« I lose control… » [Klaus Meine]
Cette phrase, tiré de la chanson
You and I est elle une confession?
La question peut se poser en cette année 1996, lorsque
Scorpions donne un successeur au moyen
Face the Heat.
Pure Instinct, voilà le nom du bébé, le 13ème album studio du quintet d’Hanovre, un titre qui correspond bien à la pochette, une fois de plus horrible. Très peu de pochettes des Scorps sont superbes, et celle-là touche le fond, pire que celle d’
Animal Magnetism. L’Homo Sapiens se retrouve à son tour derrière les barreaux, lorgné par une horde d’animaux sauvages exotiques sur un horrible fond rouge orangé, beurk, quelle horreur. Notons que l’homme dans la cage ressemble à Imhotep (seul point amusant de la pochette), et nous fixe d’un regard malsain.
Pure Instinct, l’instinct naturel, sauvage, par conséquent il des animaux sur la pochette, mouais, c’est assez bancal, et risque de donner des préjugés a tout hardos tenant l’objet entre ses mains, et il y a de quoi.
Trois ans après le départ du bon Francis, c’est au tour d’Hermann Rarebell de claquer la porte, après avoir immortalisé une dernière fois ses performances derrière les futs sur le live paru un an plus tôt,
Live Bites (1995). La façade se lézarde et la magie s’engouffre dans la brèche pour s’enfuir vers d’autres aventures. Tout ce qui avait fait le charme et le génie de
Scorpions s’est envolé ; après avoir perdu le ciment du groupe (Francis), ils perdent un excellent compositeur et sa frappe puissante, l’osmose n’est plus, que va-t’il se passer ? La bande à Schenker recrutent donc un batteur studio, qui ne rentre pas dans le line-up officiel du groupe, un certain Curt Cress, ainsi que deux claviéristes (!?) studio eux aussi. Le changement risque d’être radical, et nous ne sommes pas au bout de nos surprises, ni de nos craintes.
Cette galette est atypique pour
Scorpions, c’est un véritable tournant musical qui risque d’en dérouter plus d’un. Ceux qui veulent un bon hard teuton peuvent passer leur chemin, cet album n’est pas pour eux. En revanche, si vous voulez découvrir une nouvelle facette du groupe, prêtez-y l’oreille, ça vaut le détour. Cet album est plus une expérimentation musicale qu’un manque d’inspiration, car elle est au rendez-vous, et même si se n’est pas un hard violent, il y a de très très bons morceaux.
La galette s’ouvre au son d’une cornemuse, rythmé par une cloche d’église. Ces quelques secondes nous transportent dans les hauteurs escarpés des Highlands, la verdure et les chardons foulé par un piper au visage fouetté par le vent glacial de la mère Ecosse. Mais Rudolf nous ramène sur terre avec un bon riff scorpionnesque, suivi du jeu de basse bien particulier de Ralph Rieckermann, et de la batterie qui manque énormément de patate.
Wild Child est un excellent morceau qui ouvre à merveille l’album, et pour une première écoute, on s’attend à une bombe qui va relever enfin le groupe. Mais les morceaux pêchus sont rares, et aucuns n’égale cette première piste.
Stone in My Shoes est un très bon morceau, très rythmé, contenant de bons riffs très entrainant, et qui jette un souffle de fraicheur et d’enthousiasme dans cette galette.
Seulement deux morceaux hard ? Aie aie aie, dur pour un groupe qui nous a pondu
Virgin Killer 20 ans plus tôt, mais
Scorpions a d’autres tours dans son sac, ils sont passé maître dans l’art d’écrire des ballades, et ils vont une fois de plus nous le prouver.
You and I est une sublime ballade, où l’on y retrouve tout les ingrédients de la réussite, une mélodie magique, la voix de Klaus envoûtante et d’une magnifique clarté, un enchainement couplet /bridge /refrain ingénieux et sensationnel, un grand moment d’émotion. Cette ballade est certainement l’une des meilleures du groupe. Moins connue,
When You Came into My Life est ma chanson préférée de l’album, un arpège délicat et sublime débute dès les premières secondes pour nous suivre pendant 5’27. Un refrain magistral et un solo superbe nous attend dans ce morceau tout simplement incroyable. En clôture d’album, Are You
The One ? est un morceau poignant, à la
Rainbow Eyes. La musique n’est faite que de synthé, quelques violons viennent augmenter l’émotion d’un cran, et bien sur, encore et toujours un sublime solo de Matthias pour assaisonné le tout !
Mis à part ces rares bons moments, l’ambiance générale de l’album est un tempo plutôt lent, cool mimile, et il y a une vague acoustique qui prend d’assaut la majorité des pistes. Et oui, ce n’est pas commun d’entendre les teutons qui utilisaient l’acoustique dans le cadre exclusif des ballades l’utiliser à toute les sauces. Does Anymore Know et Soul Behind the Face en sont les exemples parfait, les riffs sont électro-acoustiques, le tempo plutôt tranquille, heureusement que Matthias parsème le morceau de quelques petits solis qui nous rappellent la bonne époque.
Where the River Flows est de même facture, seul les paroles et la mélodie change. Toujours dans l’acoustique, Time
Will Call Your Name, morceau très agréable auquel viens s’ajouter un synthé orientalisant sur quelques passages de la chanson, ainsi que quelques arpèges de sieur Jabs qui sauve une fois de plus la mise.
Enfin, il a des morceaux qui pour le coup manque cruellement d’originalité et d’inspiration, et qui ne sont là que pour combler les trous, tels la fade But the
Best for You. Oh
Girl (I Wanna Be With You) démarre sur les chapeaux de roue, mais se ramasse monumentalement, le rythme se brise et la chanson tourne au ridicule.
Voilà le contenu de
Pure Instinct,
Scorpions veut passer à autre chose. Non pas que cet album soit mauvais, mais il est atypique et faiblard, avec seulement deux morceaux hard et trois sublimes ballades qui valent franchement le coup, alors que le reste peine à briller. Un album à écouter lors de la digestion après une bonne raclette ou pendant la sieste. Ce n’est pas péjoratif, car dans l’ensemble, il reste agréable et très reposant, mais il fait pâle figure à côté des classiques du groupe que l’on préfère réécouter.
Pour la tournée promotionnelle de l’album, les Scorps ont besoins d’un nouveau batteur, et c’est le jeune James Kottak qui décroche le poste, et qui restera jusqu'à la fin du groupe, en cette sombre année 2010. Ceux qui n’auront pas eu la chance de le découvrir sur scène lors de la tournée vont devoir attendre encore 3 ans pour entendre son jeu de batterie lors de leur prochaine livraison studio. Quelles voies musicales vont-ils emprunter cette fois-ci ?
La suite au prochain épisode…
Je te souhaite bon courage pour eye to eye : celui-là est pourri de A à Z, et c'est le fan ultime du groupe qui te le dit !
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