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Epica » est la première partie d'un album concept en deux parties basées sur une série de livres populaires, la pièce «
Faust » de Goethe ; il a cependant la particularité de ne pas être un album concept typique. En effet, l’histoire n'est pas traitée de manière brutale ou prétentieuse car celle-ci est tamisée et n'est là que si l'auditeur choisit de s'immerger. De plus, l'éventuel manque de connaissance sur le sujet ne saurait affecter la façon dont on perçoit l'album puisque l’auditeur pourra encore s'en remettre uniquement à son mérite musical.
Pour faire simple, les paroles de «
Epica » sont une description détaillée de l'amour, de la perte, de la vanité et de la cupidité. Cette œuvre raconte l’histoire d’Ariel, un homme puissant et riche qui aime jouer avec le feu, sans anticiper sur le fait qu'il pourrait être brûlé. Le destin d'Ariel est tissé par l'archange sombre et espiègle, Méphisto, qui a le désir de causer la ruine du pauvre Ariel dont l'orgueil a défié Dieu. Méphisto a donc l'intention de le punir ! Helena, la belle jeune fille qu'Ariel aime, se tue dans son propre chagrin à cause notamment de la vanité d'Ariel et des actes sinistres de Méphisto.
Sur cette pièce, Khan parvient à gérer à la fois les personnages d'Ariel, le protagoniste sus-mentionné, et Méphisto, l'antagoniste satanique qui tente donc Ariel avec des promesses de connaissance, de femmes et d'immortalité. Il n'est assisté vocalement qu'à quelques reprises par la femme du guitariste Thomas Youngblood, qui assume le rôle d’Helena.
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Epica » présente un récit extrêmement clair, à la fois émotionnellement et objectivement, et ce, à travers la musique et les paroles. Il a probablement la progression la plus claire des œuvres du combo, en plus du fait que les riffs, les claviers et, bien sûr, la voix de Khan créent un ensemble fantastique.
Pour le style,
Kamelot a poussé sa musique vers une veine progressive tout en conservant son style power metal. L'influence symphonique s'est, par ailleurs, intensifiée sur cet album, et cela se perçoit à travers un travail plus dynamique sur les parties de claviers et les orchestrations. Les éléments symphoniques ont même été mis en relief, incluant désormais l'utilisation d'un orchestre complet, de chœurs et d'instruments étranges pour améliorer le concept. A la manière d'un album concept, cette analyse, une fois n'est pas coutume, suit l'oeuvre dans son intégralité, au fil de sa progression.
Cette pièce somptueuse s’ouvre sur "Prologue", qui est la première des six courtes chansons d'intermède clairsemées à différents endroits de l’album, probablement estampillées ci et là uniquement pour suivre le scénario. Il s’agit-là d’une bonne minute de travail orchestral qui sert d’intro à "Center of the
Universe", dont le paysage sonore s'ouvre et gagne en puissance au fur et à mesure que les voix arrivent. La batterie montre des rythmes impressionnants quand la voix se fait ici bien modérée. Au milieu de la chanson, le climat s'apaise, ne laissant alors apparaître que le piano avec la voix feutrée de Khan suivie par le magnifique fond de voix féminine, après quoi, tous les instruments explosent, toutes les voix atteignant dès lors des notes vraiment aiguës. Pour ma part, cette piste est certainement l’une des meilleures chansons que le groupe ait pu réaliser. Cette première partie se conclue avec "
Farewell", titre très agressif mais qui se calme au moment où Khan se met à chanter. Encore une fois, le clavier domine les autres instruments, créant alors de magnifiques airs et de nombreuses mélodies enivrantes.
"Interlude I (Opiate Soul)", qui utilise les airs de clôture de la dernière chanson sert de deuxième intermède pour nous ouvrir la seconde partie de ce chef-d’œuvre. Elle a la particularité de présenter un chœur de type grégorien terriblement envoûtant : "Dolcissimae... Oh Fortuna... Venit Meos... Aaah Aaaah", qui fait également une apparition sur la piste suivante "The Edge of
Paradise", dont elle sert également d’intro. C’est un titre très mélodique et bien construit incluant des voix d'opéra.
Une nouvelle fois, le côté plus doux du groupe est mis en évidence dans une de leurs belles ballades, intitulée "Wander" ; un numéro très accessible avec un travail de guitare très efficace, des pianos, des violons et d'autres arrangements orchestraux prenant également place dans cette chanson. Certainement l'une des plus belles ballades du combo américa(no)rvégien à ce jour.
"Interlude II (
Omen)", un autre intermède fait de piano et de violons, nous ouvre la piste "Descent of the
Archangel" qui présente une apparition en tant qu'invité du guitariste de
Rhapsody, le grand
Luca Turilli qui est, comme toujours, excellent et il le montre ici ; beaucoup de mélodie et un excellent travail de jeu de guitare.
