Après un Dances of Death (and Other Walking Shadows) convaincant, à la limite du concept-album, les furieux
Mekong Delta ressortent les métronomes et les mesures dissymétriques pour nous offrir un
Kaleidoscope au nom fort à propos.
En fait, de prime abord, la pochette ne trahit en rien le contenu : de sobres partitions éparpillées servant de fond à la désormais récurrente momie joueuse de violon. Une accroche visuelle devenue marque de fabrique, alliant plus ou moins finement les concepts de metal et de grande musique.
Et là où l'album précédent proposait un enchaînement de morceaux courts et la plupart du temps instrumentaux dans une optique conceptuelle,
Kaleidoscope adopte une structure plus conventionnelle. D'ailleurs ici, point de reprise ou d'adaptation de pièce classique, si ce n'est la fameuse "Danse du
Sabre" de Khachaturian, morceau déjà originellement trépidant, très efficacement adapté par le génial bassiste Ralph Hubert, maître d'oeuvre de toutes les compositions originales de cet album. A cela s'ajoute aussi la reprise de "
Dance on a Volcano" de Genesis, plutôt réussie même si assez éloignée du style pratiqué par le groupe.
Mais le coeur de l'album reste tout de même les sept morceaux made in MK qui, mis à part "
Dreaming", délicate douceur progressive, acoustique et onirique, envoient le bois et distillent un thrash acéré aux mélodies soignées, où l'on sent que le processus de composition n'a rien laissé au hasard.
Dès l'introductif "Innocent ?" et son démarrage en trombe, on reconnaît la patte
Mekong Delta, ce grain de guitare particulier qui tape bien dans les médiums et cette particularité dans les mélodies à développer des thèmes proches du classique. Autant dire que la suite est du même acabit, c'est à dire d'un haut niveau technique, sans jamais tomber dans la démonstration gratuite, toujours oeuvrant pour l'efficacité et la percussion du propos (pour preuve, toute la partie introductive de "
Sphere Eclipse" et sa basse omniprésente). Les pics de créativité se révèlent alors dans le sublime (à tout point de vue) "Heartbeat", dans le refrain imparable de "
Shadow Walker" ou encore celui de "
Sphere Eclipse". Bref, artistiquement parlant, on ne pourra qu'être comblé.
Tableau idyllique me direz-vous ? N'y a-t-il pas un petit "mais" à tout cela ? Oui, et c'est bien dommage ... Le chant ! Dans ce thrash si musicalement riche, on est en droit de se demander ce que Doug Lee fait là ! Déjà, sur Dances of Death, on pouvait le trouver irritant, même si son rôle était plus limité. Loin d'être un mauvais chanteur (quoique plutôt "nasal", mais là n'est pas la question), on ne peut pas dire qu'il soit adapté à la classe dégagée par les compositions. Un peu comme si
Jon Bon Jovi chantait dans
Nile ou
Origin. J'exagère volontairement bien que ce ne soit pas rédhibitoire, le contenu musical l'emportant largement (et heureusement) sur ce qui devra rester un détail !
Donc, si vous recherchez un album de thrash néo-classique virtuose, inspiré, varié, et que le chant de canard ne vous dérange pas,
Kaleidoscope ne vous décevra pas et pourrait même vous faire découvrir quelques passages goûtus enfouis au coeur de cette bien belle livraison. A bon entendeur ...
Cela dit ma dernière tentative remonte au millénaire précédent, peut-être devrais-je faire une nouvelle tentative?
Le côté trop alambiqué, le manque de violence ou les mesures dissimétriques comme tu dis m'ont toujours rebuté.
Cet album étant plus conventionnel pour reprendre tes termes ce serait peut-être un bon moyen de refaire une tentative.
Une excellente rédaction comme d'habitude sinon, j'aurais juste aimé une petite description d'un ou deux morceaux, c'est jouable stp?
Merci pour cette bonne chronique.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire