Lacuna Coil est une sorte de marque de charme italienne. On y met en avant la sublime Cristina Scabbia et en fond un growler approximatif et une rythmique Néo-
Metal plus que calibrée et on a la manière dont le groupe milanais a réussi à s’exporter aux États-Unis depuis la fissure créée en 2006 avec «
Karmacode », créant deux sortes de fan-base : le nouveau public qui adhère à ce
Korn au féminin et l’ancien attendant comme le messie une nouvelle vague gothico-atmosphérique «
Comalies »-ienne. Pour ma part, j’avais découvert le groupe par la sortie de «
Shallow Life ». Ce disque m’avait paru intéressant jusqu’à ce que je découvre ce qu’était le groupe avant ce passage au Néo. Loin de moi l’envie de balancer le sempiternel « c’était mieux avant », mais je me contenterais seulement de dire que nos Italiens avaient déjà fait bien mieux…
Pour ce «
Broken Crown Halo », le groupe nous avait promis quelque chose de plus sombre. Et, forcément, quand on parle du départ du guitariste Cris Migliore et du batteur Cristiano Mozzati après plus d’une quinzaine d’années de bons et loyaux services, on ne peut qu’être négatif, quand bien même l’album était déjà quasiment finalisé à ce moment. Et si certains avaient pu avoir une once de joie à la vue des artworks/photos-promos, ou encore au fait que l’album s’inspire de nombreux films d’horreur, soulignons que la production est assurée par Jay Baumgardner (
Three Days Grace,
Papa Roach ou …
Evanescence). De là, nous aurons un aperçu assez global de ce que sera ce nouvel album.
Et encore plus en écoutant le premier single, «
Nothing Stand in Our Way ». C’est du basique. Des petites notes de synthé, des riffs mastoc en boucle et la jolie voix de Cristina sur des arpèges mélodiques. Un petit éclat de voix et on lance un refrain néo très simpliste, alliant comme toujours ces côtés pêchu, mélodique et catchy, mais sans trop de génie. Quand au break final, il permet d’opposer la chanteuse à l’éternel Andrea Ferro. Et quitte à répéter ce que l’on dit de lui depuis déjà un certain temps, ces growls sont plutôt convaincants, mais le principal souci sera son chant clair. Or, il n’y en a pas ici, alors j’y reviendrai volontairement plus tard.
Passons donc très rapidement sur les titres ne présentant aucun autre intérêt que d’être des pistes FM à succès. «
Die & Rise » mérite la première place. Tout fait calibrer très néo. Ces riffs lourds et épais, ce synthé sortant de vagues notes de temps à autre, ce chant masculin hargneux et ces élans de voix féminines sur les refrains, tout cela se diversifiera par un joli passage en italien de la chanteuse, dévoilant une voix pressante intéressante. Très Néo, mais agréable. Il y a ensuite le très Néo, mais désagréable « Cybersleep », qui enchaîne les plans de très mauvais goût, son intro électronique pompeuse, son atmosphère ambiancée de très mauvais goût (j’ai eu l’impression d’entendre le générique d’un nouveau (et pour le coup mauvais) James Bond). La voix sensuelle de Cristina sauvera les meubles à de nombreuses reprises… Le même côté simpliste sortira de la rythmique d’ « In the
End I Feel Alive ». Ce synthé très sommaire et ce chant hargneux, mais plat, fera tâche avec les envolées de la chanteuse. On relèvera au milieu de ce capharnaüm une bonne (mais très synthétique) conclusion plus symphonique et instrumentale sur la fin.
Je sens que vous finirez par penser que je dragouille méchamment (certes) la chanteuse, avec autant de compliments sur sa voix. Sauf que la madame arrive également à grassement se planter dans ses éclats de voix, comme en témoignent ses laborieuses tentatives sur les refrains de la très mélodique « Hostage to the Light ». Quelques lignes plus haut, j’ai traité d’un long passage instrumental. C’est également un point récurrent sur globalement tout l’album : les musiciens auront l’air d’évoluer un gros volume en-dessous des deux vocalistes. Entendre Cristina, ça va. Mais Andrea…
On peut débuter en douceur avec cette hargne monotone des refrains de «
Victims », s’accordant au final assez bien avec la miséreuse tentative de chant rappé de Cristina. On passera ensuite un cran au-dessus sur la jolie pop-atmo « I Forgive (But I
Won’t Forget Your Name) » où Andrea nous délivre un pur chant clair faux et, à côté du rythme, un peu tâche en étant immédiatement suivi par des lignes plus célestes de Cristina, notamment sur les gros refrains mélodiques. Il y a ensuite l’achèvement vocal sur la puissance mélodique d’ «
Infection ». Andrea réussit la performance de nous faire grimacer sur ses quelques chuchotements complètement ratés et son chant clair encore une fois terriblement plat. De même, ces refrains pop et pré-calculés… Mais les apparitions de voix plus orientales de Cristina nous rendront le sourire… Avant de nous tirer la moue en réutilisant note pour note les mêmes vocalises sur le titre suivant, « I
Burn in You », plus exotiques sur la forme, moins excitantes sur le fond de cette voix d’homme plate et inconstante et sur ses rythmiques réchauffées, sentant davantage la faute de goût que le voyage tant attendu.
Au final, nous pouvons faire le parallèle de la carrière de
Lacuna Coil grâce à deux pistes. La très lourde et grasse « Zombies », offrant un chant masculin plus entraînant et s’enchainant assez bien avec ces refrains mélodiques et sympathiques, même si assez peu inspiré. Le solo est également un ajout assez appréciable, les instruments n’étant pas du tout mis en valeur. En conclusion, le groupe nous offre la sombre et langoureuse « On
Cold Day », en hommage à l’ancien guitariste du groupe Claudio
Leo, décédé l’année dernière, rappelant quelque peu les élans atmosphériques et gothiques du groupe. Le tempo est lent, piano et synthé en premier plan, arpège délicat et batterie lente par la suite. Le chant de Cristina y apparaît plus intense que jamais, encore davantage sur des refrains plus dramatiques.
Clairement, ce «
Broken Crown Halo » n’est pas un disque désagréable et aujourd’hui, on trouve nettement pire dans le Néo-
Metal. Certains diront que le groupe continue à avancer malgré ses nombreux détracteurs, mais je ne suis pas de cet avis.
Plus qu’avec «
Shallow Life », le groupe semble s’enfoncer encore davantage dans une sorte de confort et à l’air de plus en plus voué à tourner en rond en se contentant de balancer tous les deux ans un album « type » rempli de mélodies catchy et entêtantes, mais sans rien apporter de véritablement concret. Si la recette pouvait de nouveau prendre après un «
Dark Adrenaline » comprenant son lot de tubes, cette nouvelle monture n’apporte quasiment rien, que ce soit à la scène ou à la carrière de
Lacuna Coil, offrant de ce fait un album monotone, malgré quelques qualités nous rappelant forcément à la nostalgie de ce qu’était véritablement la marque de fabrique du groupe.
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