Queensrÿche (EP)

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17/20
Nom du groupe Queensrÿche
Nom de l'album Queensrÿche (EP)
Type EP
Date de parution 12 Août 1983
Labels EMI Records
Style MusicalHeavy Progressif
Membres possèdant cet album226

Tracklist

Re-Issue in 2003 by Capitol Records with Live Bonustracks (Recorded at Nihon Seinen-kan, Tokyo, Japan, 8/5/1984)
1.
 Queen of the Reich
 04:25
2.
 Nightrider
 03:49
3.
 Blinded
 03:06
4.
 The Lady Wore Black
 06:28

Bonus
5.
 Nightrider
 04:32
6.
 Prophecy
 03:59
7.
 Deliverance
 03:40
8.
 Child of Fire
 04:36
9.
 En Force
 05:47
10.
 Blinded
 03:26
11.
 The Lady Wore Black
 07:01
12.
 Warning
 04:56
13.
 Take Hold of the Flame
 05:12
14.
 Queen of the Reich
 05:19

Durée totale : 01:06:16

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Queensrÿche


Chronique @ ZazPanzer

27 Juin 2012

Arbre généalogique

Chercher la source, comprendre d'où nous venons, qui nous sommes, pourquoi nous vivons et respirons Heavy Metal 24/24 et 7/7, prend souvent la forme d'un cheminement intérieur complexe, mais suivre la trace d'une petite cassette audio insignifiante peut éventuellement aider...

Formé à Bellevue, banlieue de Seattle, par le batteur Scott Rockenfield et le guitariste Michael Wilton, le groupe Joker se rebaptise en 1980 Cross+Fire à l'arrivée de Chris DeGarmo à la six-cordes et d'Eddie Jackson à la basse. Deux ans plus tard, ayant consacré chaque minute de temps libre à répéter intensément, Cross+Fire devenu The Mob, toujours dépourvu de frontman et n'ayant d'ailleurs aucun concert à son actif, décide d'enregistrer une démo pour laquelle le combo fait appel à une connaissance, un certain Geoff Tate, vocaliste du groupe Myth (ex- Babylon). Geoff a déjà joué avec le groupe mais n'a pas souhaité l'intégrer, refusant de se cantonner au style Heavy Metal pratiqué par The Mob... Un détail qui explique peut-être deux choses, à savoir le chemin singulier qu'empruntera Queensrÿche et qui lui donnera cette identité si particulière; mais également les dérives expérimentales et ennuyeuses qui suivront "Empire"...

Tate le dépanneur rejoint en tous cas The Mob au Triad Studios de Redmond (toujours dans la périphérie de Seattle) durant l'été 1982 pour poser sa voix sur quatre titres. Les musiciens ayant peu de moyen et travaillant la journée, enregistrent la nuit, louant le studio au taux horaire le moins cher. Tom Hall, l'ingénieur du son qui leur est octroyé, les met en confiance. Il a l'habitude, dit-il, de travailler avec des groupes de Heavy, il ne compte plus ses enregistrements. Il n'avouera aux cinq adolescents que c'était sa première expérience qu'après leur avoir fait écouter le résultat final.

Un coup de maître pourtant. Une production violente, brute, étouffée, dégageant un feeling old-school particulièrement délicieux. Les guitares sont à l'honneur, la section rythmique plus en retrait mais bien présente malgré un son de batterie un peu faiblard n'ajoutant que plus de charme à ce disque essentiel que Dieu merci le groupe n'a jamais retouché. Le chant est évidemment mixé en avant, la voix de ténor de Tate, haut perchée, agressive et impériale, judicieusement accentuée par quelques effets bien sentis, se plaçant d'emblée avec ces quatre titres à égal avec les maîtres Bruce Dickinson et Rob Halford.

"Queen of the Reich", "Nightrider" et "Blinded" se caractérisent par des riffs assassins, des breaks à couper le souffle et des soli de guitare virtuoses et inventifs, souvent mis en valeur par d'habiles effets (notamment le Flanger) qui grossissent le son et compensent une production un peu cheap. Sur ce déluge de guitares emmenées par le tandem bulldozer Rockenfield / Jackson écrasant tout sur son passage, plane la voix impressionnante et invincible de Geoff. Les structures des morceaux sont déjà particulières et propres à l'inspiration débridée du génie Chris DeGarmo, ayant malheureusement aujourd'hui rangé sa guitare pour devenir pilote de ligne.

