"Le conformisme, c'est de ne pas faire ce qu'on a envie de faire, quand on en a envie. C'est oublier ce qui est unique."
Jean-Yves Soucy
Cet album est sans doute pour moi l'un des plus étranges et difficiles à critiquer, et ce, en raison du dilemme suivant : si un album est bon, peut-on pardonner à un groupe d'avoir abandonné une bonne partie de ce qui rendait sa musique unique? Je ne sais pas s'il y a une réponse objective à cette question. Probablement pas. Alors, penchons-nous sur la critique en elle-même.
Nous sommes en 2000, cela fait deux ans que
Rhapsody à sorti le magistral "
Symphony of Enchanted Lands", qui avait porté le power-symphonique plus loin qu'il ne l'avait jamais été ! Quelques changement de line-up plus tard, voilà que la bande revient avec "
Dawn of Victory". Et dès la pochette, les intentions sont données. Un guerrier toutes armes dehors, sous un ciel rouge-sang, ou rouge-ardent, selon les points de vue, se taillant un chemin au milieu des démons au fil de l'épée. Le dragon qui s'était imposé, et continuera de s'imposer comme le point commun entre tous les albums de
Rhapsody est en retrait, à peine visible... Oui, il y a des fois où le symbolisme est assez évident.
L'album commence donc par la contractuelle intro symphonique, sauf que là, si on a l'oreille, ou l'habitude de prêter attention à ce genre de détails, on se rend compte que l'orchestre a fait place à des samplers ; rien de gênant en soi, en raison du côté martial de la piste, notamment avec son tempo très appuyé. Surtout qu'au final, le chœur est bien plus mis en avant que les instruments, le tout sert son propos ; l'intro est lumineuse et porteuse d'une soif de victoire pour le moins rafraichissante.
Et les pistes de l'album s'enchaînent de façon très fluide...Vraiment je n'ai pas grand choses à redire. "
Dawn of Victory", avec son riff ciselé et puissant, et sa fougue instopable, emprunte de joie ; "
Triumph for My Magic Steel", avec son altération entre double pédale et mid-tempo, ses soli de guitare et de violon, les cordes rappelant en plus folk ce que l'on pouvait entendre sur "
Wisdom of the
Kings".
On pourra encore évoquer "
Holy Thunderforce", et le virage plus sanglant et sombre que cela apporte au disque. Mais aussi "Trolls in the
Dark", cet instrumental commençant sur une voix d'enfant chantant une mélodie sombre et mystérieuse pour finir sur des soli endiablés et un clavecin faisant la transition avec "The Last
Winged Unicorn" d'une belle façon, à tel point qu'on en pardonne presque à cette unique piste dispensable d'exister (et par dispensable, je veux dire, sympa, mais n'apportant rien de nouveau à l'album).
Et comment ne pas parler de la "ballade" folk "The Village of Dwarves", ou de la chanson finale, "the Mighty Ride of the Firelord", qui reprend avec brio tous les points forts de l'album en une seule chanson monolithique.
Alors où est le problème? C'est très simple : c'est la première fois que
Rhapsody ne sonne pas comme le son qu'ils ont eux-mêmes inventé, mais comme un "simple" groupe de
Power-
Metal. "
Dawn of Victory", c'est du
Manowar en plus brillant, et "Dargor,
Shadowlord of the Black
Mountain", une piste sympathique, mais avec un arrière-goût de
Stratovarius assez prononcé.
L'album dans son ensemble donne cette impression d'être beaucoup plus "commun", la disparition des parties symphoniques laissant place à la virtuosité de Turilli et de Staropoli, qui d'ailleurs sont au top, aux guitares en général, à des introductions au piano et des riffs au clavecin très véloces, qui rappelleront
Stratovarius, (encore eux) ou (seul véritable rappel, avec les passages narratifs, qu'on n'écoute pas juste un groupe de
Power) à ces parties folks très travaillées qui font une bonne partie du charme de l'album.
Beaucoup de gens parlent de cet album comme d'un album de la "maturité" pour
Rhapsody. Personnellement, j'y vois plus un album de l'adolescence, cet âge où on se met à rejeter tous ces trucs de "bébé" qu'on aimait jusque là, sans même se demander si cette attitude en elle-même est mature, ou au contraire puérile. Et où on se tourne vers les grosses guitares parce ce que c'est ça que font les grands. Heureusement pour nous, et pour les besoin de la métaphore, l'ado en question se trouve être un génie de la musique, alors on n'a pas tout perdu. Il n'empêche que sur cet album, le groupe gagne en puissance ce qu'il perd en identité. Et que, certes, ce changement de cap leur a sans aucun doute offert un nouveau public, un public plus sensible au Heavy et au
Power au sens classique, mais ce, au prix d'une concession qui a encore la peau dure aujourd'hui. Leurs premiers efforts, ce n'étaient pas des albums différents, c'étaient leurs débuts, c'était kitch, c'était ringard, et aujourd'hui, il font du vrai
Metal. De mon côté, il faudra attendre "
Triumph or
Agony" pour revoir quelque chose ressemblant au
Rhapsody qui me plait vraiment.
Cela ne m'empêchera pas de bouger la tête sur leur passage au
Power, pas plus que ça ne m'aurait empêché de le saluer, si tant est qu'ils aient fait cela, non pas parce qu'ils voulaient se débarrasser de cette image "ringarde" qui leur collait à la peau, mais juste pour expérimenter, ou ne pas faire le même album encore et encore. Mais j'en doute fortement...
Bon, pour ce qui est de la différence entre celui-ci et "SOEL", je dirais que Dawn of Victory a un côté un peu plus power que son précédent qui était vraiment axé sur les arrangements symphoniques.
C'est pas que l'album soit mauvais, mais le problème que j'ai avec Rhapsody, c'est que quand j'ai écouté 3 morceaux, j'ai l'impression d'avoir écouté tout l'album.
16/20
Un des rares groupes vraiment typé dans ce style que j'apprécie beaucoup ! Cet album est le meilleur : des titres qui claquent (Holy Thunderforce, putaiiiiin !), un super son, des zicos ultra-carrés et cette pochette ! Je ne jette absolument rien sur 'Dawn of Victory', c'est toujours un plaisir de l'écouter, comme tout les Rhapsody, mais celui - ci plus que tout autre ! C'est mon opinion. :)
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