Suite à l'album
Live enregistré lors de la tournée en support d'
Angels Never Die, nous retrouvons notre chère
Doro en l'an de (dis)grâce 1995 avec une nouvelle offrande assez déstabilisante pour les ultra fans de la Frauleïn :
Machine II Machine.
En effet, si le surnom de
Metal Queen lui va aujourd'hui comme un gant au regard de l'étendue de sa carrière, ce n'est pas spécialement raccord ici et exigerait quelques rustines pour colmater les brèches ! Les avis divergent peu sur le fait que cet opus et le suivant ont quelque peu descendu
Doro de son piédestal de reine du Heavy à tendance
Hard FM. Et pourtant, à bien écouter, l'oeuvre n'est pas si éloignée de la précédente.
Habituée à s'entourer d'une véritable équipe de production depuis quelques temps, c'est encore le cas ici avec le même
Jack Ponti aux manettes, assisté entre autres de Kevin Shirley. Ainsi, nous ne pouvons reprocher un manque de regard extérieur et, malgré nos éventuels doutes sur les choix artistiques, ceux-ci restent bien l'oeuvre de la chanteuse. Seulement voilà : l'album est trop long pour le style pratiqué.
Là où
Angels Never Die pouvait faiblir par moments, cela en devient lassant, à moins de pouvoir rester concentré sur les refrains qui sont généralement bons. Alors, malgré cela et des textes consacrés bien souvent au sexe et à la séduction ("Attache moi", "je te veux") appuyés par la voix sensuelle de
Doro, pourquoi cela ne fonctionne-t-il pas?
Est-ce le rythme peu varié, presque robotique des morceaux qui empêche d'aimer pleinement le disque ou bien encore l'ambiance froide et la profusion de choeurs maladroits ? Je m'interroge ...
"Tie Me Up" démarre avec une sorte de beat proche de l'électro pour ensuite accueillir un bon riff écrasant de guitare, une basse ronflante. L'ensemble est très dynamique avec un solo légèrement torturé. Ce premier titre emprunte le côté tourmenté de l'Indus avec des arrangements spéciaux tout en étant pas des plus étonnants de l'album. Un assez bon morceau d'ouverture où l'on a droit à un chant restant encore naturel et énergique.
Pourquoi avoir mi autant de choeurs dans "The Want"? Dommage! Car, après les quelques murmures de plaisir introductifs de la chanteuse que l'on imagine surfer sur la vague du désir, c'est à un chant habité par cette envie soudaine auquel on a droit durant les 6'30 de la chanson. Le fond sonore, quant à lui, garde une certaine fièvre et toujours une couleur Indus.
"
Ceremony" joue davantage sur les rythmes hypnotiques de l'électro couplé aux guitares Rock, avec ses effets d'ondulations ou tremolo stéréo. Titre bien travaillé (pour ne pas dire trafiqué). On regrettera juste le chant semblant lointain et étouffé, un "dommage colatteral" que l'on retrouvera également sur la ballade finale au refrain apaisant, "
In Freiheit Stirbt Mein Herz".
Après le morceau éponyme à nouveau hypnotique mais donnant plus dans la lenteur, "Are They Comin' For me" arrive à créer un beau contraste autour de guitares arabisantes, privilégiant une instrumentation plus légère, moins marquée par la froideur de l'Indus.
Les deux titres suivants durcissent le ton et renouvellent notre attention avec, tout d'abord, un "Can't Stop Thinking About You" lorgnant du côté de "Eye on You" du précédent opus, en toutefois moins énergique.
La hargne se fera plus ressentir sur "Don't
Mistake it For Love" et son solo bien Rock n' Roll.
Aux chapitres des ballades, parmi les trois présentées ici, il n'est pas facile de choisir sa préférée car l'imperfection semble les avoir atteintes. Que ce soit le refrain sans relief de "Desperately", la trop sage "Light in The Window", il n'y a guère que celle évoquée plus haut et chantée en allemand qui puisse donner le change.
Le disque se termine peu à peu comme il a débuté, mis à part les slows et j'ai envie de citer "Like Whiskey Straight" que je verrais bien passer en discothèque électro/Indus en buvant des "one shots" au bar ! C'est un des meilleurs refrains de l'album avec une passion prenante, dans l'ensemble, même si la voix trafiquée et le retour des boucles peuvent rebuter au premier abord.
Au final c'est donc un album avec des hauts et des bas (sur la pochette on ne voit que le haut) qui se distingue dans la discographie de
Doro, comme un changement de cap qui se confirmera trois années plus tard avec
Love Me in Black.
Avant celui-ci il y a le EP Electric Club Mixes fait entre autre avec le groupe électro
Die Krupps. Ce sont eux qui sont responsables de la deuxième version anecdotique de "
Ceremony" (Rattlesnake Bite Mix) sur la dernière piste du disque qui nous intéresse ici même.
Pari risqué d'une artiste attachée au Rock dur et à la scène, qui d'ailleurs fait encore aujourd'hui l'impasse sur cet album durant ses concerts,
Machine II Machine et ses 14 titres pour une durée de 67 minutes ne trouva pas le succès escompté.
Malgré une assez bonne production, assumant l'influence Indus sans en faire forcément, les bonnes idées sont un peu noyées dans la masse et si certains titres arrivent à m'entrainer dans leurs fièvres, la majorité d'entre eux ne parvient pas vraiment à me transporter.
Une passerelle ardue à traverser sans tomber dans l'oubli mais qui, à mi-chemin, peut se révéler intéressante, à condition de savoir dépasser la froideur de la production et l'uniformité générale.
Et sinon tu en pense quoi de l'album ?
Ben je l'aime bien moi ce Doro, comme la plupart de ces albums des 90's, cette nana avait le chic pour varier un peu les plaisirs. En dehors des ballades qui m'ont toujours paru bien trop creuses, cet épisode pseudo-indus m'a toujours plu, mais je pense que c'est plus par affection et nostalgie qu'autre chose.
L'affectif entre en compte aussi chez moi lorsque j'écoute un disque en demi teinte mais je m'éfforce de garder les pieds sur terre même si c'est difficile avec ma passion pour Doro (-:
@ Spirithorse : merci pour ton commentaire cher frangibus (((
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