Doro est une artiste qui aime prendre des risques, n'ayant pas peur de changer sa musique en y ajoutant des influences Indus ou en multipliant les ballades langoureuses.
Cela dit, on ne pourra jamais lui enlever ce qui fait sa force : son incroyable énergie doublée d'une générosité à fleur de peau. Si, par contre, vous êtes mordu de gros
Metal qui tache passez votre chemin, ce disque n'est pas pour vous car, à part "
Poison Arrow" qui arrache bien, le reste est bien trop sage. Mais, c'est bien connu, nous ne sommes pas que des bourrins, ce qui me fait dire que l'un peut très bien aller avec l'autre. Au bout d'un certain temps à écouter et à s'intéresser à la musique il arrive fréquemment que l'on capte plus ou moins l'âme d'un artiste, que l'on arrive à cerner ses particularités.
Rien n'est immuable alors peut-être il faudrait oublier une fois pour toutes le Heavy ou le
Hard Traditionnel qui était déjà un peu timoré sur
Angels Never Die de 1993!
Vraiment? C'est une blague! cela ne peut s'oublier ... mais en attendant le réveil de
Calling the Wild en 2000 notre belle chanteuse à la tête ailleurs, affairée à d'autres plaisirs.
Avec ses paroles tournées vers les sentiments ou encore le désir, sa musique teintée à nouveau de sonorités Indus et sa pochette assez sobre, nous sommes totalement dans la continuité de
Machine II Machine (1995) avec, toutefois, une différence majeure : sur le précédent il n'y avait guère que trois ballades alors que sur ce
Love Me in Black il y en a pratiquement sept, ce qui fait la moitié de l'album !
Autant dire que pour accrocher à l'objet, mieux vaut apprécier l'exercice délicat de la chanson douce. Oui car ce n'est pas simple de produire une belle ballade : il faut cette fameuse tension qui fait la différence et ne surtout pas sombrer dans la mièvrerie.
Doro n'a pas de soucis à se faire de ce côté-là car elle possède une voix faite pour les ballades - dixit je ne sais plus qui - entendez par là que son timbre rocailleux se pose harmonieusement sur des tempos lents et autres jolies ambiances.
Le disque commence pourtant fort avec deux titres courts qui stimulent nos sens métalliques mais toujours noyés par les effets pouvant se rapprocher de l'Indus. Ce qui est moins plaisant c'est que la musique semble bien peu mise en valeur pour un rendu global faisant penser davantage à une danse.
Les paroles ont l'air d'avoir plus de sens que la musique. D'ailleurs, il y a très peu de soli de guitare dans cet opus. Mais au regard de la sublime première ballade donnant son titre à l'album, est-ce vraiment un inconvénient?
Love Me in Black voudrait dire en français "aime-moi en secret".
Doro a cette façon de chanter cet amour caché avec des mots simples qu'elle transforme en or sur un rythme banal mais qui sublime le chant, pareil pour les légères notes aux claviers.
Après avoir séché nos larmes on se prend un "
Pain" bien négocié dans la tronche pour accueillir la seconde ballade chantée en allemand qu'est l'apaisante "Tausend Mal Gelebt", rehaussée enfin d'un solo de six cordes.
Plus haut, je traitais du manque de relief de l'instrumentation, mais il se trouve justement que sur les titres les plus calmes elle apparaît plus riche, plus travaillée.
Au rayon des boulets de canon on trouve "
Poison Arrow" que j'évoquais au début de ma chronique : ce titre vaut le détour et tranche avec le reste de ses camarades au niveau des guitares et de sa rapidité d’exécution. Avant ce moment de joie intense, on aura fait un détour au chapitre de la reprise de
Heart avec "
Barracuda" passée à la moulinette Heavy Dance Music, plutôt agréable même si ce n'est pas transcendant.
Le principal défaut de ce sixième effort studio en solo réside, pour moi, dans l'enchaînement central des trois ballades "
Kiss me Goodbye", "I Want You Back" et "
Long Way Home". En effet, cela en devient indigeste à force. Pourtant, en isolant les titres, ils sont tous bons, bien chantés, avec un certain feeling, etc. En fait, je ressens un peu la même chose pour chaque morceau. Comme si l'album représentait un puzzle sans que ses diverses pièces ne puissent s'assembler correctement!
En guise de conclusion de cette surprenante galette, la douceur n'est pas partie bien loin avec d'abord une fausse ballade (la prenante et dansante "
Prisoner of Love") et la vraie, témoignant d'une grande sensibilité : "Like an
Angel".
Au final, on ressort de l’œuvre avec une nette impression de longueur tout en ayant trouvé une forme d'apaisement grâce aux derniers titres évoqués.
Qu'on se le dise :
Doro aime les paris risqués! Mais, en s'écartant encore de son genre musical de prédilection, la chanteuse risquait de se perdre et un choix s'imposait : continuer à expérimenter ou revenir peu à peu à ses premières amours?
On peut dire qu'elle a vécu le creux de la vague, pas forcément à cause d'un manque d'inspiration mais peut-être par excès de curiosité la poussant au changement. Est-ce un mal? Non. Mais, personnellement, je suis ravi de son retour en force dans le bon vieux Heavy qu'elle s'applique à personnaliser, souvent avec bonheur!
Sur Calling the Wild de 2000 il y en a aussi beaucoup mais elles passent mieux et les titres les entourant dépotent comme il faut.
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