Auteurs de deux albums de
Doom / Death relativement avant-gardistes à défaut d’être exceptionnels au début des 90’s, les Hollandais de
The Gathering vont donner une nouvelle orientation à leur musique. Niels Duffhues et Martine Van Loon les vocalistes sur
Almost a Dance sont renvoyés, et c’est Anneke van Grimbergen (désolé j’ai pas pu m’en empêcher c’est trop drôle) qui prend le poste de frontwoman. Du coup le groupe des frères Rutten va littéralement se métamorphoser : exit le duo vocal bancal, le groupe va désormais s’appuyer sur le talent de la belle Anneke et son chant envoûtant.
Les bataves sont maintenant parfaitement armés pour conquérir le monde grâce à leur signature chez
Century Media.
Mandylion (1995) est donc un album triplement charnière pour
The Gathering, marquant un tournant musical, un succès commercial sans précédent, mais aussi une réussite artistique, pourtant
Satan sait que les deux derniers ne sont pas tout le temps liés…
Aux premières notes de
Strange Machines, il est bien difficile de reconnaître
The Gathering, le chant extrême, les riffs monocordes et le clavier parfois un peu neuneu s’en sont allés, laissant la place à un
Doom Metal simultanément puissant et mélancolique. En effet, si on retirait le clavier sur
Strange Machines et qu’on y collait
Messiah Marcolin au chant, on obtiendrait quasiment un titre de
Candlemass ; le plus grand classique live du groupe dans tous les cas.
Mais ce qui a fait le succès de ce disque c’est bien évidemment le talent de la nouvelle arrivante, sa voix si caractéristique : puissante, profonde et aux intonations Pop. D’ailleurs la miss van Griesbergen a aussi pris en main les lyrics, signant l’intégralité des textes de
Mandylion, son style sobre oscillant entre rêve, espoir et tristesse colle parfaitement à l’esprit insufflé par la musique. D’ailleurs, que d’émotions dans
In Motion #1 (elle est peut-être facile mais je l’ai trouvée avant vous) où les couches successives de chant transportent littéralement, un morceau très addictif avec ce clavier lancinant happant l’auditeur pour ne plus le lâcher.
Toutefois il serait injuste pour les autres musiciens de considérer que Anneke est la seule responsable de la réussite de
Mandylion, les plans de basse hypnotiques de
Hugo, les compositions guitares de Jelmer et René ainsi que le clavier tout en subtilités de Frank, sont autant d’atouts ayant fait de ce disque le plus grand classique du groupe, apprécié tant par les vieux fans que par les nouveaux adeptes. La production est aussi un facteur important qui peut transformer un disque classique en chef-d’œuvre (et vice versa), enregistré sous la houlette de Siggi Bemm et Waldemar Sorychta (connu pour son travail avec
Samael), ce troisième album est doté d’un son parfait pour le style, avec des guitares massives laissant une juste place à la section basse / batterie et bien sûr, une place de choix pour le chant d’Anneke. Cela dit ne nous leurrons pas : son succès soudain et massif, de
The Gathering le doit principalement à sa charismatique chanteuse, sachant donner le meilleur en studio et conquérir littéralement le public lors des prestations live.
Certains passages préfigurent déjà de l’évolution future du groupe vers des horizons plus Pop / Rock atmosphérique, notamment au milieu de Fear the Sea avec des guitares en accompagnement au profit de la basse et même carrément absente le temps d’une envolée ésotérique basse / synthé. L’étrange morceau titre avec les cris plaintifs de Anneke en retrait (genre je pleure au loin mon désespoir dans le désert), est lui une véritable invitation à un voyage introspectif.
Gardant le meilleur de l’ancienne époque avec des guitares solides et encore plus inspirées,
The Gathering a su tirer partie de sa nouvelle chanteuse avec brio, lui fabriquant un univers sur mesure : moins sombre, mais plus subtil et mélancolique. D’ailleurs on peut quasiment considérer que
Mandylion est séparé en deux : une première partie plus
Metal jusqu’à
In Motion, Fear the Sea en intermédiaire, et la fin plus atmosphérique. Mais ce qui est certain, c’est que l’intégralité de l’album est transcendant, appartenant à la rare catégorie des albums uniques et inimitables, ceux qu’on ne peut copier sans perdre en route une bonne partie de l’aura dégagée autour.
De quel bois
Mandylion est-il fait?
Doom ? Heavy ? Gothic ? Rock ? Probablement un peu de tout ça, dans tous les cas c’est un très grand album.
BG
Comment ne pas être lévité - et inspiré - par un ensemble aussi... éthérique ?
On s'envole et on n'a pas envie de retomber !
Merci pour ta Kro ( van grimbergen !) je connais Anneke via ses réalisations avec Devin TOWNSEND. Pour moi cette fille est une véritable sirène, je suis donc impatient d'écouter l'opus que tu decris si bien
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