Débutant avec "Interlude III (At the Banquet)", brève offrande comportant des sons d'une fête en arrière-plan, la troisième partie nous amènera vers "A Feast for the
Vain", doté d'une mélodie des plus accrocheuses contrastant alors avec un passage sombre et lourd. Des riffs traditionnels nourrissent la chanson et le solo est, une fois de plus, signé
Luca Turilli. Cette piste est suivie de "On the Coldest
Winter Night", évoquant parfaitement les sentiments de froid et de désolation, avec un beau riff principal et une basse acoustique émouvante ; sans parler de la fantastique performance de sa seigneurie Roy Khan. En outre, la guitare acoustique, les cordes, le piano et une batterie légère ouvrent la voie dans cette chanson absolument magnifique. On peut comparer ce titre à "Don't You
Cry" de l’album «
Karma », à la différence que ce morceau s'avère beaucoup plus progressif. Cette partie se termine avec "
Lost and Damned", autre point fort de l'album, avec des riffs hors du commun et un excellent refrain s'ouvrant sur une batterie lourde, un piano et des synthés.
Enfin, "Helena's Theme" et "Interlude IV (
Dawn)" amènent l'album à sa dernière partie ! La première citée est marquée par le piano, le violon et une voix féminine (Helena), tandis que la seconde comporte la voix de quelqu'un annonçant sa mort.
Ce joyau s’achève sur les deux derniers titres, "The Mourning After (
Carry On)" et "III Ways to
Epica". Si la première s'ouvre avec des riffs plus lents et lourds, avec un refrain prenant qui vous donnera l’envie de le chanter, la dernière vient clore l'histoire à merveille. C’est probablement la meilleure chanson de cet ouvrage, avec un refrain extraordinaire. Difficile donc de juger une chanson aussi parfaite ! Que ce soient ses riffs fabuleux, que ce soit le chœur féminin qui suit le refrain, que ce soit la guitare… Bref, un must pour les fans de
Power-
Metal.
Juste une parenthèse encore pour évoquer l'édition limitée, cette dernière contenant également deux pistes bonus, "Snow" et "Like the
Shadow" ; aussi aboutis que tout autre effort de l'album, mais ne correspondant pas tout à fait au concept, ces deux titres ont toutefois été laissés de côté.
Au final, cet album a tellement marqué les esprits qu’un certain combo néerlandais emmené par la chanteuse Simone Simons et le guitariste Mark Jansen se sont baptisés du même nom…
Epica.
C'est certainement l’un des meilleurs album power metal jamais créés en raison de sa bonne histoire et de son excellence d’écriture. Le son du groupe est à son apogée et les parties instrumentales sont devenues de grandes parties mélodiques qui sont importantes pour leur style.
Pour conclure, difficile de dire lequel des albums de
Kamelot est le
Graal dans le triptyque «
Karma –
Epica –
The Black Halo », car ils sont tous trois exceptionnels !
La meilleure façon de les décrire serait de dire que «
Karma » est le plus abordable, que «
Epica » est le plus abouti en termes de travail et de composition, et que «
The Black Halo » est sa continuité naturelle avec cependant une touche plus sombre et diabolique. En résumé, chacun pourra y trouver son compte selon ses goûts et sa sensibilité. Pour ma part, mon cœur va vers «
Karma », même si force est d'admettre que «
Epica » est plus raffiné que son prédécesseur. La seule chose qui mettra tout le monde d'accord, c’est de confirmer que ces trois opus constituent l’âge d’or et l’apogée de la carrière de
Kamelot. Ils n'ont pas fait mieux depuis et c'est bien dommage !
Pour bien des fans du groupe, ce seraient ces trois albums qu'ils vous faudrait posséder en priorité !
Un bel hommage à ce superbe album, que j'ai mis finalement un certain temps à apprécier à sa juste valeur. Il reste pour moi le meilleur de cet excellent triptique, qui est tout ce que je connais de Kamelot.
Si tu veux en connaître davantage, ajoute quand même The Fourth Legacy et Ghost Opéra qui restent de très bons albums! Le reste, tu peux zapper, surtout les 2 derniers! Le nouveau sort au mois de mars, on verra ce que ça dira ...
The Fourth Legacy je l'ai en ligne de mire depuis que je suis au lycée, donc ça date, et je ne l'ai jamais acquéri, même si je connais le premier titre après l'intro. Enfin... je l'ai déjà entendu.
Ghost Opera je n'avais pas accroché (à l'époque de sa sortie), trop prog, mais bon, il mériterait que je lui relaisse une chance.
Enfin, on verra, parce que des albums dans ce cas il y en a un sacré paquet, et je ne peux pas être partout hélas...
Le reste est si terrible, après le départ de Roy Khan ?
Crois moi The Fourth Legacy tu seras pas déçu! Ghost Opera on va dire que c'est le dernier album au dessus de ceux qui le suivront! Poetry est pas mauvais mais était déjà annonciateur de ce qu'allait devenir le groupe!
Bien que Khan soit mon idole, je ne pense pas que son départ aie fait que Kamelot a chuté albums après albums! Mais Haven et Shadow Theory je les ai détesté! Ce n'est plus le Kamelot qui me faisait m'évader! Le Kamelot actuel, c'est un groupe parmis tant d'autres! Alors qu'avant, il y avait une âme. Pour moi, ce qui décrivait le son de Kamelot c'était le romantisme, la composition classique et l'opéra! Ici y a plus rien de tout ça!
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