Quelle tâche ardue que celle de retranscrire par de simples mots l'émotion et le talent musical... Cependant, il serait criminel de renoncer à apporter ma contribution à la glorification de cette sublime démo en prétextant la difficulté.
Alors que notre année 2010 débute, les magiciens Ukrainiens de
Nokturnal Mortum nous ont gratifié peu de temps auparavant d'une merveille intitulée «
The Voice of Steel », représentant pour certains l'apogée de leur talent. Auparavant nous avions eu droit à un martial et formidable «
Weltanschauung » qui haussait encore d'un cran l'expérience et le talent de NM pour notre plus grand plaisir. Encore avant c'était au tour de «
NeChrist » avec ses ambiances lourdes, poussant la brutalité à un cran supérieur de ce qu'ils nous avaient montré jusqu'alors, délaissant un petit peu les ambiances au profit de la haine, mais bien heureusement tout en conservant la pâte qui faisait et fait toujours leur succès. Ce dernier fut précédé d'un album plus expérimental (du moins pour NM) se rapprochant d'un «
Anthem to the
Welkin at
Dusk » pour ce qui est de la forme, mais pour le fond c'est bien des compositions typiques du groupe avec tout ce qui fait sa grandeur depuis «
Goat Horns ». Ce dernier, parlons en ! Il fut le véritable premier album du groupe le faisant alors connaître au grand public et demeure encore de nos jours une des meilleures réalisations de Varggoth et ses compères. L'ambiance pagan était à son comble et la force de composition titanesque. Un réel chef d'œuvre !
J'aperçois des sceptiques au fond de la salle encore une fois... Vous vous demandez certainement où je veux en venir alors que je suis ici dans le but de vous parler de «
Lunar Poetry ». Et bien m'y voilà : après des débuts plus orientés Death/folk lors de leur première démo «
Twilightfall », le groupe s'oriente, en cet an de grâce 1995, du côté du black metal.
Le style s'éloigne alors grandement par rapport à «
Twilightfall ». Si certains groupes utilisent les démos afin de se chercher un style ou un son, les mages de l'est, eux ne s'encombrent pas d'étapes intermédiaires et l'on reconnaît immédiatement, malgré que le son fasse plus old school, le
Nokturnal Mortum tel qu'il nous apparaît sur le mirifique «
Goat Horns » et ses fabuleux successeurs.
Sur cet opus, aucun élément n'est laissé pour compte : la production est tout à fait acceptable pour du black et encore plus pour une demo de 1995. Les instruments ne peinent pas à se faire entendre et se distinguent fort bien les uns des autres avec au sommaire : un synthé aux superbes compositions, des guitares saturées juste ce qu'il faut avec des riffs rapides, entraînants et très épiques, divers instruments folkloriques, habilement maniés par Saturious et une batterie dynamique, suivant le rythme de ses homologues sans difficultés, les surplombant même parfois.
De plus, si certains groupes n'offrent pas plus de deux ou trois morceaux assez raw et simplistes lors de leurs premiers éléments discographiques, nous avons ici à faire à des personnes qui ne font pas les choses à moitié. Non contente d'offrir une production potable, cette œuvre ne dure pas moins d'une quarantaine de minutes et les compositions sont très recherchées : aucun morceau ne se ressemble et les ambiances qu'elles soient forestières, ou nous emmenant dans des plaines gelées, sont aussi magnifiques que transcendantes (ce qui n'est pas peu dire que ce soit pour l'un ou l'autre des termes).
A peine les premières notes de « Tears of Paganism » se font-elles entendre, que notre oreille est captée par ces notes limpides, sombres et cette voix éthérée d'une mère nature en larme. C'est à ce moment, amis lecteurs qu'il faut fermer les yeux, se laisser guider par des images d'une vieille Europe de l'est et ne sortir de cette transe que pour se déchaîner aux rythmes des compositions à grand renfort d'headbangs et autres manifestations physiques des émotions engendrées.
Cet hommage aux terres païennes nous transporte dans des élans de nostalgie, faisant voguer notre imagination entre des terres gélées ( ...
And Winter Becomes ) ou des plaines luxuriantes où l'on peut voir des célébrations de jeunes Ukrainiens rendant hommages à leurs ancêtres disparu au combat en l'honneur de leurs terres ( "My
Ancient Nation" ). Quelque soit le panorama, chaque composition saura répondre à ce qu'un amateur de black pagan recherche. De plus la musique est loin d'être minimaliste et ce sera sans difficulté, que vous soyez un fan du groupe ou un metalheads égaré, que les mélodies vous bercerons en ces terres et temps reculés.
Du début à la fin les atmosphères dégagées par le claviers sont d'une sobriété et d'une force à toute épreuve. Simples, efficaces, dès que "Tears of paganism" on sent que la bête est lâchée et que l'on ne s'en défera pas avant d'entendre le salut apporté par " Autodafé/
Barbarian Dreams " qui, malgré son final très ambiant nous permettra de nous sortir lentement de cet afflux afflux de sombre beauté qui a découlé tout au long de l'écoute dans notre esprit et notre cœur et également de digéré les meilleurs moments de cette pièce maîtresse de leur discographie.
Je n'ai plus grand-chose à vous dire si ce n'est « Savourez cette perle !». Après tout, ce n'est pas pour rien si elle est encore rééditée de nos jours sous forme de cd, chose assez impressionnante pour une demo de black metal de 1995. Et si le titre éponyme ne vous convainc pas alors «
Perun's Celestial
Silver » (morceau phare en live soit dit en passant) se plaira à cette tâche. Traversez donc chaque composition et lorsque vous arriverez aux derniers instants, rappelez-vous bien que si
Nokturnal Mortum se bonifie avec le temps tel un vin (
The Voice of Steel) il n'en vient pas moins d'un succulent fruit et "
Goat Horns " ne tardera aucunement à venir confirmer mes propos...
Valentheris.
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