Vanitas

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17/20
Nom du groupe Anaal Nathrakh
Nom de l'album Vanitas
Type Album
Date de parution 15 Octobre 2012
Style MusicalGrindcore
Membres possèdant cet album128

Tracklist

1. The Blood-Dimmed Tide 03:20
2. Forging Towards the Sunset 03:46
3. To Spite the Face 04:03
4. Todos Somos Humanos 04:14
5. In Coelo Quies, Tout Finis Ici Bas 04:32
6. You Can't Save Me, So Stop Fucking Trying 03:02
7. Make Glorious the Embrace of Saturn 02:42
8. Feeding the Beast 04:59
9. Of Fire, and Fucking Pigs 03:01
10. A Metaphor for the Dead 04:19
Total playing time 38:04

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Anaal Nathrakh


Chronique @ Eternalis

06 Octobre 2012

"Vanitas" est un manifeste de haine et de violence comme on en voit peu.

« La Vanité est la Passion dominante de l’Homme »
Henry de Montherlant

La douce caresse d’une louange ne fait pas qu’exécrer la vanité de l’homme, elle anime également les Passions les plus dévastatrices et égocentriques des hommes commanditaires de notre société actuelle.
Là où l’enfer est la somme de la haine et de la crasse existentielle de notre époque, la vanité est le vernis apocalyptique enfonçant chaque jour un peu plus notre monde dans l’enfer réaliste et kafkaïen que les plus misanthropes d’entre nous dépeignent.

Anaal Nathrakh, depuis sa naissance, n’aura eu de cesse de présenter cette apocalypse imminente, cet enfer terrestre et démoniaque personnel. Sa productivité intensive ("Passion", l’opus précédent, n’a que dix-sept mois) n’est en aucun cas un frein à la haine expiatoire qui émane de chacune des créations terrifiantes du duo britannique, figurant aujourd’hui au rang des formations brutales et sans concession les plus reconnues et respectées. Il est également un animal contradictoire, dont on attend presque jamais quelconque innovation, qui n’en propose d’ailleurs pas fondamentalement, mais qui ne lasse jamais, crachant son venin avec une véhémence et une sincérité tellement pure et inhumaine que la question de l’originalité ne se pose jamais.

V.I.T.R.I.O.L et Mick Kenney ont en effet trouvé une alchimie unique avec "Eschaton", qu’ils ne cessent de faire murir et évoluer au fil des albums, la torturant et la triturant sous de multiples angles pour en faire ressortir le chaos ultime à chaque nouvelle création. Si une forme de plénitude avait été atteinte avec le cauchemardesque "In the Constellation of the Black Widow", "Passion" et "Hell is Empty, All the Devils are Here" n’en restaient pas moins des manifestes intenses et effroyables de brutalité sous la forme d’un black metal teinté de grind ne ressemblant à personne d’autres. Cette faculté à poser des chants clairs possédés et déshumanisés, à maitriser ce chant criard et littéralement ahurissant de schizophrénie et surtout cette technique d’exécution toujours aussi impressionnante ont fait d’Anaal Nathrakh une entité à la personnalité incontestablement unique.

"Vanitas", de prime abord, ne change pas la donne. On peut y voir un léger retour à une brutalité moins soutenue sur "Passion", des refrains peut-être moins marqués mais toujours cette volonté de proposer, de part et d’autre, des éléments nouveaux, parfois électroniques et malsains, ou des intonations vocales inédites. Toujours aussi halluciné et inhumain, V.I.T.R.I.O.L livre une prestation une fois de plus proche de la perfection, à la sincérité frisant la peur ultime tant sa domination parvient à déstabiliser l’auditeur, le plaçant face à sa propre haine de l’autre.
Il faudra noter les quelques titres en langue étrangère, qu’il s’agisse de latin, d’espagnol ou de français, pour offrir une coloration intéressante à certains fragments de ces âmes damnés. "In Coelo Quies. Tout Finis ici Bas" se rapproche par exemple d’un "More of Fire Than Blood" dans les riff, avec un chant très typé black et un refrain en clair qui, sans surprendre, intercepte immédiatement l’attention dans son placement très intelligent, dans sa superposition avec l’agression ultime du blast beat lui servant de support et surtout dans la violence musicale découlant de ce passage permettant paradoxalement de souffler, d’aérer la musique…comme si l’infime espoir n’était finalement réduit qu’à une utopie éphémère. La performance vocale est d’une domination sans pareille, écrasant l’auditeur de façon autoritaire et tranchante.

