Après une longue collaboration (pas très fructueuse) avec les anglais de Copro Records, les deathsters de
Desecration décident de couper le cordon et d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. Ils rejoignent les slovaques de
Metal Age Production, label en quête de combos européens de renom (qui a notamment signé
Natron pour son album de 2009). Pourtant, n’ayant jamais réussis à pondre un disque au dessus du lot (à part éventuellement un
Inhuman tout à fait plaisant), on pensait Ollie Jones et ses acolytes sur la pente savonneuse vers une séparation dans l’anonymat, surtout après un
Process of Decay plutôt quelconque. Erreur ! Les gallois sont bel et bien de retour et
Forensix (2008) dépasse en qualité toutes leurs sorties précédentes.
Le son est en tout cas immédiatement identifiable : guitares tranchantes et agressives, batterie percutante, équilibre respectée, même si la basse est peut-être un petit poil en retrait, on reconnaît la patte du Philia studio où le trio a désormais élu domicile pour mettre en boite tous ses albums. En revanche la pochette est pour une fois très réussie, une scène de trépanation dans un laboratoire dont les couleurs et les postures des personnages sont un clin d’œil évident à Severed
Survival d’
Autopsy.
La montée en puissance de l’intro The Committal et le départ trépidant de Cremains tranchent avec le côté parfois mollasson de l’opus précédent et l’auditeur n’est pas au bout de ses surprises. Le duo Hourihan (batterie) / Jones (chant + guitare) accompagné cette fois du nouvel arrivant Andi Morris à la basse, ont décidé de lâcher les chevaux. Il en résulte l’album le plus intense, le plus percutant, le plus inspiré de
Desecration : comme quoi après 6 albums et 16 ans d’existence il n’est jamais trop tard.
Overdose propose une déferlante de blast-beat ultra carrés accompagnée de ces riffs simples et tranchants qui font aussi la particularité du groupe, et contrairement aux (mauvaises) habitudes d’antan, pas de passage sans intérêt ou mou du genou, juste une succession de notes qui tuent. Mais le morceau le plus efficace et dévastateur est sans aucun doute Dissecting the Departed, titre à headbanging par excellence et balançant des accélérations collant littéralement au siège. Avec ce côté très droit et carré, ce blasting millimétré et cette guitare particulièrement claire tout en restant mordante, Ollie et ses sbires ne sont pas si éloigné du
Death à la polonaise.
Desecration a enfin appris à faire court, concis et intense de bout en bout, à aller droit à l’essentiel, et les 29 minutes de
Forensix suffisent amplement à balancer le nécessaire. Bien sûr leur
Death Metal n’est toujours pas à la pointe du progrès : les musiciens du combo boudant les soli et ne possédant pas une technique instrumentale hors de commun. Cependant il émane de
Aim,
Fire,
Kill ou
Overdose (purée quelle énergie !) une furie musicale et un vrai plaisir de jouer qui fait sans doute la différence par rapport aux disques précédents.
Non le
Death Metal à l’ancienne n’est pas mort et n’apparaît pas seulement sous la forme de centaines de clones d’
Incantation qui ont envahi le marché ces dernières années, des groupes comme
Fondlecorpse,
Mr Death,
Nominon et bien sûr
Desecration en sont la preuve vivante.
BG
Merci pour cette bonne chronique qui me permet de savoir quel album il faut piocher dans cette carrière assez conséquente.
Ah tiens, je pensais tous les Desecration grosso modo du même acabit. Ayant possédé l'album Inhuman, mais sans forcément l'apprécier énormément, à cause d'un son un peu étouffé et d'une inspiration disons correcte mais sans plus, voilà que cette chronique rebat les cartes en ce qui concerne ces Anglais. M'en vais écouter un morceau, tiens, cette chronique me donne bien envie, merci.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire