En prison, on est entre 4 murs.
Peu de soleil, pas trop d’activités. La bouffe est dégueulasse, et ça pue la pisse.
En prison il y a des mecs bizarres, des vrais méchants, et ça fait peur
Et surtout, en prison on se fait chier.
Tout Black metalleux digne de ce nom connait évidemment l’histoire de Sieur Vikernes, ainsi que les raisons qui l’on poussé à atterrir en prison. Ici nous parlons musique et nous n’y reviendrons pas. Néanmoins, on est en droit de se dire que vivre enfermé à fortement perturbé le jeune Varg (enfin, plus qu’il ne l’était déjà) tant la différence est audible entre les albums composés « intra-muros » et les autres. Et pour comprendre ce changement, essayons d’imaginer sa vie en prison :
Varg était triste.
Varg était seul.
Varg ne savait plus quoi faire.
Varg ne savait pas QUOI faire.
Heureusement, il avait une passion : la musique. C’est d’ailleurs du fond de sa geôle qu’il fournit au monde l’estimé «
Filosofem », quoi qu’il n’a jamais pu entendre son œuvre, qui ne fut pas mixée. Sauf que là, il n’a pas sa guitare (qu’il a abandonnée pour des raisons hautement discutables), mais il a toujours son synthé (un vieux synthé, au vu de la sonorité).
Varg décide qu’il va composer des chansons exprimant sa nouvelle passion, les mythes nordiques.
Varg va transmettre au monde son plus profond ressenti de la prison : l’ennui.....
Et Dieu seul sait qu’il en a à revendre de l’ennui, on avait d’ailleurs déjà eu un aperçu de sa capacité à nous endormir sur ses albums précédents. Des « œuvres » telles que «
Tomhet », « En Ring Til Aa Herske », « Dungeons of
Darkness » « Rundgang Um
Die Transzendentale Säule Der Singularität » alias « 3 notes en 25 minutes de morceaux » prouvaient que Varg n’était guère doué pour composer des passages ambiants, tant ces morceaux vraiment inutiles n’apportaient rien sinon le sommeil... On sentait les prémisses d’une œuvre qui allait être capable d’endormir un mec sous acide.
Et nous avions raison.
Je vous présente « Daudi Baldrs ».
Plus sérieusement : cet album marque un fossé avec les précédents : exit la batterie, les guitares distordues et ce hurlement inhumain. Littéralement, ce n’est plus du tout du metal. Maintenant, on fait tout au synthé, on fout deux-trois sons de cymbales, on enlève les voix et on met des chœurs. Périlleux exercice que de fournir du dark-ambiant, (à moins que ce soit du neo-classique au vu de certains passages). Difficile car trop en faire rend l’album imbuvable, et inversement, trop tirer sur un même accord ennuie l’auditeur. La composition exige un savant mélange d’idées et de pertinence (à l’image d’un
Elend, Thous Shalt
Suffer ou d’un
Chaostar, dans une branche plus moderne) ou d’ambiances dûment posées (comme MZ412, Nordvarg ou LustMord).
Ici c’est complètement raté. Mais alors complètement.
L’idée de départ, la mort du dieu de la lumière et de l’innocence, Balder (tiré de la mythologie nordique) peut sembler pertinent e; en tout cas elle dirige la vision disons « artistique » pour faire simple, de
Burzum vers de nouveaux horizons. Finis les « noirs pouvoirs de destruction » pseudo-sataniques, ou les « si la lumière nous prend » réflexions vaguement « philosofiques » .
Ici, place à la mythologie venue du Nord, ses rites païens, ses festoiements d’hydromel et autre guerriers barbus...
...tout du moins c’était le concept recherché. Par contre ce n’est pas du tout celui qu’on imagine en écoutant cet album. Personnellement, quand on me parle des légendes scandinaves, je vois un
Siegfried triomphant du dragon Fäfnir, pas
Odin en train de dormir en ronflant comme un porc. Enfin, ce n’est que mon avis...
Mais parlons musique :
Toutes les chansons se tiennent hélas à un schéma de composition assez simple : un thème super bateau est repris durant toute le durée du morceau, ensuite on met des accords assez banaux sur ce thème (chœurs) et de temps en temps il y a le même thème repris par d’autres sonorités. Après il y a (pour les morceaux les plus longs) une petite variation du thème (c'est-à-dire qu’on reste sur les mêmes accords), puis on refait la même formule (des chœurs, quelques accords). Et enfin, sur la fin, on repart avec le thème de départ.
Voila en gros, à quoi ça ressemble.
On s’embarrasse pas d’harmoniques pertinentes, ni d’accords recherchés.
Pas la peine de faire de subtiles variations, de suite de notes complexes et délicieuses.
Ici c’est du kitsch et du simple.
A trop répéter le même thème durant le morceau, Varg endort ou exaspère (voire les deux) mais à aucun moment cet album n’attire l’auditeur. Entendre trois mêmes accords pendant 10 minutes c’est chiant et ça ne procure rien. Aucune émotion. C’est le comble pour un album neo-dark-classique-ambiant de ne pas nous faire frôler un tant soit peu un état mélancolique, ébahi, ou de nous transporter dans un tourment hypnotique et transcendant. Au vu de la sensation ressentie à l’écoute de Daudi Baldrs, il n’y a qu’une constatation : c’est un échec.
Certaines idées étaient pourtant vraiment sympas (Moti Ragnarokum, son intro tristounette et son thème vraiment bien foutu), et auraient mérités un approfondissement, une évolution ; pas un massacre en règle. L’exemple le plus flagrant est la mélodie du morceau titre : malsaine et mélancolique à la fois, mais qui repousse car répétée durant 8 minutes sans aucun changement !!!
Dans cet album, en plus, Varg nous gratifie d’une production vraiment minable. Ainsi, nous aurons droit à des miaulements de chat agonisant (sensés être un violon ?), des croassements de crapaud en rut (un hautbois ?), et diverses autres sonorités assez ridicules( les chœurs sont vraiment kitsch), seul le piano et le glockenspiel sont crédibles. On pourrait croire à la B.O. d’un jeu vidéo tiré de la Sega Saturn, avec moins de recherche du coté des compositions ; ou alors une intro tirée d’un album de black metal (le premier Cradle of
Filth, au hasard) et qu’on étale et répète pendant trop de temps. Une musique d’ascenseur ou d’attente téléphonique, voila ce qu’est Daudi Baldrs.
Au final : des compositions bâclées au possible, une ambiance inexistante, un son atroce et risible. Qu’on ne dise pas que c’est un album expérimental, avant-gardiste ; il était déjà périmé à sa sortie... Constat :
Burzum nous livre sa pire œuvre.
J’admets que mon réquisitoire est un poil virulent. Rendons à César ce qui appartient à César,
Burzum a influencé beaucoup de groupes, et peut à ce titre mériter une place particulière dans le panthéon black metal ; mais nous devons admettre que cette place tient plus du fait des frasques de Sieur Varg plutôt que son réel talent musical. Et Daudi Baldrs en est la preuve.
Néanmoins, pour la modique somme de 15 euros, vous pouvez avoir un joli dessous de plat, qui fait aussi office de frisbee.
1 point pour l’effort.
1 point pour avoir eu les couilles de sortir ça.
1 point pour certains thèmes assez sympas.
3/20.
Indiscutable.
Pas grand fan de l'oeuvre de Burzum, je me suis donc tout de même penché sur cet opus. J'avoue ne pas trop savoir qu'en penser, c'est très déconcertant. C'est indéniable qu'il ne s'est pas foulé pour les compostions et que son clavier sonne comme un Fisher Price (le crapaud-hautbois est impressionnant^^). Mais malgré tout, je trouve que la répétition ininterrompue des accords crée une certaine ambiance (voulue ou pas ça je ne sais pas!) que je ne pourrais pas qualifier d'agréable, mais j'ai souvenir d'avoir entendu plus chiant. Après, sur que je n'y mettrai pas la moyenne!
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