Bien plus agressifs et mystérieux qu'Iron Maiden et Judas Priest qui écrivent alors les plus jolies pages de l'Histoire du Classsic Heavy Metal, les futurs Queensrÿche, avec cette petite cassette démo fascinante enregistrée dans un sordide studio de banlieue, s'installent non pas sur le trône des souverains, mais à leurs côtés, à part, ouvrant la route à un nouveau genre que les étiqueteurs nommèrent bien plus tard "Heavy Progressif".

Un mot sur "The Lady Wore Black", première contribution lyrique de Tate à Queensrÿche, une power-ballad admirable, imparable et mystique qui capture à mon sens l'essence de ce qu'est en réalité une larme.

Cassettes en poche, gonflés à bloc, Rockenfield et ses potes passent les semaines suivantes à démarcher des labels et à distribuer la précieuse démo de The Mob, mais rien n'y fait. Les divers rendez-vous ne donnent rien; on ne les rappelle pas, ou éventuellement pour leur conseiller de changer de style. Certains doivent d'ailleurs toujours se mordre les doigts de leur surdité...

Dépités, particulièrement Geoff Tate qui ne manque pas de faire remarquer aux autres qu'il n'est pas prêt de quitter Myth, les kids déambulent un après-midi dans Seattle pour inévitablement atterrir devant le magasin de disques dans lequel ils ont l'habitude de traîner. Ils ne savent pas que les propriétaires d'Easy Street Records, Diana et Kim Harris, ont, avant d'ouvrir leur boutique, travaillé 15 ans dans l'industrie du disque. Le frère de Scott ne les a pas non plus prévenu qu'il avait, quelques jours auparavant, de son propre chef, amené à Kim Harris une des démos qui trainaient à la maison.

Le couple mélomane a percuté dès la première écoute. Ces gamins aux touffes improbables ont quelque chose de différent et de prometteur. Kim et Diana offrent donc à The Mob de les manager à une condition, remplacer leur patronyme à chier par un nom qui aura de la gueule. Pris de court, les ados, amusés, proposent Queensrÿche en référence, vous l'aurez compris, au premier titre de la démo : "Queen of the Reich". Amen.

Quand les Harris font de la promo, ils ne plaisantent pas. Retrouvant les automatismes de leur ancien job, Kim et Diana retracent leurs contacts, réactivent leurs réseaux et passent d'innombrables coups de fil : Kerrang!, tout jeune magazine anglais, publie une chronique élogieuse de la démo, aidant la cassette à faire son chemin et Geoff à enfin lâcher Myth. Le succès des ventes dans le nord ouest américain décide les Harris à passer à la phase deux : contractualiser Queensrÿche chez Harris Management, créé pour l'occasion, et créer un label (206 Records) pour presser la démo en vinyle. "Queensrÿche" se vend à 20 000 exemplaires. Les jeunes quittent tous leurs boulots. Ils le sentent, ils sont à deux doigts de toucher au but.

C'est Kim qui finalisera ce succès inévitable en retrouvant la trace d'une copine perdue de vue, Mavis Brodey, autrefois directrice des programmes de la Rock Radio KZOK à Seattle. Mavis a pris du galon et travaille maintenant au siège d'EMI America à Los Angeles. Harcelée par les Harris, Mavis finira par prendre un avion pour découvrir le groupe en première partie de Zebra, et faire signer aux cinq musiciens dans la soirée le pacte qui changera leur vie. La petite cassette de Redmond est de nouveau pressée en vinyle en 1983, cette fois estampillée EMI, et atteint quand même la 81ème place des charts américains...

La suite, vous la connaissez, une tripotée d'albums somptueux donnant dans un genre Heavy Metal racé, raffiné, inventif; un groupe légendaire qui s'est perdu en route dans les méandres de sa créativité mais devant qui tout Heavy-Metal-Kid qui se respecte doit forcément rester reconnaissant et admiratif.

