Enregistré durant l'automne 1997,
Fragments paraît (enfin) début 1998, soit cinq années après le précédent full-length
Sublime Dementia. En dépit d'un EP et d'un
Live - tous deux de très bonne facture - sortis entre temps,
Loudblast sait se faire désirer. Cette nouvelle rondelle va clairement marquer une évolution dans la discographie des lillois, avant la séparation provisoire du groupe fin 1999.
Le visuel. Si la cover ("
The Black Aria") a de nouveau été confiée à Bolek Budzyn, des changements sont notables : un logo légèrement retouché, et surtout un digipack au contenu assez nouveau.
Exit les estampes de Budzyn, le livret est cette fois composé de sombres photographies retravaillées numériquement. Des icônes plus que suggestives, à l'effigie totalement assumée du SM. L'ensemble contribue à plonger le fan dans cet univers des plus malsains. Car il s'agit là d'une sorte de concept-album, narrant les pérégrinations sexuelles d'un "esclave" (dé)voué à l'hédonisme et à la cause de la chair. Aussi, les textes sont majoritairement à la première personne, et renforcent l'immersion de l'auditeur.
Mais le principal enseignement est bel et bien l'aspect musical. Au regard de leurs précédents efforts, et comme le groupe l'avait annoncé, la cadence globale de l'album est nettement ralentie, notamment par de nombreux mid-tempi. Les accordages des guitares sont désormais plus variés (allant jusqu'au Si comme sur
Taste Me ou le dissonnant Pleasure Focus), comme le veut la tendance du moment. Les morceaux sont assez courts, les structures simples, les nordistes misent dorénavant plus sur l'efficacité, tout en cherchant à développer des ambiances prenantes (comme sur Carpe Diem ou le pont du très bon Man's Own).
Si le groupe parvient sur certains morceaux - comme
Flesh ou Man's Own - à conserver une identité qui lui est propre, ne nous voilons pas la face :
Loudblast opère avec
Fragments un changement de cap qui ne sera pas forcément des plus réussis, malgré un excellent travail de Stephan Kraemer et Colin Richardson au mix. Car si la courte transition entre Man's Own et
Flesh augure d'un album au déroulement rapide, c'est sans compter sur un certain "ventre mou" mal dissimulé de la sixième à la dixième piste. Des morceaux mêmes franchement banals, comme
Labyrinth, ou Vices dont on ne retiendra que le solo, le quartet se montrant désormais avare en démonstration technique. On notera tout de même un Into the Keep assez audacieux, aux sonorités flamenco du plus bel effet. Egalement cet Ecstatic
Trance (majoritairement en ternaire) presque envoûtant, et sur lequel François Jamin se fait plaisir et régale à la basse.
De bonnes choses, certes, mais quoi qu'il en soit,
Loudblast perd indéniablement de son cachet avec ce quatrième album. Par l'utilisation presque abusive d'intonations mineures (on frôlerait presque l'Emo sur I Against I ou
Frozen Tears) ou d'harmoniques artificielles (
Labyrinth, Man's Own), en ce qui concerne les guitares.
Par certains breaks lorgnant vers le tribal (
Taste Me et son didgeridoo, Vices), ou encore ce finish pour le moins déconcertant de I Against I, sur lequel Hervé Coquerel jette le timbre de sa caisse claire aux oubliettes, et Stéphane Buriez d'opter pour un chant clair des plus graves façon Peter Steele.
Et donc par cette voix, et ce chant toujours aussi rauque et puissant, mais cette fois trop mis en avant, et justifiant cette impression globale de "formatage".
Fragments n'est pas un mauvais disque. Seulement il intervient après plusieurs sorties de (très) haute volée. Aussi, réitérer pareils exploits (sans tomber dans la repompe) s'annonçait forcément périlleux. Dans cet exercice,
Loudblast ne s'en sort pas si mal, mais fatalement déçoit tant la barre était haute. Stéphane Buriez ira même jusqu'au bout de son idée avec Clearcut, en compagnie d'Hervé Coquerel. Un side-project "de substitution", qui s'avérera être un feu de paille, tant le projet manquera d'inspiration et d'ambition...Ce n'est que le 18
Novembre 2000, au gré d'un concert de soutien à Chuck Schuldiner alors malade, que la flamme renaîtra. Il faudra désormais attendre 2004 pour pouvoir juger de la suite.
Loudblast, un groupe qui sait (vraiment) se faire désirer.
13/20
Réévalué à 13, ça me semble plus juste.
Le virage de l epoque ne m avait pas choqué...et cet album m avait enchanté...certes plus lent,le metal operait sa mutation et le neo deboulait en releguant le death aux oubliettes.
Donc Loudblast a sorti dans 1 contexte compliqué 1 oeuvre coherente qui ne renie en rien le style du groupe.
Belle chro
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