Trois albums de Death
Metal étaient attendus de pied ferme en cette année 2011. Si
Phoenix Amongst the
Ashes de
Hate Eternal a tenu son rang, il n’y a pas de mot pour qualifier l’immense déception ressentie par les fans à l’écoute du Illud Divinum
Insanus de
Morbid Angel.
Entity (2011) est donc l’occasion rêvée de prendre place sur un trône vacant d’où viennent de dégringoler Trey Azagthoth et ses amis rock stars.
Malgré deux albums ayant fait date,
Informis Infinitas Inhumanitas (2002) et le monumental
Antithesis (2008),
Origin avait jusqu’ici du mal à s’installer parmi les formations Death incontournables, d’une part à cause d’un style difficilement assimilable par le Deathster de base, et surtout à cause d’une fâcheuse tendance au « un coup sur deux », c’est à dire alterner disques redoutables et moins inspirés.
Ayant quitté son label historique Relapse, la bande à Paul Ryan passe ici un cap avec la signature chez
Nuclear Blast, rejoignant les légendaires
Nile,
Behemoth et
Suffocation. On notera avec intérêt qu’après avoir boudé un temps le style qui fit sa renommée début 90’s, le « superlabel » allemand de Markus Steiger revient à ses premières amours en signant de nouveau des groupes Death
Metal (et quels groupes !).
Sans s’encombrer de la moindre intro, Expusion of
Fury déboule sans prévenir avec le sweeping caractéristique de Ryan, les plans impossibles de l’araignée-bassiste Flores et les blast-beat hystériques de Longstreth.
Origin déploie d’entrée la panoplie complète sur ce titre : furie millimétrée dans le riffing, mid tempo central écrasant et final vitesse lumière absolument époustouflant. Nous sommes rassurés :
Entity propose un Death
Metal technique et violent de très haut niveau, sans plan Electro à la
Rob Zombie ni refrain à la
Marilyn Manson : ceci paraît évident au premier abord, mais par les temps qui courent mieux vaut préciser…
Puisque la comparaison avec
Antithesis est inévitable, on peut dire que le contenu et la qualité sont sensiblement les mêmes, avec toutefois quelques variantes, un peu comme un autre duo mythique : Screaming for
Vengeance /
Defender the
Faith de
Judas Priest.
Toujours axé sur une imagerie cosmique qui sied parfaitement au caractère irréel de leur maîtrise technique et de leur énergie,
Origin joue plus que jamais sur le registre voyageur galactique / destructeur de planètes grâce à une pochette adaptée de Colin Marks. La production est quant à elle semblable à celle du disque précédent : puissante mais claire, aucunement synthétique comme c’est trop souvent le cas dans ce style de Death, d’ailleurs comme pour
Antithesis c’est Rob Rebeck qui s’en est chargé.
Quelques évolutions sont à souligner :
Entity est légèrement moins compact, violent et impitoyable (quoi que, tout est relatif…), mais aussi plus varié : Mike Flores et ses acolytes ont exploré de nouvelles facettes, en témoignent l’étonnant Committed aux sonorités dissonantes Post brutal Death ou Fornever et ses cassures rythmiques inhabituelles.
Les brutes de Topeka avaient pourtant un problème de taille à régler : le départ du performant James Lee les avait laissé sans chanteur. L’intermède Mica Meneke (ex
The Faceless) s’étant avéré peu convaincant, Paul Ryan et Mike Flores ont tout simplement décidé d’assurer les plages de chant eux-mêmes, avec un résultat probant d’ailleurs, même si le débit de paroles impressionnant du gros Lee fait un peu défaut.
Origin a d’ailleurs embauché un chanteur à part entière pour défendre l’album live en la personne de
Jason Keyser (ex
Skinless).
Pour le reste le deathster tombera à genoux devant l’incroyable puissance de feu de
Swarm, l’énergie littéralement Grindcore qui émane de Banishing
Illusion, et bien sûr devant l’apogée de l’album : la fresque brutal Death
Saligia avec ses riffing et soli à couper le souffle. Les 7 minutes de Consequence of Solution sont aussi un condensé épique de dextérité, de démonstration de force et de vitesse, le tout avec de nombreuses variantes (dont un solo atmosphérique néo classique de toute beauté) et sans jamais se perdre dans la démonstration. Lorsque des musiciens d’exception donnent le meilleur d’eux-mêmes, le résultat ne peut être que l’excellence.
On notera qu’inclure You Fail uniquement en chanson bonus est très judicieux : ce bon titre aux influences Black
Metal ne colle pas vraiment avec le reste du disque mais constitue un appréciable digestif une fois le repas terminé. En revanche on aurait bien repris un peu de dessert avant, 36 minutes (sans le titre bonus) c’est un peu juste, à l’image d’un
Purgatory intense mais express (1 : 25) qui nous ramasse le plat sous le nez alors qu’on savoure seulement la troisième bouchée. D’un autre côté ça incite à y revenir…
Malgré quelques détails plaçant
Entity un petit cran en dessous de
Antithesis,
Origin parvient cette fois à enchaîner deux tueries consécutives, et s’installe enfin parmi les leaders incontestés du Death
Metal. Avec le soutien de
Nuclear Blast (plus grosse structure indépendante du circuit), le quatuor est désormais armé pour s’imposer comme la nouvelle référence Death
Metal universelle.
BG
Sinon, d'accord avec toi, Informis Infinitas Inhumanitas est un petit bijoux (: Peut-être mon album préféré du groupe.
Il y a un côté surréaliste, exceptionnel, monument qui a été un peu perdu par Origin dans Entity. Antithesis portait la tension très haute durant tout l'album, avec des moments d'hystérie très convainquants, des riffs vraiment primaires et quelques mélodies très bien placées, le tout dans un déchaînement totalement hallucinant. Un peu comme comme du black extrême mais en death ultra technique... (sais pas si je suis clair).
Entity est plus intellectuel, plus saccadé. Par exemple, la fin de Conceiving death est très Origin classique (et assez génial) mais le début du titre, quoiqu'hyper technique, est plein de breaks, si bien que perso, j'ai parfois du mal à accrocher vraiment.
Sinon Swarm tue bien, Saliga est proche du Wrath de Antithesis par sa mélodie un peu arabisante/indienne. En fait, certains titres sont assez courts pour qu'on ait du mal à accrocher parfois. Fornever est très efficace, Consequence est d'un très haut niveau mais les breaks le rendent plus proche d'un titre de brutal death accessible à un autre groupe.
Sinon, très bon album, très très bourrin (même si c'est très très très "technique"). Mais j'aime mieux Antithesis pour son côté "ovni" et Informis pour son côté primaire.
Les Origin sont redevenus des humains très forts, après un passage chez les aliens.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire