Murder in Mind étant un disque totalement inutile (pour ne pas dire mauvais), on pouvait redouter que son successeur soit fait du même bois, mais le Deathster qui se baserait uniquement sur le premier album de
Desecration, ignorant du coup les réalisations suivantes ferait une grave erreur. En effet Ollie Jones a bien retenu la leçon et ce
Inhuman (2000) est d’un tout autre calibre.
En tout premier lieu le bonhomme a compris qu’il ne pouvait pas tout faire, il pose donc les baguettes pour se concentrer sur la guitare et le chant laissant la place au redoutable Michael Hourihan. D’ailleurs dès les premières notes de
Insane Savagery, les blast-beat écrasants et le riffing incisif de la paire Evans / Jones impressionne tant le fossé est grand par rapport à leur album précédent. Le combo de
Death sans consistance ni personnalité s’est transformé en machine de guerre dévastant tout sur son passage. Bien qu’ils soient issus de la même île que
Bolt Thrower,
Desecration n’a rien à voir avec les rois du
Death Metal britannique, leurs influences sont plus à chercher de l’autre côté de l’Atlantique chez
Dying Fetus, avec un côté plus old-school et sans les influences Hardcore.
Malgré un coté brut de décoffrage et tête dans le guidon indéniable, nos gaillards maîtrisent parfaitement leur sujet, alternant intelligemment accélérations collants au siège et parties à Headbanging : Dig Up, Dig In est un modèle du genre. De plus l’enregistrement au Philia studio a porté ses fruits, adieu le son « 4 pistes dans un garage »,
Inhuman est en béton, la caisse claire claque du feu de dieu, les guitares déchirent comme un scalpel dans de la chair et la basse trouve parfaitement sa place, insufflant une profondeur supplémentaire à l’opus. Le guttural très grave de Jones ainsi que ses backing vicieux à la
Carcass (dont le quatuor partage le goût pour les cadavres), sont un atout maître pour le caractère de ce
Inhuman.
Bien sûr on ne trouve rien de bien innovant ici, mais les amateurs de
Death Metal rentre dedans à la
Deranged /
Dying Fetus ainsi que les fanatiques de l’esprit
Carcass apprécieront sans problème ce
Inhuman bien brutal : quelle vitesse de double pédale au début du titre éponyme et quelle vitesse de blast-beat par la suite !
Death You’ll Face et son côté bulldozer est également à cocher sur cette galette. On notera aussi cette amusante référence à l’album précédent avec Another
Obscene Publication*, Grindcore furieux de quelques secondes.
Semblant tourner le dos à cette nouvelle génération du
Death Metal de plus en plus technique (
Cryptopsy), innovante (
Nile) ou ultra rapide (
Hate Eternal),
Desecration se contente d’appliquer les vielles recettes : sauvagerie, simplicité, et surtout ne pas se poser trop de questions.
BG
*Un titre du même acabit figure sur leur premier album sous le nom
Obscene Publication.
Leur meilleure offrande est clairement le récent Forensix absolument imparable : ce n'est pas courant qu'un groupe attende près de 20 ans et six albums pour atteindre le zénith de leur art....
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