Par le passé, Tobias Forge, la tête pensante du groupe, avait déjà démontré sa capacité à transformer les chansons d’autres artistes en quelque chose de nouveau et de captivant.
En effet, ce n'est pas la première fois que l’intéressé publie une collection de reprises, puisqu’il y a quelques années, deux autres EP ("
If You Have Ghost" et "
Popestar") avaient vu le jour avec des reprises de grands noms tels que Abba, Roky Erickson, Depeche Mode, Eurythmics,
Metallica, Army Of Lovers, Pet Shop Boys etc.
Avec ce nouveau-né,
Ghost continue donc de repousser les limites de son propre style, en transcendant, non sans humour, des influences plutôt inattendues, tout en poursuivant cette tradition de sorties d’EP après un album établie depuis que le combo satanique existe.
Qui plus est, il convient de souligner que couvrir des classiques n'est jamais une tâche aisée car il faut respecter suffisamment les chansons originales pour ne pas trop les modifier, voire les massacrer totalement. Il faut dire que généralement, les auditeurs veulent que la propre identité du groupe se retrouve sur ces versions, en veillant à ce que les titres originaux soient tout de même reconnaissables. Il est donc obligatoire de vraiment trouver l'équilibre parfait, et fort heureusement, notre Pape préféré et ses ouailles anonymes sont passés maîtres dans cet exercice depuis bien longtemps.
Ainsi, "Jesus He Knows Me", sorti à l’origine par Genesis, est le premier single de ce disque. Il s’agit-là d’un titre rapide, où la batterie frappe fort et autour duquel le refrain envoûtant ne quittera plus votre tête. Cette plage plus que reconnue est en quelque sorte une critique des télévangélistes qui profitent de leur public dévoué en utilisant leur argent pour leurs propres intérêts.
Le deuxième single, "Phantom of the Opera", contrairement à la version classique de Iron Maiden, est racontée en tenant compte du point de vue du règlement du clergé et du mysticisme du groupe. La chanson elle-même est très perverse, sinistre, voire presque diabolique bien que très moderne, rendant de facto l'épine dorsale de la chanson très lourde tout en améliorant les parties vocales de presque toutes les manières, donnant parfois l'impression d'être envoyé directement dans en pleine Europe médiévale.
A l’évidence, grâce à ce léger changement dans les paroles, les fans de
Ghost peuvent spéculer sur le sort à venir du leader actuel. Pour la petite histoire et pour ceux découvrant ce groupe, il est de tradition que le leader du combo satanique soit "tué" et remplacé lors de chaque cycle d’album. En toute logique, avec un Papa
Emeritus IV en place depuis un bon moment, et avec ce que les paroles de la chanson impliquent (ainsi que d'autres signes évidents repérés lors de l'album précédent), cela signifie que son temps est plus que certainement compté, et par conséquent, "See No
Evil" fait d’autant plus allusion à cette éventuelle disparition. Dans le contexte de
Ghost, cela viendrait à deviner que bien que le quatrième du nom connaisse le sort de ses prédécesseurs, il se refuse obstinément de voir le mal planifié contre lui et le complot qui vise à l’éliminer. De plus, contrairement aux deux dernières chansons citées précédemment, celle-ci fait un usage plus intensif de la batterie pour contrôler le rythme tout en étant affublée d’un un solo de guitare des plus mémorables.
Dès lors, force est de constater que malgré qu’il s’agit là d’un disque de reprises,
Ghost arrive tout de même à poursuivre son histoire à travers ces titres. Il est donc évident qu’ils ne sortent pas un disque uniquement pour se faire de l’argent puisqu’il y a bel et bien un gros travail de recherche derrière.
Aussi, pour étayer ces écrits, prenez "Hanging Around" avec son accompagnement massif et inhabituel à l'orgue. Même si elle est une chanson joyeuse où, une fois de plus, la guitare brille et où la voix de Forge est pleine de passion et d'émotion, le sens des paroles couplé à l’univers de
Ghost la fait ressentir d’une manière beaucoup plus sombre puisqu’encore une fois, elle augure un destin tragique possible au quatrième Saint Père démoniaque.