21 Commentaires

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ZazPanzer - 05 Juillet 2012: Ahaha; j'aime bien ces anecdotes. Moi je me rappelle très bien du jour où j'ai dit "stop" au prog; c'était à la sortie de "Six Degres of Inner Turbulence" de Dream. Un pote s'est pointé à mon appart avec le skeud, tout content... Et quand j'ai vu qu'il y avait deux cds à s'enquiller, je lui ai dit qu'il pouvait repartir avec; et ça a été la fin de l'époque où je me forçais à réfléchir pour comprendre la structure des morceaux... On se sent libre et soulagé quand on a enfin fait ce pas en avant lol ! Et pourtant j'ai réécouté récemment quelques disques de Dream... Et ça me rechatouille ! Les mauvaises habitudes sont tenaces !
Cucrapok - 05 Juillet 2012: Ouais, chassez le naturel... dans mon cas ça a été les bands sleaze qui sont revenus au galop.. même Cinderella que j'ai téléchargé dernièrement après avoir lu les chroniques d'Adrien.. ben oui j'ai déjà eu leur 4 albums! Mais en faisant un effort pour ne pas rejeter tout le prog en bloc, c'est sur qu'il y a quand même du bon (moi j'aime bien Pink Floyd).. mais si il faut trop se forcer pour comprendre, c'est peut-être parce que c'est pas bon! Un de mes potes avait eu des billets gratuits pour la tournée de cet album de Dream.. après un bon moment, le groupe commence une pièce et le gars à côté tout excité lui dit "Oh yeah! Cette toune là elle dure 26 minutes!" Sur ce Doum s'est levé est il est rentré chez lui! lol! Hey j'ai réussi à retrouver la pièce de Queensryche que j'avais enregistrée en vidéoclip à 15 ans et qui m'avait pas accrochée! C'était Silent Lucidity! Je suis sans doute né trop tard, si je les avais connu avec le EP ça aurait pas été la même chose!
Yann.77 - 22 Juin 2014: je ne connais pas bien le groupe musicalement, jusqu'à présent je ne possédait que "Rage for order" avec qui je n'ai jamais vraiment accrocher... et là depuis quelque temps au Leclerc du coin dans un bac à CD pas cher promus "Rock Hard selection", je trouve ce petit EP à 4,99 euros... après avoir fait la razzia de ce qui m'intéressai réellement, je fini donc par le prendre, parce que finalement il me faisait de l'oeil... je viens de l'écouter et franchement... c'est pas terrible... l'effet sur la voix de Tate est agaçant et finalement on entend que ça (du moins pour ma part), donc une petite déception pour moi, mais je le réécouterais plus tard pour lui laisser une chance.
samolice - 17 Janvier 2015: Rôôô Yann 77... Effectivement, tu ferais bien de lui laisser une nouvelle chance prochainement. J'ai acheté le cd il y a quelques jours pour remplacer ma vieille cassette. Phénoménal ce EP. Et la chro est toujours aussi passionnante à lire. Surtout quand, comme moi, on a une mémoire d'éléphant et que l'on avait oublié la plupart des anecdotes que tu révèles. Thanks Zaz
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Commentaire @ Saintrow

10 Juillet 2008
Au démarrage du CD dans la platine, un son de cymbales (de plus en plus fort) apparait, suivi par des grosses caisses de batterie terriblement lourdes et sèches, puis par des riffs de guitares sauvages et infernales…

Il surgit alors un cri de prédateur qui, dès que l'ont entend les premières notes de chant, font tout de suite comprendre que le maitre "c'est lui" - dans ce monde cruel et sans pitié.

Dès la première écoute, une pulsion incontrôlable nous pousse à monter le volume de plus en plus fort et on est tout de suite déconnecté du réel, pour plonger dans d'autres mondes (emplis de chaos et de conflits en tout genre).

Rares sont les morceaux de musique qui nous procurent des émotions aussi intenses et incontrôlables que le premier titre de ce premier mini album : "Queen of the Reich"… et ce titre est intemporel. Les quatre autres titres de ce tout premier mini-album de Queensrÿche sont moins intenses mais il reste leur tout meilleur disque. C est de l'art.

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ZazPanzer - 05 Mai 2010: Tu as raison sauf sur un point : ce n'est pas le cd qu'il faut écouter, mais le vynile ! :-)
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