Attention, là, je m’attaque à un titan. Mais un vrai de vrai. Un monstre viscéral qui te bouffe les tripes et fout tes intestins au congélo pour l’hiver, on ne sait jamais. Car, oui monsieur, on peut être monstre et être prévoyant.
Trêve de plaisanteries, car
Anaal Nathrakh ne plaisante pas. Il n’a jamais plaisanté d’ailleurs.
À l’intro, j’ai d’abord cru que j’allais me taper un énième disque de Black raw avec une prod’ de merde et des clichés assortis. Je me trompais. Putain, qu’est-ce que je me trompais, et quelle honte de connaître si mal le groupe!
Dès Violenti Non Infuria, tout est dit. Une brutalité sans précédent, et pourtant, il y a cette accessibilité redoutable, ouverte par un chant clair des plus grands crus qu’affectionne tant le groupe. Des mots-clé pour décrire l’album risquent d’être plus appropriés que des phrases-fleuve.
Oui ? Allez. Mais c’est bien parce que c’est vous. Disons… Brutalité, Mélancolie, Haine, Misanthropie,
Agonie, Headbang, Vocaux Déchirés, Guests de malade,
Traumatisme, Violence, et CDI (
Coma à Durée Indéterminée).
Déjà, ça, ça doit être assez explicite. Et comme si ça ne suffisait pas, le skeud n’est pas fini qu’on a envie de le mettre sur Replay. Peut-être parce qu’on a jamais entendu ça. Car
Anaal Nathrakh est le seul groupe au monde à jouer du
Anaal Nathrakh. Merveilleux compliment me direz-vous, mais il n’est pas volé. Le mélange entre le sacrifice de 243 vierges et de chansons qu’on voudrait reprendre en cœur sans en connaître les paroles, voilà ce que propose
Passion.
Il me semble avoir tapé le mot « accessible » tout à l’heure. Je reconnais que sur ce point là vous méritez des explications. Non pas que ce skeud soit le prochain Calogero, ce sont simplement les riffs de Mick Kenney et le chant clair de V.I.T.R.I.O.L (qui excelle toujours autant, si ce n’est plus, dans les vocalises extrêmes) qui vous prennent aux tripes sans crier gare dès la première écoute, ce qui rend le disque absolument frais. Frais mais sans répit. Quand on prend un malin plaisir à mélanger les genres les plus extrêmes qui soient (Black, Grind, Hardcore, touches de Transe), on ne taille pas des strings sur-mesure et avec (par exemple) Locus of
Damnation, çavatrèstrèsvite. Maisalorstrèstrèstrèsvite. Le hurleur nous crache sa haine de l’humanité à travers d’incompréhensibles paroles. Et puis…
FREE THE BLOOD!
Bordel, pourquoi j’y ai pas pensé plus tôt! Cette phrase, sortant de la bouche d’Alan Dubin (
Khanate), un des invités de l’album avec l’ex-
Bethlehem Rainer Landfermann (à qui on doit un featuring de dingue sur la sixième plage) et Morie de
Gnaw Their Tongues ; cette phrase, donc, représente parfaitement l’album et surtout le titre dont elle provient, à savoir
Ashes Screaming
Silence. Ouais. Tout au long de l’album, le sang coule à flot, et tant pis pour les âmes sensibles.
Pour ceux qui veulent la sacro-sainte comparaison avec l’album précédent, le contenu de l’album se rapproche beaucoup du titre
More Fire Than
Blood, et ce n’est pas pour nous déplaire, même s’il est indéniable que le groupe a évolué. Il s’est tourné vers quelque chose de moins extrême, peut-être, plus mélodique et émotionnel. Même en restant dans une brutalité jubilatoire, Drug Fucking Abomination est d’une tristesse infinie, tout comme
Paragon Pariah, qui nous transporte dans un endroit désert, en ruines, apocalyptique, où seule la folie du refrain est réelle, plus rien d’autre n’a de sens. Et c’est avec cette impression que l’album nous laisse. L’impression d’être ravagé quelque part entre rage et désespoir.
Passion est un album excellent du début à la fin, qui marque un tournant, bien qu’imperceptible, relativement important pour les Anglais, qui proposent une musique plus accrocheuse, quitte à perdre un peu de monstruosité au passage, mais Diable que c’est bon !
Ce n’est pas un disque que je recommande à tel ou tel fan de tel ou tel groupe. C’est un disque que je recommande, point barre. Une haie d’honneur pour
Anaal Nathrakh, s’il vous plaît, parce que, putain, ils la méritent.
TheDeath.
Tu peux te jeter sans problème sur les autres albums (notamment Eschaton pour lequel j'ai un petit faible), tout est très bon!
Pour ce qui est de leur disco, je compte bien me procurer le maximum ; ça faisait longtemps qu'un groupe ne m'avait pas fait cet effet depuis Napalm Death et ...And Oceans (Havoc Unit).
J'ai lu quelque part sur la toile que certains pensaient encore que Anaal Nathrakh avait quelque chose à voir avec le trou de balle, surtout depuis que le groupe est référencé Grind (avec toutes les extensions appropriées). Je pense n'apprendre à personne ici qu'Anaal Nathrakh est le début d'une formule prononcée par Merlin dans le film Excalibur de Boorman et qui signifie "le souffle du serpent (dragon ?)...". Merlin qui, par ailleurs dans le film, met en garde l'humanité sur son devenir au moment où la Magie quitte le monde pour le laisser aux Hommes.
Quel groupe! Quelle discographie!
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