Une fois la mutation opérée sur le fantastique
Mandylion,
The Gathering a abandonné définitivement le
Doom / Death de ses débuts pour se consacrer à un
Doom / Gothic atmosphérique qui repose grandement sur les talent et charisme de leur chanteuse Anneke van Grimbergen (je sais, je la fais à chaque fois, mais ça fait toujours plaisir).
Nighttime Birds avait confirmé cette voie, tout en s’avérant moins flamboyant et plus intimiste.
How to Measure a Planet ? (1998) annonce lui aussi un bouleversement important, il reprend certes les trames des deux disques précédents, mais en les mixant à des éléments Rock voire Pop, s’éloignant un peu plus des strictes limites du
Metal.
Pour accompagner cette nouvelle orientation musicale, le quintet délaisse le Woodhouse des deux précédents disques pour investir le Bauwhaus studio (notez le jeu de mot) de Attie Bauw,
Century Media leur accorde même le privilège d’un mastering au Abbey
Road Studio (excusez du peu!).
Niveau artwork aussi la révolution est en marche avec une ambiance « conquête de l’espace » symbolisée par des cosmonautes à l’arrière et un étrange télescope (l’histoire ne dit pas si c’est celui de Kevin) à l’avant sur un fond jaune criard. Singulier et surprenant.
La différence au niveau de la production est saisissante, une clarté (presque une pureté) émane de chaque instrument, l’atmosphère aérienne de Frail captive d’entrée, un habile titre d’introduction guidé par la voix éthérée de la belle. Great
Ocean Road marque le véritable départ du disque avec l’apparition de guitares saturées, mais qui servent davantage à soutenir les ambiances que de ligne directrice, un titre entêtant avec quelques petits samples mécaniques non sans rappeler Radiohead, une référence d’ailleurs ouvertement citée par le groupe.
L’aspect plaintif de
Nighttime Birds s’est atténué au profit de rythmes hypnotiques et d’une musique à la fois subtile et épurée, sans chichis Gothic, à l’image du superbe The Big
Sleep. Bien sûr une fois de plus, les compositions sont taillées sur mesure pour Anneke, qui semble désormais au sommet de son art, moins spontanée que sur
Mandylion mais encore plus émotionnelle, notamment sur le mélancolique
Rescue Me.
Précision importante : How to Measure a Planet ? est un double album de plus d’une heure et demie, ce genre de projet ambitieux peut être risqué, on voit nombre de groupes proposer des pavés indigestes auxquels on aurait mieux fait de retirer la moitié des titres. Heureusement ce cinquième album est tout sauf une pièce artificiellement gonflée, chaque chanson a sa place et le concept global n’est pas prétentieux comme cela peut être le cas dans ce genre d’exercice. Les esprits chagrins objecteront tout de même que les vingt-huit minutes de l’instrumentale éponyme finale n’étaient peut-être pas nécessaires…
Red is a
Slow Colour est peut-être la pièce se rapprochant le plus du
The Gathering de
Mandylion /
Nighttime Birds, rappelant le titre
Confusion. A l’opposé
Liberty Bell est représentatif du nouvel état d’esprit, avec un riffing Rock littéralement façon U2 et un chant plus Pop de Anneke qui maîtrise désormais tous les registres, un morceau dynamique et positif qui fait figure de single de l’album. On signalera également le gros travail aux percussions de Hans Rutten sur Marooned.
Après le long
Travel sur lequel les guitares interviennent peu mais efficacement et un final épique taillé sur mesure pour miss van Giersbergen, le second disque est plus atmosphérique, plus introspectif, même si la ligne directrice reste la même.
Il est important de signaler que les deux seuls titres composés par Anneke (Locked Away et My Electricity) n’ont pas à rougir face à ceux de René Rutten, comme quoi la chanteuse / frontwoman charismatique peut aussi se transformer en compositrice talentueuse. Probably Built in the Fifties est sans doute le seul titre à headbang (et encore, on ne se décrochera pas une vertèbre…) de l’album, surtout avec le riff récurrent de fin.
Reste l’OVNI final, cette instrumentale de près d’une demi-heure. Cette intro psychédélique interminable, les envolées de guitares (rares sur ce disque), le chant lointain de Anneke tel l’appel des sirènes, les longues plages atmosphériques, les samples hypnotiques, une bien belle pièce, y compris les oppressantes 14 minutes bruitistes / ritualistes finales.
Qui aurait pu imaginer à la sortie de Always en 1992 qu’un honnête groupe de
Doom / Death allait par la suite impressionner le monde grâce à un disque mélangeant allègrement
Metal atmosphérique avec des références telles que
Dead Can Dance, Sisters Of
Mercy et Radiohead ? Qui aurait pu croire à la sortie d’un
Almost a Dance, fait de bric et de broc en
1994, que
The Gathering allait devenir quatre ans plus tard l’un des groupes les plus populaires qui réunirait d’innombrables fans à l’intérieur mais aussi en dehors de la sphère
Metal ? Et pourtant ils l’ont fait !
Bien que le succès commercial de How to Measure a Planet ? soit un cran en-dessous de
Mandylion, les Bataves proposent là un album géant, réussissant le tour de force d’ajouter un second chef-d’œuvre à leur discographie.
BG
Anneke est sublime et difficile de jeter quelquechose dans les disques de The Gathering
merci pour ce papier excellent BG
Je ne me lasse pas de voyager dans l'espace avec cet album, et les 5 minutes d'instru de fin de la chanson Great Ocean Road me tireront à jamais des frissons, tout comme chaque mot ayant l'honneur d'être modelé par la sublime voix d'Anneke.
Un pur joyau cet album, merci pour cette chronique BG.
Grand merci BG car tes mots sont sonnent vraiment justes.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire