Ce début des années 90 reste marqué par l’explosion du deathmetal aux quatre coins du globe, notamment en Scandinavie depuis les premières oeuvres de
Merciless,
Entombed &
Carnage. La Finlande pointe quant à elle plus précisément le bout de son nez depuis la parution des premiers LP de
Xysma &
Funebre (Yeah,
Children of the
Scorn) et du Split-LP d’
Epitaph &
Excruciate en 1991, pour exploser dès l’année suivante avec les parutions des LP de
Demigod,
God Forsaken,
Convulse,
Disgrace,
Purtenance ou encore des Mini-LP d’
Amorphis,
Belial et
Phlegethon. Formé initialement en 1989 sous le nom de
Deformity autour de Miika Tenkula, Sami Lopakka et Vesa Ranta,
Sentenced participe lui aussi de pleins fers à ce mouvement extrême grandissant.
Fort de deux démos enregistrées en 1990 et 1991,
Sentenced rejoint l’écurie française Thrash Records, basée au Havre et spécialisée dans la production de 45 tours tout en se consacrant désormais à la sortie de LP's. L’écurie encore jeune ne compte toutefois à cet instant que les LP For the Security et Calls From the
Beyond des suédois de
Carbonized de
Megaslaughter, plus quelques signatures fraiches telles que
Convulse et
Epitaph. Recrutant au passage le bassiste Taneli Jarva, notre groupe finlandais se dirige ainsi dès novembre 1991 vers Ahti Kortelainen aux Tico-Tico Studios (qui deviendront très vite célèbres pour la puissance de leur son), précédant de quelques mois ses compatriotes
Belial,
Demigod et
Impaled Nazarene. Le groupe en sort au bout d’une semaine avec son premier album Shadows of the
Past, paru en premier semestre de l’année suivante avec un logo et une illustration le mettant piètrement en valeur.
Reprenant notamment l’intégralité des six titres composant la dernière démo
Rotting Ways to Misery de 1991, Shadows of the
Past sonne globalement sans surprise, appliquant la recette d’un deathmetal rugueux et monolithique qui prédomine à cette époque. On retrouve ainsi cette opposition entre rythmes majoritairement middle tempo et chargés en double pédale à des instants sauvages bien plus tapageurs, servant le chant gras et guttural de Miika Tenkula, Taneli Jarva fraichement accueilli au sein du groupe n’ayant pas encore pris place au micro.
Bien que relativement conventionnel, Shadows of the
Past multiplie toutefois durant plus de cinquante minutes des titres déjà ambitieux, à l’image de l’envoûtant
Rot to
Dead et ses guitares leads pleines de sensibilité, du bon
The Truth et son démarrage acoustique, ou encore du remarquable final instrumental Under the
Suffer et ses fines nappes de clavier en son coeur. A ce titre, malgré son jeune âge et un style encore en définition, Miika Tenkula reste l’atout de taille de ces premières années de
Sentenced, possédant un jeu d’une fluidité et d’une feeling remarquables, insufflant ainsi dans ce premier album une mélancolie toute particulière, qui contraste avec la lourdeur et la dureté de son deathmetal tout en apportant une atmosphère et une âme certaines à chaque morceau. Puissant et rugueux, l’enregistrement d’Ahti complète enfin les contours de l’oeuvre et accroît son épaisseur.
Sans révolutionner le style ni affirmer encore tout son talent, bien qu'il possède déjà ce plus qui le distingue du lot,
Sentenced débarque en cette année 1992 avec un premier album à la fois sensible et rugueux, laissant déjà filtrer son inestimable potentiel. Sous couvert d’une illustration trompeuse, Shadows of the
Past s'impose comme une synthèse idéale des premières années purement deathmetal du groupe, mais aussi comme l’une des productions du label Thrash Records parmi les plus intéressantes, aux côtés des savoureux World
Without God de
Convulse et Dances From Left de
Mordicus, deux disques également issus de Finlande.
Fabien.
1 bel album decouvert sur le tard....froid et mid tempo....il rappelle la grande epoque des debuts du style scandinave....et les pepites qui en decoulerent!
J'avais le 2e album acheté à la lecture de Sieur Fabien...le 1er a la vision d'un chroniqueur US sur you tube.
Bel album.
A savoir que ce disque vient d'être réédité.
Excellente cette réédition Jérôme, avec l'artwork d'origine en plus...
Oui, mais sur l'édition Century Media de 2008, y'a aussi la pochette d'origine (libre) que tu peux mettre en 1ère de couverture à la place de la peinture sur fond rouge. Cette version propose surtout les deux démos, tout bonnement à la hauteur de l'album, puisque celui-ci en comporte de nombreux extraits, comme Fabien le mentionne, notamment l'intégralité de celle de 1991. A privilégier donc.
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