Deux années après la sortie de leur fameux Everything
Remains (qui a d’ailleurs reçu des critiques quelque peu mitigés) c’est au tour d’
Helvetios de faire enfin son apparition! La formation, ayant atteint une grande notoriété sur la scène Folk depuis plusieurs années, ressort enfin tout son attirail folklorique pour nous offrir cet album qui s’avèrerait être, selon les mots de Chrigel Glanzmann lui-même, le « meilleur » de la discographie d’
Eluveitie (de quoi laisser un brin sceptique tout de même)...
Ayant fait baver de hâte certains, et rebuté d’autres, les deux morceaux « A
Rose for Epona » et «
Meet the Enemy », qui furent publiés bien à l’avance, ont laissé plané le doute quant à l’avenir de la formation. Dans quelle direction s’en va
Eluveitie? Est-ce que
Helvetios fera partie de ces albums qui marquent une vie au fer blanc? Le grand fan de la formation que je suis va donc tenter de répondre à la fois subjectivement et objectivement à ces questions. Il en va de soi que la tâche demeure plutôt complexe, mais le devoir m’appelle, et je me dois de peser le pour et le contre de la galette au détriment des aveuglements fanatiques et autres objections pessimistes...
Pour commencer, je me dois d’avouer mon attrait particulier pour l’artwork et la pochette. Le dessin de triskèle figurant sobrement sur un fond noir est relativement simple mais à la fois complexe, scellant en lui-même toute la symbolique de ce « concept-album », qui se veut historique, puissant et épique, dédié en hommage aux peuples Gaulois (particulièrement les Helvètes, on s’entend). Certains diront que la pochette ne casse pas trois pattes à un canard, mais j’y vois d’avantage une volonté de changement... pour le meilleur et pour le pire (hélas).
À présent, je m’attaque à la musique de l’opus! Branchez donc vos casques, insérez le CD dans le lecteur et on est parti pour près d’une heure d’escapade, à la traversé de forêts, de batailles et autres nombreux paysages!
Premièrement, je tiens à dire que cet album ne comporte pas 17 pistes, mais plutôt 14. Pour nous mettre un peu dans l’ambiance, nous avons à faire à une petite narration sympathique et à quelques bruits de vent, de même pour boucler l’album (avec quelques notes à la flûte, histoire de dire que c’est quand même un morceau de musique...), et un « Tullianum » d’à peine 20 secondes, planté entre deux morceaux comme on planterait un bonzaï entre deux chênes centenaires... Les narrations apportent tout de même quelque chose à l’album, sans pour autant révolutionner l’album.
Mais oublions ces détails. Je vais d’abord évoquer les points forts de l’opus, et parler du meilleur d’
Helvetios.
En ce qui concerne la qualité d’enregistrement, je pense qu’il n’y a rien à redire. Les instruments folkloriques et les parties métalliques sont bien agencés, les voix rendent très bien dans le décor, et l’ajout de chœurs comme dans le morceau «
Helvetios » apportent au tout un côté grandiose très appréciables! De plus, la voix de Chrigel Glanzmann a gagné en puissance avec les bénéfices du temps, et sa hargne guerrière dans le morceau « The
Siege » ne peut laisser personne indifférent.
En progressant au fil de l’album, les parties dansantes et éclairées par les thèmes folkloriques donnent le sourire, et se marient parfaitement au son des bons coups de guitares et aux rythmes entraînant de la batterie. Les morceaux comme Luxtos (avec le thème de la jument de Michao, s’il vous plaît!), Santonian
Shores, ou bien encore
The Uprising, mettent au premier plan de façon astucieuse les instruments folkloriques, en introduisant les mélodies de façon à ce que l’auditeur appuie sur play et dès ce moment précis se dise « Ah! Ça c’est du
Eluveitie comme je les aime! ». Je n’ose même pas imaginer la frénésie des foules lors des concerts : le groupe nous a quand même pondu quelques petites bombes auditives qui vont sûrement créer pas mal d’enthousiasme en live, j’en suis certain.
L’agencement des morceaux est relativement bien fichu également. Le morceau «
Hope » est, tel que son nom l’indique, une belle lueur d’espoir quant au besoin d’entendre au moins une belle pièce entièrement acoustique au sein de cet album... Ce beau petit morceau léger et reposant se juxtapose ensuite à un « The
Siege » belliqueux et décisif, qui surprend l’auditeur et le renvoie sur le champ de bataille (après le calme... la tempête!). Je me dois d’évoquer mon agréable surprise quant à la partie au violon sur ce morceau, qui fait corps avec la frénésie rythmique à la batterie... un véritable petit « eargasm » au sein d’une bataille qui n’a de cesse d’augmenter les pulsions guerrières de l’auditoire. Dans le même esprit, «
Meet the Enemy » est également un bon morceau, agressif, puissant, guerrier, éclairé de çà et là par quelques notes folkloriques bien sympathiques, suivi par un «
Neverland » introduit par un thème à la flûte plutôt plaisant.
La prestation vocale d’Anna Murphy est plutôt agréable à entendre, puis quand je parle de sa prestation, je veux surtout parler évidement du morceau « A
Rose for Epona », ce morceau qui a littéralement divisé l’auditoire. Pour vous dire honnêtement, je pense qu’il y a quand même des parties intéressantes dans ce morceau, hormis le fait que oui, l’introduction nous fait bizarrement penser à une pièce d’un groupe nippon que je ne citerai pas ici. Le clip du morceau est beau esthétiquement parlant, mais nous avons à faire à du
Eluveitie un peu à la sauce Evanesence, qui veut plaire à un auditoire plus large au détriment de ses plus anciens fans, qui ne jurent que par la crédibilité unique du bon vieux temps de «
Spirit » (au passage, oui je suis un vieux fan, non, je ne dis pas que
Spirit est le seul « vrai bon album », parenthèse fermée). Uxellodunon est également un bon morceau qui boucle plutôt bien l’album, déclinant ses thèmes celtiques toujours de la même façon. Bref, la recette est toujours aussi efficace, et le groupe l’a même très bien compris. Encore faut-il ne pas en abuser...
À présent, on va passer à la partie un peu moins sympathique de ma chronique...
Je ne vais pas vous parler de ce
Eluveitie qui porte des grosses RayBans® et qui se prélasse dans de grands Jacuzzis. Je ne vais pas vous parler non plus de ce Eluveite d’Elu-TV qu’on a tendance à critiquer souvent, de par leur attitude actuelle et tous les préjugés qui peuvent tourner autour d’eux. Je vais plutôt vous parler des points faibles musicaux de l’album, de ces quelques failles qui font qu’
Helvetios n’est pas un excellent album.
Eluveitie est aujourd’hui un « gros » groupe, et
Nuclear Blast ne manque pas de les propulser vers une stratégie mercantile qui, malheureusement, tend à dévaloriser le potentiel de la formation. Après le clip de « A
Rose for Epona » plutôt bien réussi, c’est au tour de «
Havoc », trois jours avant la sortie officielle, de faire son apparition sur le net. Le choix du morceau est à mon goût assez incompréhensible, car «
Havoc » est loin d’être mauvais, mais il est loin d’être un des meilleurs morceaux de l’album! Le thème d’introduction au violon est du
Eluveitie tout craché, mais qui malheureusement n’est pas assez convainquant de par le fait que nous avons cette désagréable sensation de déjà entendu, d’où la stratégie du groupe de renouveler la recette sans chercher à décrocher la lune... Et je ne parle même pas du clip, qui ne présente aucun intérêt, autant sur le plan esthétique que symbolique.
De plus, notons que cet album, autant complet soit-il, ne comporte que deux pistes acoustiques!
Hope,
Scorched Earth... et puis c’est tout? Honnêtement, je pense que le groupe aurait pu nous pondre un ou deux morceaux folkloriques de plus sur un total de 17... Euh pardon, 14 pistes.
Vous remarquerez aussi qu’un grand nombre de pistes portent un titre écrit en Gaulois, mais que malheureusement, peu d’entre eux sont chantés en cette mystique et merveilleuse langue, qui a d’ailleurs propulsé
Eluveitie à ces débuts vers le chemin de l’originalité et de la gloire. Par Toutatis... pourquoi?! Peut-être que chanter en anglais permet de mieux faire passer le message et les textes à l’auditoire international, mais je pense qu’une grande partie d’entre eux aurait aimé avoir affaire à une panoplie plus conséquente de textes en Gaulois.
Notons aussi que le côté novateur à la «
Evanescence » du groupe est loin d’engendrer que des bonnes surprises... La voix d’Anna est certes, plutôt agréable à entendre, mais sa prestation sur le morceau « Alesia » est plutôt décevante... Sa voie est sucrée, dégoulinante, mais ne me transporte pas. Je pense que
Eluveitie veux, là aussi, plaire à un auditoire, sans se soucier vraiment de ce que sa musique est censé apporter, à savoir le son d’un Folk
Metal mystique et puissant. Et là encore... Anna Murphy a tellement une belle voix quand elle chante en Gaulois, dommage que nous n’y avons pas droit...
Pour finir, je vais exprimer mes relents de nostalgie et mes condoléance pour un
Eluveitie qui n’est plus. Je parle de cet
Eluveitie païen, de ce groupe qui mêlait bruits de nature aux sons de mélodies novatrices, de textes antiques et de splendeurs ancestrales, qui nous propulsait au son de leurs instruments au sein d’un univers
Spirituel riche en émotions et en originalité. Je veux parler de «
Vên », de «
Spirit » et de «
Slania », de leurs hymnes, de leurs balades et de leurs odes à la nature. Je veux aussi parler de ces incantations ancestrales, qui kidnappait notre esprit et fascinait notre âme, au sein d’un « D'vêritû Agâge D'bitû » énigmatique, d’un « Elembivos » grandiose, ou bien encore d’un traditionnel « Tegernakô » qui clôturait chaque concert par une transe générale, qui faisait giguer l’auditoire du devant de la scène jusqu’au fond de la salle... Ah nostalgie! Quand tu nous tiens...
Pour conclure,
Helvetios n’est ni un très bon album, ni une déception.
Eluveitie reste un bon groupe, avec ses forces, ses faiblesses, mais qui je pense ne lassera jamais. Malgré quelques très bons passages et autres morceaux très entrainants,
Eluveitie veut plaire, mais s’aventure quelque fois dans la facilité. 14/20 est une note plutôt favorable, mais le groupe vaut je pense beaucoup plus. Après m’être passé au moins 20 fois l’album en boucle, j’ai appris à adhérer à certains bons nouveaux côtés de la formation, et j’ai envie de dire tant mieux! Après tant d’émotions, je vais aller me faire une petite balade en forêt, et m’écouter « Aidû » pour me changer un peu les idées.
Helvetios, pour le meilleur et pour le pire.
14/20.
Sinon bonne chro, je sais maintenant que je n'investirai pas dans cet album.
Les paroles sont super, les interprétations trad' très réussies (c'est d'ailleurs les euls raisons pourquoi j'en écoute), mais c'est tout. Ils tournent en rond, et leur circonférence est courte. Orobouros n'a déjà plus rien à se mettre sous la dent
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