Qu’est-ce qui pousse un groupe à continuer, encore et encore quand ce dernier a déjà tout connu ?
Quand les bas ont succédé aux hauts et aux plus immenses succès ? La gloire ? Le succès ? L’argent ? La passion ?
Des questions que l’on se pose invariablement mais dont les réponses des principaux intéressés sont toujours les mêmes, souvent agrémentés d’une certaine langue de bois et d’un utopique espoir de ne jamais être oublié, d’être toujours actuel et de rester ancrer dans les paysages musicaux des différentes époques.
Ce qui est passionnant quand on évoque un combo comme
Scorpions, c’est que l’on se rend compte à quel point le groupe de Rudolf Schenker et Klaus Meine ont écrit les plus belles lettres du rock comme certains des plus beaux ratages de l’histoire. Des années 70 nostalgiques avec un "
Virgin Killer" en tête ou un "
Lovedrive" culte aux vertigineuses années 80 où "
Blackout", "
Love at First Sting" ou "
Crazy World" (sorti en 1990 mais possédant la même ambiance que ses prédécesseurs) en passant par l’incroyable creux de la vague représentés par les immondes "
Eye II Eye" ou "
Pure Instinct",
Scorpions est l’incarnation du groupe ayant tout connu, des petites salles aux stades en devenant ensuite ringard et dépassé.
Puis la mode des comeback des plus grands groupes (Iron Maiden,
Judas Priest, Mötley Crüe, etc…) aida beaucoup les allemands dans les années 2000, qui revinrent progressivement avec les très bons "Umbreakable", "
Humanity Hour 1" et surtout l’excellentissime "
Sting in the Tail" en 2009 qui surprit son monde par son énergie, sa modernité, ses prises de risques mesurées et surtout sa vigueur qui donna suite à une série de concerts prodigieux (la Tournée des Zénith française restera un très grand moment).
Alors au firmament, le groupe annonce sa révérence et déclare que cette tournée sera la dernière.
Plusieurs tours du monde plus tard, ils sortent un "
Comeblack" affreusement dispensable, fait de reprises de leurs plus grands tubes dans un réenregistrement passéistes et loin d’être indispensable. On commençait déjà à se dire que les idées se faisaient rares et qu’il était dommage de se quitter là-dessus. Aucune inquiétude, le quintet n’est en fait pas décidé à s’arrêter et prépare un "
Return to Forever" hautement symbolique (ou cliché, c’est selon) composé à partir…des chutes récoltées depuis près de 30 ans !
Et oui, Klaus, Rudolf et Matthias Jabs n’ont que très peu composés ici et, une fois encore, usent du recyclage pour proposer faussement du neuf mais, encore une fois, ça s’entend et toutes les bonnes impressions de "
Sting in the Tail" (le dernier « vrai » album du groupe) sont envolées dès les premières écoutes. Que ce soit dans le son, les riffs, l’ambiance ou même les paroles, tout cela sonne vieux mais sans posséder la fibre nostalgique, rock n’roll et si plaisante des derniers essais qui mariaient parfaitement les deux mondes. Ce n’est peut-être pas un hasard si ces titres sont restés si longtemps au placard et il est difficile de croire que ces morceaux si fantastiques sont restés dans l’ombre par simple inadvertance, pas à ce niveau-là.
"
We Built This House", premier single, est un mix entre un titre rock récent et une ballade des années 80, peuplé d’arpèges mélodiques, de la voix d’un Klaus forçant bien peu mais surtout d’une session rythmique bien trop sage, surtout lorsque l’on possède un batteur de la trempe d’un Kottak.
Le problème également de ce "
Return to Forever" est l’absence complète d’homogénéité non seulement entre les compositions mais aussi dans la production. D’un titre comme celui-ci sonnant relativement moderne, nous enchainons sur un "Rock my Car" au son brut et rèche, rock brut de décoffrage nettoyé à l’eau de javel et étroitement conservé dans le formol. Comment ne pas se poser la question de la crédibilité quand on découvre une composition aussi ridiculeusement kitsch et labellisé « Face B » que "Rock n’roll Band", sans imagination ni énergie, que l’on croirait réellement sortir des tréfonds d’un "
Blackout" mais sans sa hargne, sa légende et son aura.
