Ghost est certainement un des (récents) groupes divisant le plus la communauté metal aujourd'hui. Pourtant auteurs de deux sorties tout à fait respectables, ceux-ci n'ont toujours pas convaincu leur monde. En effet, officiant dans un Heavy-Pop-Rock-
Doom-
Metal-Psychédélique, Papa Emeritus et ses acolytes goules sont décrits soit comme groupe "mainstream" ne méritant leur succès que par un effet de mode plus que par talent musical, soit vus comme de véritables génies et adulés au plus au point. Bon, je me dois également de citer une dernière catégorie : ceux qui s'en tamponnent allègrement les castagnes et qui écoutent parce que c'est (très) bien ou alors qui n'écoutent pas parce que ce n'est pas (très) bien.
En tout état de fait,
Ghost est une formation à ne pas prendre à la légère : ce groupe vise en effet à faciliter la prise de pouvoir de l'antéchrist sur notre monde. Inquiétant. Le premier album,
Opus Eponymous parlait ainsi de l'arrivée de celui-ci et le second
Infestissumam, de la présence de ce même Antéchrist au sein de notre belle société.
Meliora quant à lui, traite de l'absence de Dieu. Tout est ainsi organisé, paramétré jusque dans les moindres détails faisant donc de
Ghost un groupe "concept" qui, on peut se le demander, a déjà tout prévu...
Ghost se dépeignant comme un groupe de "rock théâtral qu'il faut voir sur scène pour en apprécier tout le travail". Et pour cela, le sextet n'hésite pas à employer les grands moyens, entre costumes de scènes ultra-élaborés (maquillages, masques, tenue papale fantomatique...) et textes à la gloire de satan.
La sortie de
Meliora apporte toutefois un nouvel aspect visuel au groupe, hormis le changement de leader dû à la transmission de pouvoir entre Papa Emritus II et son confrère Papa Emeritus III, celui-ci se voyant gratifier d'un maquillage plus simpliste, mais gardant le même costume. Les goules aussi sont présentées autrement et disposent d'un masque tout bonnement démoniaque et d'une tenue plus appropriée à la scène...Fini les grandes robes d'un noire profond, bienvenu à l'ère des chemises noires et des jeans noirs, entretenant l'image maléfique.
Et la modernité qui s'applique aux nouvelles tenues des musiciens de
Ghost se retrouve dans la musique du combo. Ainsi, on retrouve une utilisation de nouveaux sons rappelant par exemple la science-fiction ("
Spirit"), car il faut bien comprendre que
Ghost nous transportait jusqu'alors dans des époques où l'Eglise était des plus puissante. Cet album dévoile de plus de nombreuses facettes encore inconnues, ou du moins encore peu explorées par le groupe. On retrouve ainsi la première "vraie" ballade du combo "
He Is", sous la forme de guitares sèches et d'un Papa Emeritus à la voix chaude et douce avant qu'un petit solo nostalgique ne vienne sublimer l'ambiance. Composition pop style années 80 aux grands airs de Pink Floyd, "
He Is" est indéniablement une des plus grandes réussite du combo à l'heure actuelle.
Toutefois,
Ghost ne fait pas que dans le soporifique et nous propose ainsi des titres plus thrashy ("Mummy
Dust"), qui peut toutefois se rapprocher d'un certain "
Secular Haze" par l'utilisation d'une voix malsaine et saturée, ou plus progressifs au rythme sautillant ("Deus In
Absentia"). L'une des grandes réussites de l'album est néanmoins l'apport d'une certaine richesse de son avec l'utilisation fréquente de guitares sèches qui servent d'intro à "
Cirice" par exemple, et d'un véritable piano nous livrant des envolées tout simplement remarquables ou nous apportant une touche plus inquiétante ("Deus In
Absentia", "Abslolution").
Pour autant
Ghost n'a pas renié ce qui faisait son identité musicale, n'en déplaise aux détracteurs. On retrouve ainsi ce qui faisait le savoir-faire du groupe sur les deux précédent opus, à savoir des riffs saccadés et catchy, "
Spirit" est ainsi dans la droite lignée des "Con Clavi Con
Dio" et "Per Aspera Ad
Inferi", mais également des refrains hymniques à couper le souffle ("
Absolution", "From The Pinncacle To The Pit", "
Cirice"...). Comme à son habitude, la batterie se montre simple et efficace, imposant tantôt une frappe lourde et profonde à grands renforts de toms, ou usant de ses cymbales pas plus que nécessaire. Celle-ci est toutefois plus "technique" que sur les deux précédentes offrandes du combo, et apporte une variété rythmique bienvenue en évitant de nous faire tomber dans une certaine léthargie comme cela arrivait parfois jusqu'alors. Le chant reste également le même, sans réelles prises de risques dans un style pop-rock. Mais les références à
Black Sabbath ("
Cirice", ou notamment "Death
Knell" sur le précédent effort) nous ramènent à la tendre époque de "Paranoïd", et le riff d'intro de "
Majesty" pourrait presque se retrouver sur "Back In Black" (AC/DC). Mais plus que tout, la grandiloquente référence à l'Eglise est toujours au cœur de la musique de
Ghost avec la présence d'orgue et de chœurs disséminés un peu partout dans l'album. Enfin, la production signé Klas Åhlund, ayant notamment travaillé pour Britney Spears ou encore Katy Perry et le mixage signé Andy Wallace qui s'est occupé de
Slayer,
Alice Cooper,
Nirvana,
Faith No More,
Rage Against the
Machine,
Linkin Park, Foo Fighters ou encore
Avenged Sevenfold et
Airbourne, ne pouvait être qu'impeccable. Et c'est le cas. L'audibilité de chaque instrument est totale et rend le contenu global de l'album d'une grande homogénéité, ceux-ci se démarquant et se complétant à la fois en une parfaite endosymbiose. Chapeau de ce côté-là. L'exemple le plus remarquable est d'ailleurs la puissance incroyable que nous réserve ce magnifique final d'album. Mais chut, je vous laisse le découvrir par vous-même (si cela n'est pas déjà fait)...
Épique, Grandiloquent, Heavy, Prog, Subtil et bourré d'hymnes, cet album possède aussi de nombreux clin d'oeil l'inscrivant dans la continuité des albums précédents. En effet, "Deus In
Absentia" qui clôt l'album, débute ainsi sous un TIC-TAC entêtant d’horloge...Les choeurs officiant tout le long de l'album sont également les mêmes que l'on peut retrouver sur "
Year Zero" et "Monstrance Clock".
Ghost sait également rester humble sous couvert de cet album. Le titre
Meliora pourrait en effet porter à confusion mais néanmoins, celui-ci long d'une petite quarantaine de minutes et fort de dix titres dont deux instrumentaux d'une petite minute chacun, ne nous livre que le juste nécessaire sans fioriture ni remplissage.
Enfin, pour ceux qui refusent encore et toujours malgré cette ode et cette éloge d'écouter 41 minutes de
Ghost sous peine de voir leurs tympans ensanglantés, feraient tout de même bien de jeter un œil à "
Majesty", condensé du
Ghost version
Opus Eponymous -
Infestissumam, et "
Absolution", condensé de tout ce que
Ghost nous propose de nouveau dans ce
Meliora.
Sur-ce, je m'en retourne donner mon âme au Diable.
Merci pour ta chronique même si je n'en partage pas tous les éléments, je dois bien avouer que Ghost a un talent certain pour la mélodie et les arrangements. Alors certes, Ghost est commercial, pond des refrains épiques et des tubes en puissance, mais bon, faut-il forcément qu'un album de metal (ou plutôt heavy ici) reste dans la confidentialité ? Quand on prend Heaven and Hell de BS, on tape bien dans la machine à tubes, ce qui n'enlève rien à l'excellence de l'album.
J'avoue être vraiment irrité par le débat concernant Ghost, si on peut leur reprocher leur imagerie très kitch, je ne comprends pas les attaques sur leur musique. Le débat du décalage entre l'imagerie et la musique est d'une connerie sans fond et démontre que la communauté metal a encore bien des efforts à faire avant de s'autoproclamer "ouverte d'esprit".
En tous cas, à deux titres près, super album.
Je trouve que ce groupe apporte une vraie richesse, une véritable personnalité, même si il ratisse large pour attirer du public : il plait aussi beaucoup à des non métalleux à la base, qui peuvent alors découvrir notre fantastique univers musical. Meliora m'apparaît effectivement comme leur meilleur opus, en tout cas il n'y a pas de morceau moyen.
Leurs concerts valent le détour sauf au Stade de France en lever de rideau de Metallica ou le côté théâtral ne ressortait pas du tout - tout l'inverse du concert de nuit au Hellfest 2016
c'est un groupe à connaître en tout cas
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