Force Majeure est une oeuvre particulière dans la carrière de notre Allemande préférée. Le fait qu'il soit son tout premier album portant son nom revêt déjà son importance mais c'est surtout un album rescapé de justesse de la discographie des braves
Warlock.
Doro, en effet, aurait voulu sortir ce disque sous le nom de son groupe mais celle-ci s'est vu interdire son utilisation, l'affaire est allée jusque devant les tribunaux et elle a perdu. La demoiselle a dorénavant récupéré les droits et pourrait donc réaliser à sa guise un prochain opus portant ce fameux patronyme :
Warlock.
Après le remarquable
Triumph and
Agony, qui acheva de montrer à la face du monde tout le talent du sorcier, le batteur des débuts se fait la malle, faisant donc de
Doro, la seule survivante de la formation originelle. Il en faudrait plus pour décourager la belle. Celle-ci recrute un nouveau cogneur (Bobby
Rondinelli) puis un nouveau guitariste. Le nom du groupe sera
Doro. Le lien avec sa carrière au sein de
Warlock est alors tout de suite plus aisé à faire pour ses Fans.
Entourée de Joey Balin, compositeur/producteur que l'on trouvait déjà sur le petit dernier, ils s'enferment dans un studio de
New York pour y enregistrer
Force Majeure, qui bénéficiera de toutes les attentions pour en faire un digne successeur à l'énorme
Triumph and
Agony.
La comparaison entre le dernier album de
Warlock et le premier de
Doro peut se justifier par la similitude de la plupart des chansons ("
World Gone Wild", "Under The Gun" ou "
Cry Wolf" par exemple). Mais, personnellement, je trouve le
Doro plus varié, plus mélodique et surtout : il n'y a pas d'équivalent à l'hymne "All we Are" dans celui-ci.
Cela dit, je m'incline devant cette comparaison un peu hâtive puisque dans la liste des points communs il y a la pochette dessinée par le même artiste (Geoffrey Gillespie). En plus de cela, l'album éponyme qui suivra n'aura pas du tout le panache des opus cités au-dessus puisqu'il sonnera moins Heavy.
Première surprise, l'album commence par une ballade Rock : "
A Whiter Shade of Pale", reprise du groupe des années 60/70 : Procol
Harum !
L'originale, qui est un véritable standard soft rock, est une réelle ballade romantique avec une petite pointe de psychédélisme, ici, dans la version qui nous intéresse. L'émotion est bien transmise par le chant et la mélodie de base. Les gros accords de guitares, le solo et l'intervention du batteur amènent ce côté rock/hard typique de son époque. Bref, la transformation est parfaitement réussie!
La suite nous plonge rapidement dans un coktail d'énergies et d'atmosphères proches de celles qu'affectionnaient
Warlock. Une tuerie speed se trouve à la onzième piste : "Under The Gun", avec ses faux airs à la Accept, nous surprend entre deux morceaux relativement calmes que sont "
Cry Wolf" et le poignant "River of Tears".
Pendant toute la durée de l'album, l'auditeur navigue entre l'excellence d'une rythmique ("
Save my Soul"), le calme d'une ballade aux notes de piano élégantes et à la voix douce ("
Beyond The
Trees"), l'anthologie d'un "
Hellraiser" à la ferveur toute métallique, fortement marquée par son rythme lent et son refrain ponctué de "oh oh, oh oh oh". Cependant, tous les titres ne sont pas exceptionnels et "
Hard Times" aurait pu être plus mordant. Ce que rattrape "I Am What I Am" avec brio, tant son rythme proche du speed nous revigore!
Parlons un peu de la voix de miss
Doro Pesch : plus nuancé, son chant exprime moins de folie qu'auparavant et fait donc preuve d'une meilleure maîtrise. Ce n'est pas moi qui le dit mais mes oreilles (ha ha!). D'ailleurs nous pouvons le constater sur "Bis Aufs
Blut", qui est, de surcroît, chantée a capella.
Cette dernière piste, semblable à une berceuse de trente-huit secondes, détone franchement de l'album mais ajoute encore de l'originalité à ce fameux disque.
Je ne sais pas quel accueil lui a été réservé à sa sortie, mais l'album représente à coup sûr une excellente carte de visite pour
Doro : la variété des ambiances, le mélange des genres, même si cela aurait pu être préjudiciable. Le tout est finalement assez cohérent pour ne pas perdre le fil.
Le Heavy
Metal pratiqué ici n'est pas des plus sauvages. Pourtant issue de la furieuse scène allemande,
Doro, s'est progressivement "américanisée", comprenez par là qu'elle a adouci sa musique pour qu'elle plaise au marché US. Rassurez-vous, ce n'est pas non plus la foire aux potirons et c'est une pratique très courante à l'époque, les groupes explorant d'autres territoires musicaux avec plus ou moins de réussite. Là, c'est tout à fait correct!
Un détail sur la pochette nous interpelle : elle montre
Doro en train de marteler la lettre "D" préalablement chauffée au fer rouge. Il est clair que cela montre que la chanteuse a bien l'intention de se forger un nom dans la scène
Metal.
Elle y est arrivée mais, à mon sens, le plus gros du travail était déjà fait durant l'ère
Warlock.
L'orientation musicale subira quelques changements parfois risqués mais la passion, la foi resteront toujours en surface, incarnées par
Doro au nom du Rock
Metal. Pourquoi cette dernière dénomination? Parce que son répertoire se situe véritablement et humblement dans ce large éventail du Rock aux couleurs de
Metal.
Dans la continuité de Warlock, la belle allemande nous balançe un 1er album de Heavy Metal très prometteur,avec une belle reprise du méga tube de Procol Harum: " A whiter shade of pale".
Qui n'a pas dragué sur ce slow ?
16/20
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