Très longtemps complexée envers elle-même, la scène extrême métallique française n’aura que très tardivement réussie à s’imposer sur le plan international. Souvent cantonnée à Sortilège,
Trust ou
Killers, l’extrême a longtemps souffert d’un complexe d’infériorité qu’elle désigne aujourd’hui comme étant pourtant complètement psychotique, car non existant. Mais dans ce cas, qu’est-ce qui pourrait expliquer que des combos comme
Loudblast ou
Agressor soient indéfiniment restés l’ombre ?
Sous l’impulsion d’une nouvelle scène pleine d’idées et d’expérimentation, sous laquelle nous rejoindrons indispensablement la bannière de
Gojira,
Dagoba ou encore
Scarve, est revenu au premier plan une scène brutale n’ayant d’autres buts que de démontrer qu’elle savaient également sacrément y faire en matière de death metal.
Sans doute leader emblématique de ce nouveau mouvement, les Stéphanois de
Benighted ont, petit à petit, grimpés les échelons de la renommée nationale pour enfin faire exploser les barrières internationales avec l’excellent "
Identisick" datant de fin 2005.
Ayant entre les mains un album résolument destructeur et brutal à l’extrême, dans lequel les fans de
Napalm Death ou autres
Nasum se seront forcément retrouvés, et après avoir traversé l’Europe, les voilà de retour avec cet "I.C.O.N" qui marque son lot de changement pour le groupe.
Si nous ne dirons rien sur le, toutefois logique, changement de label pour
Osmose, nous ne pourrons que remarquer le nouveau venu Kevin derrière les futs.
Peut-être moins rapide, mais largement plus groovy, son jeu arrive à étoffer le style de
Benighted afin de le muter en un death toujours excessivement violent mais aujourd’hui des plus catchy, et, dirons-nous (sans froisser jamais les puristes), accessible.
Alors le terme reste à prendre avec des pincettes car le style reste brutal et il y a fort à parier que la ménagère de plus de cinquante ans pousse toujours des yeux révulsés, mais il faut également admettre que les français s’ouvrent de nouveau horizon, à des individus pas forcément adepte de ce genre musical.
Pourtant, l’ouverture avec "Slut" défonce d’entrée tout sur son passage et alterne toujours avec autant de maîtrise les blasts ultra furieux et les parties plus mélodiques, comme le démontre ce jeu en tapping fulgurant permettant au titre de respirer quelques secondes.
Julien Truchan, probablement l’un des meilleurs chanteurs actuels du genre, se joue de ses multiples visages, entre le hurlé criard du refrain (aussi efficace qu’il se retient en un instant !), le growl profond et caverneux du couplet ou encore le chant vomi plus rudimentaire que jamais (juste avant le solo !).
La production est à l’égale d’une chambre forte, elle est un mur que nous nous prenons en pleine face non sans quelques dommages collatéraux. Très gros travail des Kohlekeller Studios sur ce plan.
Ensuite, les français ne manqueront pas de nous plonger dans un metal violent et schizophrénique, sachant parfaitement varier l’agression sonore au point de ne pas s’ennuyer sur la totalité du disque. Néanmoins, il faut garder à l’esprit que l’innovation est ici hors de propos, elle ne semble presque pas évoquée, hormis sur le surprenant "Grind Wit", sur lequel un rappeur vient poser une touche personnelle et finalement pas si désagréable que ça, même si elle fera plus office de gadget que de réel intérêt musical.
Mais le très haché "Smile Then
Bleed", au riff central très lourd et malsain, le heavy "
Icon" (au riff très thrash et simple !) au feeling bien roots et old school ou encore l’ultra speed "
The Underneath" font de ce disque une réussite totale de death, sans tomber dans aucun excès et en arrivant à trouver un parfait équilibre entre brutalité, mélodie et schizophrénie rendant le tout aussi bourrin qu’intéressant.
Le très malsain "
Forsaken" par exemple, empreint d’une grande complexité niveau guitare (ces riffs frôlant parfois la poly harmonie !) propose de nombreuses cassures de rythmes et surtout un chant guttural très rythmique, proche du grind et pourtant installe la partie la plus mélodique de l’album, magnifique pont tout en ambiance où Julien est plus impérial que jamais.
Rarement un disque de death m’aura autant passionné de bout en bout ces dernières années. La violence aussi jouissive qu’expéditive trainera probablement lors des quelques périodes suicidaires hivernales. Sans aucune révolution,
Icon s’impose comme l’un des disques brutaux à posséder pour les fans du style, mais aussi et surtout pour les autres. Et c’est, peut-être encore plus aujourd’hui, une sacrée performance.
Les vocaux absoluments démentiels de Julien m'auront faient décollés de ma chaise...ma révélation death de ces dernières années!!
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire