« Signez pour la gloire et la fortune. Jouez ce jeu sanglant. Mais ne vient pas pleurer après parc que tu seras le seul à blâmer »
Kai Hansen – Contract Song
La joie des maisons de disques, des contrats discographiques, des royalties…indispensables mais parfois nocifs, ils sont ceux qui peuvent servir de fer de lance dans la course à la popularité comme ils peuvent enfoncer ou détruire un groupe de l’intérieur.
Iron Savior en a fait l’amère expérience quand Noise Records, label mythique s’il en est (les premiers
Helloween sortirent notamment dessus) mais qui ne parvint pas à passer le cap du numérique, a mis la clé sous la porte. Comme ce fut le cas chez
Transmission Records, les droits furent rachetés en interne, rendant totalement impossible la réexploitation pour le groupe des bandes, des morceaux ou des albums. Si certains groupes (je pense à
Epica pour ses deux premiers opus par exemple) prennent simplement leur mal en patience et attendent des jours meilleurs,
Iron Savior a décidé de prendre le taureau par les cornes et de contourner purement et simplement la chose. Impossible d’exploiter les morceaux originaux ?
Pas grave, ils vont réenregistrer des titres des cinq premiers albums et le souci sera réglé, afin de proposer un best of pas forcément comme les autres, à l’instar de ce que
Gamma Ray avait proposé sur "
Blast from the
Past".
Forcément, cela fait déjà quelques années (euphémisme) que rien ne ressemble plus à un album d’
Iron Savior qu’un autre album d’
Iron Savior donc, avant même d’écouter ces versions, on sait d’emblée que la marchandise ne sera pas énormément modifiée tant la recette est connue sur le bout des doigts et que son chef d’orchestre ne souhaite rien y changer. Piet Sielck est connu pour son amour immodéré pour le classicisme, sa vision parfois étriqué de la musique et son intransigeance concernant la rythmique, le placement millimétré des instruments.
Les premiers opus étant clairement les plus énergiques, symptomatique d’une époque où le speed metal revenait en force (même si
Iron Savior faisait office de groupe expérimenté par le passif de ses membres et l’aspect bien plus traditionnel qui s’en dégageait), ce "
Reforged – Riding on Fire" est un beau cadeau pour les fans, packagé par une magnifique cover de SF comme le groupe nous y a habitué depuis des années.
Parlons de musique désormais. Vous connaissez les morceaux et vous ne serez pas surpris si je vous dis que vous ne serez pas surpris en les écoutants (non, ma phrase est tout à fait claire !). Le choix des titres est relativement logique (avec "Starborn" en plus, ça aurait été encore mieux), privilégiant souvent les morceaux puissants et hymniques aux autres, même si cette compilation comporte par le même biais le défaut de ne montrer qu’une seule facette du groupe.
La production est limpide, puissante et claire, avec une batterie très mise en avant (et très triguée aussi) et des chœurs souvent bien plus gonflés qu’à l’époque, très proche des opus récents des allemands.
Difficile de faire le tour des dix-neuf compositions mais certains titres marquent forcément plus que d’autres. Pensons à "
Battering Ram" qui nous emmène en pleine bataille, au surpuissant "
Condition Red", au sans concession "
Titans of Our Time" (démontrant que "
Condition Red" est surement l’album le plus heavy de leur carrière) et son refrain tout en nuances, au plus hard "No Heroes" ou encore le fabuleux "Watcher in the Sky" qui avait la particularité d’être sorti sur le premier
Iron Savior mais aussi en parallèle sur "Somewhere out in Space" de
Gamma Ray.
Ce qu’on pourrait finalement reprocher (comme aux albums récents), c’est une uniformisation de la musique du combo, pressant tellement ses titres qu’ils finissent par beaucoup trop se ressembler. Cette compilation est intéressante mais on ne ressent pas d’évolution alors qu’elle retrace presque dix ans de carrière. Certains diront que c’est une force de ne pas ressentir de différence entre "
Iron Savior" et "Break the
Curse" mais je trouve ça finalement dommage. Ce concentré de vieux titres n’est pas non plus très éloigné de "
The Landing" ou "
Titancraft" même s’il est clairement plus inspiré et marquant.
Un objet avant tout destiné aux fans plus ou moins récents qui ne parviendraient pas à se procurer les anciens albums en version physique. Pour les autres, il s’agit d’une petite distraction mais rien qui ne donne non plus envie de se relever la nuit.
J'avoue, j'en avais chié pour réussir à mettre la main sur les premiers albums. Pour ceux-là, le Reforged pourrait être un bon investissement. Après, même si on les a, les remixes ne me semblent pas honteux, et j'avoue lorgner sérieusement sur cet album malgré tout. Plus de titres de "Battering Ram" aurait été appréciable, mais ça me contentera ^^
Pour moi ça tombe bien cette compilation de ce groupe qui propose certes un heavy mélodique des plus conventionnelles mais qui se veut redoutable et surtout impossible de ne pas headbanger sur des riffs et refrains très efficaces.
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