La première chose qui a marqué les fans du combo avant même la sortie de ce disque est le changement de logo, et il est vrai que ceci est souvent un signe avant-coureur de tournant musical. Celui d’
Origin était jusqu’ici tout simple et nous nous y étions habitués, on se demande donc quelle mouche a piqué Paul Ryan et ses sbires pour le mettre à la benne et le remplacer par un logo Death tech lambda interchangeable avec n’importe quelle entité de troisième zone de chez Sevared,
Comatose ou Unique Leader. Le registre cosmique de la pochette est familier en revanche.
C’est dans ce contexte de débat esthétique que voit le jour
Chaosmos (2022), le huitième album des rois du Death tech / brutal, cela dit la couronne vacillait sur leur tête ces dernières années : un
Omnipresent expérimental et moins costaud que les précédents, ainsi que la concurrence féroce (
Archspire en tête) les a quasiment fait rentrer dans le rang, malgré un regain de forme sur
Unparalleled Universe. Il leur a fallu un peu plus de temps que d’habitude, mais cinq ans après leur dernier format complet,
Origin est de nouveau prêt à récupérer son trône.
L’ébouriffant Ecophagy tape très fort sur la table d’entrée de jeu avec les riffs supraluminiques marque déposée de Paul Ryan, la basse virevoltante de Mike Flores, le martèlement incessant du batteur John Longstreth, et un
Jason Keyser énervé comme jamais au chant : on connait la formule mais ça fait toujours du bien par où ça passe. Même les passages modernes saccadés passent comme une lettre à la poste, notamment ceux du morceau titre
Chaosmos à 1:34 puis après le break à 2 :38 pour un mosh dantesque.
Les gars d’
Origin n’oublient pas d’où ils viennent et entre deux titres vitesses lumière, ils savent placer du mid tempo (enfin tout est relatif) un peu plus od-school qui va bien avec Cogito Tamen Non Sum.
Tout ceci n’était en fait qu’un échauffement avant un Panoptical bourré de sweeping dès l’intro et qui part complètement en cacahuètes à 1:30 où tout le monde décide soudain de passer en distorsion (comme dans Star Trek je précise) sans prévenir, mais sans jamais se départir d’un sens de la mélodie omniprésent et d’une précision chirurgicale, les Malmsteen du Death
Metal, mais en plus sympathiques et moins démonstratifs… Eux qu’on disait en perte de vitesse sont encore capables de nous étonner, par exemple avec cette géniale partie turbo tech keupon sur Decolonizer à 2:20, avant d’enchainer par un joli solo et une terrible accélération finale à 6:00.
Cullscape est moins changeant et propose des riffs qui durent, soutenus par la double-pédale de l’athlète Longstreth, et les consonances Black
Metal sont merveilleusement intégrées.
Chaosmos est forcément un peu moins ultime qu’
Antithesis mais tout aussi homogène, et même le plus posé
Nostalgia for Oblivion reste redoutable.
Reste le test du titre final vont souligner les septiques, mais les 11 minutes du pavé Heat Death vont rapidement les faire taire, avec un riffing qui tend vers l’époque
Echoes of Decimation, et une maitrise et une construction qui rappellent
Entity.
Revenu du diable vauvert un peu contre tous les pronostics et ayant su se transcender et se renouveler, il faudra donc compter sur
Origin au moment de décerner les oscars Death
Metal 2022, car avec son
Chaosmos, le quatuor peut regarder son auditoire sans ciller et lui demander avec un hochement de tête : « Alors, c’est qui le patron ? »
Origin still rules, rien à dire de plus.
BG
J'ai failli ne jamais écouter cet album en entier tant la présence de deux breakdown dans le titre éponyme m'a agacé et même énervé. Je n'en comprends toujours pas l'intérêt et suis très étonné que ça soit passé crème pour toi...
Je reste sceptique mais ta très bonne chronique me donne envie d'accorder une chance à l'album entier, je repasserai avec un avis plus construit.
@Ljosalfheim : Cela m'a surpris aussi, mais en bien, j'ai aimé la prise de risque et je trouve que ça se fond bien dans l'ensemble.
MERCI LAURENT, cette chronique fait chaud au coeur, d'abord parce que le retour au premier plan de ces tarés edt, une putain de bonne nouvelle et aussi, pzrce que ta passion reste intacte.
Merci pour cette chronique. Oui, c'est un bon album qui fait du bien. On y retrouve ce qui fait Origin: des moments hystériques grind-death, un bon mix brutal black-death sur certains titres, des gros riffs super heavy sur les breaks, et même quelques solos qui mélangent le Origin de Antithesis avec quelques inspirations Morbid Angel Trey Azagthoth. Un bien beau moment de déchaînement physique que je recommande à tous les fans de death extrême (mais très construit) !
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire