Réponse de la Côte Est des Etas-Unis avec
Anthrax,
Nuclear Assault ou
Overkill à l'armada qui ravage la Californie,
Whiplash se forme au début des années 80 dans le New Jersey, sous l'impulsion de Tony Portaro et Tony Scaglione. Jouant encore chacun de leur côté, Tony Portaro chez
Toxin et Tony Scaglione chez Jackhammer, des groupes locaux, les deux hommes décident fin 83 de créer un nouveau groupe, bouclant le fameux line up des "trois Tony" de
Whiplash avec l'arrivée de Tony Bono (rip) en 1984. Les américains se font remarquer par Roadrunner après trois démos et signe un deal avec le label dès 1984, apparaissant dans la foulée sur la compilation
Speed Metal Hell en 1985, aux côtés entre autres des thrashers d'
Artillery et d'
At War, partageant même à cette époque la scène avec
Possessed.
Pratiquant un speed/thrash sous influence principalement californienne, notamment de Show No
Mercy et
Kill'Em All (
Slayer,
Metallica),
Whiplash accouche en 1985 de son premier album,
Power and Pain, au cachet new yorkais néanmoins assez prononcé, en atteste la présence d'invités comme Rob Kabula d'
Agnostic Front en backing vocals, témoignant au passage de la perméabilité des scènes thrash et hardcore à cette période. La production étant de plus confiée à Norman Dunn, connu pour s'être fait la main sur le fameux label punk ROIR (Reachout International Records) avant de travailler avec Jon Zazula sur les albums d'
Anthrax ou
Raven. Sans parler de l'illustration de l'inusable Sean Taggart. Le gros "A" anarchiste présent sur le livret et sur les clichés du groupe mettant d'ailleurs tout de suite dans l'ambiance.
Mais malgré son apparente décontraction,
Whiplash n'est pas là que pour plaisanter et dès le premier morceau, au titre très explicite, Stage
Dive, le groupe expédie un thrash acéré sur des riffs hallucinant de rapidité de Tony Portaro. Tony Scaglione lâchant en parallèle des rythmiques fluides sur des constructions restant tout de même relativement sommaires, présentant des schémas assez conventionnels, mais entrecoupés des soli bien exécutés de Portaro, à l'image de
Power Thrashing Death au guttural final effrayant ou de l'intro tonitruante de
Nailed To The
Cross aux influences californiennes affirmées.
Se détachant au fond assez difficilement des premiers albums de
Metallica ou
Slayer,
Power and Pain possède en revanche un grain très particulièr avec ses lignes de guitares tantôt effilées tantôt graves, comme par exemple sur Stirring The
Cauldron, juxtaposant passages mélodiques et plans lourds sur lesquels viennent s'ajouter des roulements de double grosse caisse destructeurs, tout comme
War Monger avec ses leads vicieux et ce riffing toujours aussi véloce. De même, la voix écorchée de Portaro se fond idéalement dans cet ensemble de notes rugueuses, alternant variations éraillées et rauques, qui sans être évidemment déjà assimilable à des vocaux death metal, préfigure sensiblement une évolution du chant avec un timbre parfois guttural, simultanément à Max Cavalera sur
Bestial Devastation (
Sepultura) ou Jeff Beccera sur
Seven Churches (
Possessed).
Doté d'un son aiguisé des studios Systems II de Brooklyn (
Carnivore,
Crumbsuckers, AF), mais manquant tout de même d'une certaine pêche, et finalement assez inadéquat avec le style brutal proposé par la formation, en dépit de guitares particulièrement incisives,
Whiplash ne parvient logiquement pas à s'imposer avec
Power and Pain en cette année 1985, riche en sorties thrash metal us avec
Hell Awaits,
Seven Churches, Spreading The
Disease ou encore
Bonded By Blood (
Slayer,
Possessed,
Anthrax et
Exodus) et fait d'emblée office d'éternel second couteau, malgré un premier disque convaincant.
Merci pour la chronique Ghoule.
Cela fait un moment que je veux acqurir cet album mais j'essaie de le trouver pas trop cher et c'est pas évident.
Et cela grâce à des titres assez courts composés de parties de guitares complètement folles (et originales), dont seul Tony Portaro a (avait) le secret, auxquels s'ajoutent les vocaux rugueux de ce même Tony, le tout soutenu par l'intense section rythmique du bassiste Tony Bono et du batteur Tony Scaglione (c'est bizarre ils se prénomment tous Tony dans le groupe !).
D'ailleurs en 1986 lorsque Dave Lombardo quitta Slayer, les membres de ce groupe engagèrent Tony Scaglione pour le remplacer, avant de le virer en 1987...au retour de Dave !
C'est ce qu'on appelle une fin de mission.
Question existentielle que je me pose depuis quelques semaines : le titre « Power thrashing death » est-il une réponse au « Metal thrashing mad » de Anthrax paru quelques mois plus tôt ?
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire