toujours sur
Century Media, et sobrement intitulé
Delirium.
Là encore, du changement chez les Milanais ; c’est cette fois le guitariste Marco Biazzi qui met les voiles, laissant le talentueux Marco Coti Zelati se charger des grattes en plus de la basse et des claviers. Quand on sait que le bonhomme, principal compositeur depuis les débuts du groupe, s’est aussi occupé de la prod’ et de l’artwork de ce nouvel album, on se dit que le mec est plutôt polyvalent et doué.
C’est
The House of Shame qui ouvre les hostilités, démarrant en douceur sur ces chœurs gothiques éthérés avant d’exploser en un bref growl et un mur de guitares massif, une entrée en matière particulièrement musclée pour le groupe transalpin que le chant hurlé d’Andrea et cette double pédale confirment à merveille. Le son est énorme, nous collant littéralement au mur, imposant ce riff gras à la
Soulfly, et le contraste n’en est que plus saisissant avec la voix haute et pure d’une Cristina impeccable qui chante un refrain véritablement habité, porté par ces guitares ronflantes et de légères touches de claviers qui ajoutent en atmosphère et en profondeur. Un excellent premier titre comme
Lacuna Coil n’en avait pas écrit depuis longtemps, à la fois puissant, sombre et émotionnel, et qui laisse présager du meilleur pour la suite.
Et cette suite s’annonce à la hauteur ! C’est indéniable, les titres de ce
Delirium sont beaucoup plus puissants et agressifs que sur les albums précédents : Marco nous envoie de grosses saccades de guitares massives et millimétrées irrésistiblement entraînantes parfois à la limite du metalcore (Broken Things, Take Me
Home,
Ghost in the Mist, My Demons) tranchant un peu avec le côté neo pour un côté plus efficace et headbangant.
Andrea s’en donne à cœur joie, et même si certaines de ses interventions sont un peu trop poussives, il assure pas mal dans ce type de chant agressif tantôt hurlé tantôt carrément growlé qui contrebalance parfaitement la voix cristalline de la belle. Ajoutez à cela une flopée de très bons soli (
The House of Shame,
Blood, Tears,
Dust, Downfall, où c’est Myles Kennedy de
Alter Bridge qui tient le manche, Claustorphobia), exercice plutôt inhabituel chez les Milanais, et vous comprendrez que, musicalement parlant, le quatuor s’est sorti les doigts du cul, nous proposant 44 minutes qui, malgré une certaine redondance dans les riffs et un manque d’originalité générale sont vraiment peaufinés.
Malgré des morceaux explosifs, puissants et efficaces,
Lacuna Coil n’en oublie pas pour autant les pistes plus calmes et touchantes (l’enivrant titre éponyme où Cristina s’envole sur un refrain de toute beauté, Downfall, My Demons, très habile synthèse du style
Lacuna Coil, avec un chant agressif d’Andrea se greffant sur un couplet à la musique feutrée et minimaliste à base de basses et de claviers puis une envolée angélique de Cristina aux forts relents gothiques sur ces refrains aux grosses guitares ; simplissime mais irrésistible !) et semble porter un soin tout particulier aux refrains, qui se retiennent facilement au bout de quelques écoutes et deviennent carrément obsédants (
Delirium,
Blood, Tears,
Dust, Downfall, My Demons…). Les claviers aussi sont bien présents, appuyant l’ambiance, et ajoutant une certaine grandiloquence symphonique qui confère aux refrains une puissance émotionnelle supplémentaire.
Franchement, que demander de plus ? Après quatre albums reprenant plus ou moins la même recette et montrant un combo en pilotage automatique,
Lacuna Coil opère un retour en force inattendu et ça fait vraiment plaisir. Très bonne synthèse de la carrière du groupe depuis
Comalies, ce
Delirium nous fera passer un bon moment, entre lourdeur neo, efficacité core, puissance mélodique, pointes symphoniques et une sensibilité gothique partiellement retrouvée. Le meilleur album du groupe depuis bien longtemps, assurément.
J'étais pourtant assez enthousiaste quant à du growl.
Rien que House of Shame, qui comme tu le dis avec ce riff à la Soulfly, est complètement vide (tout autant que Soulfly, ou l'art de faire 28 albums avec 2 riffs). Le refrain fait très creux (metalcore), seule la voix d'Andrea a un peu d'intérêt.
Bref, s'ils avaient retenu les (certes rares) bon points du metalcore, là ok, mais au final ils en retirent tout le négatif. Des riffs plats au possibles, des refrains fades, loin de l'émotion d'antan, et surtout des morceaux stéréotypés, où les parties de chaque morceau sont interchangeables.
Mais le précédent album, "Broken Crown Halo", m'avait largement réconciliée avec le groupe ; bien que celà risque de choquer les fans "intégristes" qui ne jurent que par les 1ers albums, je l'ai autant aimé que Comalies, car on y retrouvait des belles mélodies et cette touche gothique qui avait disparu pendant 3 albums.
Ce tout dernier album continue plutôt dans la veine du précédent, et c'est tant mieux! Il y a du bon et du moins bon, mais les envolées aigües assez inédites de Cristina sont vraiment magnifiques!
effectivement j'aime beaucoup cet album!
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