Cette sensation est trop souvent présente, à l’instar également d’un "The Scratch" assez improbable et bluesy qui surprend mais ne convainc pas vraiment.
Concrètement, la production est réussie, Klaus chante toujours très bien même si on sait (surtout lorsqu’on l’a vu très récemment en live) qu’autotune est passé par là (ce qui n’est pas une honte, loin de là, en sachant que tout le monde y passe et que le monsieur a quand même 66 ans et une belle énergie à revendre), les soli de Matthias sont bien exécutés bien que manquant de mordant mais ce sont surtout les riffs et les rythmiques qui pêchent, souvent sans idées, ne décollant pas et faisant peine à entendre.
Il y a bien un "
Hard Rockin' The Place" plus percutant et rock ou un très beau "House of Cards" (bien que ce type de power ballad soit une marque labellisé « copyright by
Scorpions ») démontrant que le groupe est toujours aussi efficace dans cet exercice sans pour autant arriver ne serait-ce qu’à la cheville d’un "Sting Loving You" ou d’un "Holiday" (ce que faisait pourtant les sublimes "
The Good Die Young" et surtout le symbolique "The
Best is Yet to Come" sur le précédent opus). Le groupe ne s’est pas limité mais se perd à travers un album trop long de dix-sept compositions qui est difficile à terminer tant il manque de mordant et d’intérêt.
Bien évidemment, les fans reconnaitront le
Scorpions de toujours par un style et une attitude inimitable mais là où terminer sur "Sting the Tail" aurait été une porte de sortie mémorable dont bien des légendes aimeraient se targuer, ce "
Return to Forever" a tout de l’album du pauvre réalisé sans grande ambition ni inventivité. Dommage car nous sommes toujours en droit d’attendre plus d’un groupe ayant façonné les plus belles lettres du rock et cette fois-ci, le contrat n’est clairement pas rempli.
J'adore Scorpions depuis très très longtemps, je suis très très vieux, et je n'ai pas envie de descendre l'album juste pour me faire une légende du rock. Mais franchement, que j'ai du mal avec ce disque... Quel ennui.
Rien ne m'a plu. Déjà, je trouvais louche que la moitié des titres soit signée par des compositeurs extérieurs. Si au moins ces titres étaient bons, pourquoi pas. Ce n'est pas le cas, à mon goût (j'insiste sur ce point).
Jabs est complètement absent. Il avait piscine pendant l'enregistrement ou quoi?
Et ce "Rollin' Home", oh my god! On dirait Rihana ou n'importe quelle autre pouffe US.
Si je veux quand même sauver quelque chose du désastre, je dirais "Rock'n'Roll Band", "Catch Your Luck and Play" et "The scratch". Au moins on entend un peu Jabs qui a l'air un minimum concerné - il était rentré de la piscine peut être -.
Je n'ai pas détesté "Sting in the Tail" mais le très bon "Humanity" restera pour moi le chant du cygne des Scorps. Perso, je situe le décrié "Unbreakable" 10 têtes au dessus de ce pauvre "Return to Forever".
Si certains prennent du plaisir avec ce disque, tant mieux pour eux. Aucun jugement de valeur de ma part, juste que ce skeud me fait chier comme aucun autre du groupe.
Sniff
Bon ben c'est quand même pas folichon tout ça.
Comme Samolice, seul "Rock'n'Roll Band" réussi à m'enthousiasmer un petit peu, et encore. L'intervention massive de compositeurs extérieurs m'avait en effet aussi mis la puce à l'oreille, et hélas on ne peut pas dire que le sang neuf ainsi apporté ait été salutaire aux arachnides teutons.
Je m'en retourne de ce pas vers les huit (excellentes) rééditions remasterisées sorties fin 2015 pour retrouver le Scorpions que j'aime.
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