Alors que leur premier Full-Lenght "
Goat Horns" n'avait même pas vu le jour, la réputation de
Nokturnal Mortum prenait déjà une ampleur sérieuse de par l'intérêt que suscitait leurs deux premières démos. "
Lunar Poetry" n'en était même pas à un an d'âge que le géant allemand
Nuclear Blast voulait attirer Varggoth et ses compagnons dans ses filets pour la sortie de leur premier album officiel. Ces derniers se virent essuyer un refus, le chef de troupe Ukrainien voulant garder une liberté artistique totale et ne voulant pas participer à l'expansion des grandes maisons de disques. Le résultat est toujours le même aujourd'hui, l'excellent "
Goat Horns" et le terrible "
To the Gates of Blasphemous Fire" ayant démontré que ce choix était en fin de compte des plus judicieux, l'imagination du groupe pouvant s'épanouir selon leur désir.
Néanmoins, un doute planait toujours sur l'idéologie du quintet. Après avoir changé de logo (le premier contenant une croix gammée) et leur musique faisant principalement la gloire des vieilles traditions et de leur pays natal, l'auditeur lambda était un peu perdu quand à l'idée qu'il devait se faire du groupe. C'est en ce contexte brumeux que "
NeChrist" arriva, à l'aube de notre troisième millénaire, afin de mettre les points sur les "i", peut-être malgré lui. Varggoth n'avait alors pas réellement mis son idéologie en avant dans sa musique, mais laisse exploser sa rage, ses idées et sa haine sans concession en cette cinquième offrande musicale qui du coup ne laisse plus planer le moindre doute.
Musicalement parlant, là où
Goat Horns arborait un Black symphonique ambitieux aux compositions travaillées dans leurs formes, offrant un vrai voyage dans les contrées ukrainiennes sans pour autant regorger d'instrumentations et de samplers clichesque et où To The
Gates... témoignait encore une fois de l'inspiration du maître à penser et des capacités musicales de NM, déployant des titres parfois assez complexes et de fort bonne facture dans l'ensemble,
NeChrist est une œuvre païenne de haine, de froideur et d'arts occultes ancestraux qui tranche avec le reste.
La production offerte par D. Bondarenko au Beat Studio est bien plus raw et sombre que ce que le groupe avait fais jusqu'à présent (ou du moins, l'est d'une manière différente). Dès les premières notes de guitares de "The
Funeral Wind Born In Oriana", l'auditeur se retrouve plongé dans une lointaine forêt, en pleine nuit, s'égarant jusqu'à tomber sur un grand groupe de personnes festoyant d'un côté et se livrant aux plus sombres rituels possibles d'un autre. On regrettera par contre qu'en contrepartie certaines parties soient gâchées, que ce soit le son de la batterie parfois trop plat ou étouffé ou encore l'assourdissement des guitares ou de la basse au profit des claviers ou des instruments folkloriques, les précédents opus étant bien plus homogènes à ce niveau-là.
Les capacités musicales des différents membres de la formation restent toujours égales à elles-même, les guitares s'entrelacent dans un riffing hargneux toujours soutenus par la bonne prestation aux fûts de
Munruthel capable d'alterner entre un rythme martial servant lui aussi à l'ambiance et des blasts des plus vindicatifs lors des moments de puissance des différentes pistes. Un bon nombre d'instruments originaux font leur apparition également (Domra, Drymba, sopilkas, zitra) apportant leur touches folkloriques (assez bien distillées par ailleurs) comme pour l'introduction du premier titre, ou alors sur "
NeChrist - Dance Of The
Swords" morceau à tiroir variant entre passages plus véloces et parties instrumentales plus posées et qui se veut être un bon résumé de l'album en ce pénultième instant. Les bonnes compositions ne manquent pas entre le fameux "Black
Raven", qui non content d'être un classique en live est certainement l'une des pièces maîtresse du groupe : guerrier, épique, empli de magie noire et surtout à l'atmosphère très prenante, une piste de choix aux côtés d'un "
Night Before The
Fight", le précédent avec ses rythmiques étouffantes en son départ, la voix de Varggoth étant particulièrement haineuse et les claviers de Saturious très ténaces et hypnotiques. N'oublions pas bien sûr les brutaux "Death
Damnation" et "Jesus'
Blood" relevant le niveau de violence de l'album avec leurs arpèges batailleuses et toujours teintées de ces ténèbres inhérentes et indélébiles à cet album.
NeChrist est certes assez spécial dans la discographie du groupe, bien plus sombre que tout les autres et où l'idéologie pourrait en déranger plus d'un (quatre-vingt-huit pistes, des patronymes comme "The Call Of Aryan
Spirit"...), mais reste une œuvre honnête et prenante dans son ambiance bien qu'en dessous des meilleures offrandes de
Nokturnal Mortum à l'heure actuelle. À la fois populaire et haïs pour différentes raisons, valables ou non, la magie de
Nokturnal Mortum opère tout de même, bien que sous un visage différent et parfois déroutant.
Je dirais tout de même ,moi qui ai la réédition d'oriana que nokturnal mortum ne brille pas pour la qualités de ces reprises (ici motörhead deaf forever)par contre le groupe reprend un vieux morceaux des premiers albums écrit en russe d'une exelente manière.
Excellente chro pour un excellent album, déroutant à la première écoute mais qui se révèle trés riche.
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