Enfin, l’épilogue de «
Phantomime » est représenté par le titanesque tube "We Don't
Need Another Hero" de Tina Turner, plus connu des quadragénaires que des plus jeunes, notamment grâce au film «
Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre ».
De nouveau, entre les mains de Tobias, cette chanson pop des années quatre-vingts se transforme en un véritable hymne Rock de stade, où, par rapport à la version originale, l'orgue prend plus de place, là où le refrain s'accompagne d'une telle emphase que même les fidèles du clergé, à l’instar de leur leader, devraient craindre pour leur vie.
Conclusion, cet EP est dans la lignée des efforts passés, et malgré l’absence de nouvelles chansons, le groupe séduit en poursuivant l’aventure de la plus belle des manières. Clairement, ces reprises sonnent bien, sont prêtes pour les performances
Live et raviront les fans jusqu'au début de la prochaine phase avec ou sans le quatrième du nom.
C’est certain, cinq morceaux c'est peut-être un poil court, mais l’essentiel à retenir c’est qu’il ne s’agit pas seulement de simples reprises pures et dures car il y a tout un travail original de
Ghost pour desservir son sacerdoce afin de faire durer le suspense dans l’attente du prochain cycle. Bref, «
Phantomime » reste prenant malgré sa durée courte et vous en tirerez très certainement un plaisir d'écoute.
En définitive, nous avons-là un très bon disque non seulement pour les fans de
Ghost (et les artistes originaux), mais également pour tous ceux qui aiment le Heavy Rock bien ficelé. Il est évident qu’après le succès de «
Impera », cet opus semble être un moyen très adéquat de maintenir l'intérêt pour la musique et l’histoire du groupe. De plus, il semble désormais évident que nous avons entre les mains le dernier opus de ce Pape avec le plus long règne de toute l’histoire du groupe (en comptant la période
Cardinal), marquant ainsi la fin et le début d’une aube nouvelle !
Merci beaucoup pour vos retours!
J'ai le même ressenti que toi Eric, les reprises de Genesis et de la regrettée Tina Turner sont celles que je préfère! (J'ai appris son décès après la publication de cette chronique. Une très grande dame nous quitte).
J'ai également un petit faible pour "Hanging Around" qui est vraiment bien fichue! Bref, une belle surprise cet EP, j'ai hâte de voir la suite!
Vu en concert au Zénith de Lille hier, ce n'est pas forcément la performance qui m'a le plus convaincu avec un mixage/production assez étrange pour un groupe d'une telle envergure (des vocaux très en retraits et des guitares un peu trop prépondérantes). En revanche, je reste bluffé par la mise en scène absolument splendide, par une communion avec le public exceptionnelle ainsi que par le rappel du public qui a valu trois titres supplémentaires.
En ce qui concerne cet album de reprises, j'en suis excessivement fan avec comme vous une préférence sur le titre de Genesis et de la regrettée Tina Turner. J'espère que l'on aura le droit à d'autres EP voire albums avec diverses reprises de cet acabit !
@Groaw : Pour ma part ce sera au Rockhal du Luxembourg le 12 juin! Par contre, c'est assez étonnant ce que tu as vécu au niveau mixage/prod! Les ayant vu 4 fois, je n'ai jamais eu droit à ce genre de ressenti! J'espère que la qualité ne vas baisser!
La mise en scène par contre, comme toi je suis subjugué à chaque fois! D'ailleurs, ce groupe fait partie de mon top 3 en concert, et pourtant j'en ai vu beaucoup, mais eux c'est indéniablement des bêtes de scènes!
J'espere aussi d'autres EP de ce genre, et je pense qu'il y en aura encore!
Hanging Around est sacrément catchy.
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