Il est très gratifiant pour une formation d’avoir la chance et le talent de pouvoir publier, durant sa carrière, un opus dit « référentiel ».
Origin en fait partie, grâce au pavé monstrueux que représente «
Antithesis ». La tâche se révèle encore plus ardue lorsqu’il s’agit d’y proposer un successeur, et
Origin, bien qu’en évitant la « plantade », proposait un «
Entity », certes de bonne qualité mais qui n’atteignait pas les sommets de «
Antithesis », de par ses cassures rythmiques plus marquées et d’une durée globale plus courte.
Trois années se sont écoulées (intervalle règlementaire chez
Origin) avant que les américains ne décident de remettre le couvert. «
Omnipresent », qui succède donc à «
Entity », est doté d’un artwork sublime signé Colin Marks (Nevermore,
Kataklysm,
Exodus), qui avait déjà illustré «
Entity ». De multiples interprétations sont possibles, la mienne serait que l’anneau représente toutes les espèces que l’univers ait pu enfanter et anéantir, l’homme, au centre, en fait partie. Malgré son arrogance et sa soi-disant supériorité, notre race ne représente rien face à l’immensité sans fin du cosmos, et notre fin est inéluctable.
L’opus est une nouvelle fois produit au Chapman Studio par Robert Rebeck et masterisé par Colin Martson. Suite au départ de Mica Meneke, le groupe avait embauché
Jason Keyser (ex-
Skinless) en tant que frontman sur la tournée qui avait suivi la sortie de «
Entity », avant de lui confier un contrat à durée indéterminé à l’issu de celle-ci, faisant de lui le hurleur officiel de
Origin.
«
Omnipresent », tout comme «
Entity », démarre en trombe avec « All things dead », sans aucune note introductive et sans même que les présentations ne soient faites. La patte
Origin est immédiatement identifiable, les « blasts beat » sont « omniprésents » et le growl de
Jason Keyser est très convaincant, le bougre utilisant également des vocaux écorchées vifs. Ce morceau est doté d’un gros break, soutenu d’une double pédale rapide qui renforce l’impact de l’accélération finale. Comme à son habitude,
Origin n’est pas là pour enfiler des perles et, l’arrivé de «
Thrall : fulcrum : apex » sonne comme un énorme uppercut en pleine face, pas loin de laisser votre serviteur K.O. Cette composition, dont le départ est ultra violent, est soutenu par un débit vocal très rapide, une des spécificités de «
Antithesis », avant qu’une cassure rythmique ne vienne « calmer » le jeu, mais également, encore une fois, appuyer la force de la reprise d’un rythme frénétique, initié en début de morceau, dont le but est de laisser des traces indélébiles.
Ces deux morceaux sont loin d’être orphelins, puisque tous les titres de «
Omnipresent » sont dotés de break, qu’ils soient massifs et très puissants comme sur « The absurdity of what I » ou « Unattainable zero » et « All things dead », ou saccadés sur «
Thrall : fulcrum : apex » et «
Malthusian collapse ». Ces ralentissements rythmiques ont pour but de donner de la variété à «
Omnipresent », et ils mettent en exergue la violence des accélérations comme sur «
Retribution of filth », « Source of icon O », « All things dead » ou encore «
Thrall : fulcrum : apex, « The indiscriminate » et «
Malthusian collapse ». Même si
Origin tient l’auditeur à la gorge, il sait lui donner des respirations salvatrices au travers des trois interludes, comme s’il prenait plaisir à le voir souffrir, retardant le moment où il rendra son dernier souffle. En effet, celles-ci sont judicieusement placées, comme, par exemple, « Permanence » qui vient juste après l’enchainement terrible de « All things dead/
Thrall : fulcrum : apex ».
Cependant, « Redistribution of filth » a plus interpellé mes cages à miel, non pas que les autres titres soient moins bons, loin de là, mais celui-ci est différent et tranche du reste de la galette par sa simplicité de base, domaine où
Origin nous a habitué à des structures plutôt complexes et alambiquées. Cette composition est dotée d’un riff principal, que je qualifierais de « thrash/death old school », très efficace et très entraînant, l’accélération « blastée » nous rappellera que nous avons bien à faire à
Origin. Ce morceau risque de faire grincer quelques dents, surtout chez les fervents amateurs de « brutal death » technique, pour ma part, j’ai bien apprécié même si je fus assez surpris à la première écoute.
Côté musiciens, on ne rigole pas chez
Origin, en tête desquels John Longstreth, déjà présent sur «
Entity » et bien connu pour avoir officié chez
Gorguts et
Angelcorpse, semble être le fruit d’une expérience génétique avec une pieuvre tant il est insolent de maîtrise aussi bien dans les « blasts » frénétiques (« The indiscriminate » ou « Source of icon O ») que dans les breaks à la double « kalachnikov » («
Thrall : fulcrum : apex » ou « Unattainable zero »).
Jason Keyser s’en sort également plus qu’avec les honneurs, le gaillard sait parfaitement alterner entre vocaux « criards » et « growl » caverneux et épais. Paul Ryan et Mike Flores sont à l’avenant, comme à leur habitude.
Contrairement à «
Antithesis », «
Omnipresent » présentes quelques défauts. D’abord par la reprise de la recette de «
Entity » avec ces nombreux breaks, pas toujours de bon aloi comme sur « The absurdity of what I » ou celui de «
Manifest desolate ». L’opus souffre également de deux morceaux légèrement en dessous de la qualité des autres titres avec, avec les titres sus cités. Le premier sera sauvé pour son départ ultra rapide et le second est, au final plutôt convenu, et sent même un peu le morceau de remplissage. Aussi, la présence de quelques longueurs sur la fin de « The indiscriminate » finira de noircir le tableau. Pour finir, «
Omnipresent » est plus immédiat, votre serviteur est vite entré dedans (contrairement à «
Antithesis » où il m’a fallu un plus grand nombre d’écoutes), ce qui peut représenter un atout non négligeable, mais j’ai la sensation d’en être aussi assez vite sorti, ce dernier m’a moins tenu en haleine qu’avait pu le faire «
Antithesis ».
Vous l’aurez compris,
Origin accouche avec «
Omnipresent, d’un opus à la qualité intrinsèque élevée, certes, dans la même veine que «
Entity, mais qui n’atteint pas les sommets de «
Antithesis ». «
Omnipresent » demeure un disque alléchant, par son artwork magnifique, mais surtout, parce qu’il est estampillé du sceau
Origin. L’album est doté de quelques titres de bravoures comme « All things dead », l’ultra brutal «
Thrall : fulcrum : apex », ou encore « Source of icon O » et le plus accessible « Redistribution of filth », la production est millimétrée et, il est interprété par des musiciens talentueux. Cependant, quelques longueurs, ici ou là et, deux titres en dessous de l’ensemble du disque viendront freiner mon enthousiasme.
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