Brutaux à outrance mais prenant des relents de hits, des titres comme celui-ci contrebalancent avec des morceaux plus novateurs, comme "You Can't Save Me, So Stop Fucking Trying" qui délivre une atmosphère lourde et suffocante, bien plus crade et malsaine que ce à quoi les anglais nous avaient habitué récemment. Certaines intronisations plus électroniques rendent le tout encore plus aliénant et violent, proche de la rupture totale. On retrouve des sonorités similaires sur "Make Glorious the Embrace of Saturn" et ses beats intenses rendant la musique plus saccadée et hypnotique. Inutile de préciser que la production, toujours aussi effrayante de puissance et de précision, est un parfait levier pour véhiculer toute la densité du spectre sonore d’Anaal Nathrakh.

Plus ambiante et oppressante, "Pulvis et Umbra Sumus" retrouve la folie maladive et aliénante des opus plus anciens, avec un aspect litanique d’une prière au démon, au mal absolu et à la terreur. Les riffs tissent la toile d’une vision de cauchemar et de désespoir, ne relâchant à aucun moment la pression et la gorge, serrant de plus en plus fort jusqu’à provoquer l’étouffement. A noté également le très technique "Of Fire, and Fucking Pigs", parfois à la limite du noise, dans sa rapidité jusqu’au-boutiste.

Anaal Nathrakh est actuellement l’une des rares créatures du black metal à pouvoir se permettre le luxe de ne pas foncièrement se renouveler pour provoquer l’addiction de sa machine de guerre. Possédant une personnalité propre, livrant des opus se ressemblant dans la forme même s’ils proposent chacun des distinctions, même minimes, les anglais ne révolutionnent une fois de plus en rien leur art, mais le maitrisent avec une telle force, un tel talent qu’une fois de plus, "Vanitas" est un manifeste de haine et de violence comme on en voit peu. Jusqu’où pourront-ils continuer dans cette voie ? Difficile de le savoir…"A Metaphor for the Dead", le dernier titre, propose une orientation très mélodique et surprenante, lancinante et relativement éloignée de leur esprit originel, comme une plongée dans un monde ne perpétuant plus les ténèbres, mais s’en induisant pour en faire ressortir une poésie sombre et, de manière étonnante, presque belle. Jamais une ligne mélodique n’avait été aussi nette et marquée chez le groupe, peut-être s’agit-il ici de pistes données quant à l’avenir musical du duo. Toujours est-il que, dès maintenant, "Vanitas" est un album fidèle à lui-même, sans failles ni pièces faibles. Une constante frisant presque l’indécence chez les britanniques qui, jusqu’à maintenant, n’ont encore jamais réalisé un seul faux pas…

40 Commentaires

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HelMist - 16 Novembre 2012: @Jocemix
J'ai bien dit "plus" sage et non "sage". Il me semble y avoir de la retenue au debut de Hell is Empty... Pas comme les précédants ou suivants albums (excepté un Passion qui m'a sacrément deçu)
jocemcmxcix - 17 Novembre 2012: J'ai davantage ressenti ça comme une montée en puissance partant de déjà puissant que de "trop sage"; mais bon,ton ressenti, ou le mien, ça ne se discute pas !

Quant à Passion, je lui trouve aussi un petit côté "pilotage automatique", loin de la folie psycho/chaotique de "When Fire Rains Down From The Sky, Humanity Will Reap As It Has Sown", en l'appréciant tout de même !

Mais là, avec Vanitas, le retour de sensations presque physiques (je pense qu'on est nombreux à ressentir ça aussi dans nos tripes avec ce groupe !)...quel plaisir !
HelMist - 21 Novembre 2012: Ah oK. Je crois que l'on parle bien de la même chose. Seulement, cette montée en puissance me parait un poil trop longue. Le premier morceau est bien mais je ne ressens pas cette décharge apocalyptique.
En ce sens, comme beaucoup, ce Vanitas est vibrant. Alors Heil Anaal Nathrakh, on vous attend à Paris!
NICOS - 15 Fevrier 2013: INCROYABLE!!!!!
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