Ah tiens, une nouvelle chronique de
Filosofem. Voyons voir...
Kwa ??? 8/20... Mais qui est ce type ??
Salut les copains ! Oui c'est moi. Bon trêve de blablatage, que les fans outrés gardent leur discours inquisiteur pour plus tard. Oui, je n'aime pas
Burzum et en particulier celui-là. Il faut dire qu'ayant découvert la musique du sieur Varg avec un
Hvis Lyset Tar Oss très langoureux mais cohérent dont le pouvoir hypnotique pouvait palier le manque de riffs, je fus enthousiaste au début.
" T'as aimé le précédent, hein ? Alors tu vas adorer celui-ci.", m'annonça mon ami Jeff ( faut bien choisir un nom quoi... ) au comble de l'extase.
- Ça donne quoi ?
- Ben, du
Burzum quoi. Ambiant comme Hvis mais encore plus torturé.
- Ah bah oui, Hvis était sympa, bien sombre, bien que je n'écouterais pas ça des heures.
- Et bien, j'paie trois tournées si tu tombes pas dans le noir en écoutant
Filosofem...
Un pari quelque peu inutile connaissant ses goûts, puis je lui devais déjà la découverte de
Burzum. Mais j'acceptais. Il me prêta donc l'objet en question que j'emportais plein de curiosité. Le rituel classique une fois rentré à la casa : enfournage de galette dans le lecteur, verre de pinard et pochette du disque à la main, le corps calé dans le fauteuil.
" Sympa la cover. En espérant que la musique ne ressemble pas à une mégère soufflant dans sa trompe de chasse ", pensais-je ironiquement.
Si j'avais su...
Dunkelheit ouvre la marche sur cette gratte grésillante, son introduction est pas mal imaginée, une bonne immersion.
Débarque une batterie légèrement réverbérée exécutant un quatre temps classique. Ce qui attire mon oreille sur le moment, c'est cette lenteur de jeu, et pas forcément dans le bon sens, imaginant un Varg shooté derrière ses fûts. Ils sont vraiment trop evil ces gars-là, ils se défoncent pendant l'enregistrement...
Les quelques notes de synthé ne sont pas des mieux accueillies non plus, leur caractère mielleux fonctionnait sur l'opus précédent. Ici, une odeur de vieillard fatigué casse tout.
Lorsque le comte tire ses premières paroles du gosier, c'est la grimace. Cette distorsion frivole lui fait perdre une ampleur qu'elle parvenait à atteindre auparavant, même si elle n'a jamais été ma tasse de thé.
Le couplet reprenant de plus belle, le manque se fait sentir en une fois. Oui c'est sombre mais ça n'enfonce pas pour autant. C'est homogène mais le côté langoureux me laisse froid cette fois.
Mais
Dunkelheit se termine et Jesus
Tod me tire de ce début de léthargie par son riff bien froid très sympathique. Une double grosse caisse assez étouffée renchérit, ressuscitant mes espoirs. CA marche cette fois, ce même malgré la voix faiblarde. Pourtant, le tout ne décolle pas. Le morceau est trop long et se répète de trop. Censé développer une ambiance malsaine, celle-ci n'apparaît pas et son attente sombre dans un ennui inexorable.
Et à partir de là, c'est la chute. Erblicket
Die Töchter Des Firmaments réouvre le voile nonchalant sur cette batterie tire au flan et cette guitare qui se languit sur ses accords chiants. Mais quel est le but exactement ? Me plonger dans un sentiment obscur ou me pondre un cachet de somnifère à 10 euros aux effets secondaires indésirables ?
Et puis ce
Gebrechlichkeit... Il est censé faire quoi ? Le faire fondre ? C'est bien parti avec un morceau dépourvu de rythmique, à la guitare plaintive, ce synthé nul et ces vocaux énervants. Ces derniers savent cependant traduire un côté fort torturé ici, ce qui ne sauve malheureusement rien.
Je dois être réellement incompatible. Je vais quand même pas faire la position du lotus pour capter l'énergie auditive du triste sire...
Tel
Tomhet, Rundgang Um
Die Transzendentale Säule Der Singularität s'annonce comme l'une des fameuses œuvres brouillonnes, spécialité du comte : Un morceau atmosphérique exécuté péniblement par le biais d'un synthé. Étrange que je ne ronfle pas encore. De toute façon, ça sent la fin naturellement. Tiens non, il en reste un. Ah ouais, chouette, l'instrumental de
Gebrechlichkeit. Super, tu vas voir, j'vais imiter le Vargounet... Reurgh... "tousse". Hum, plus tard, pour ainsi dire jamais.
Non
Filosofem ne prend pas, je m'ennuie. Varg fut réputé pour avoir délivré une obscurité intérieure surpuissante par ses œuvres. Celle-ci m'a paru aussi dopante qu'un flacon de narcotique. Et même si le pelage de l'animal dégage un effluve sulfureux évident, sa nonchalance et sa langue pendante le mettent dans l'incapacité de m'impressionner davantage. Je ne suis probablement pas réceptif au Black
Metal très atmosphérique. Pourtant, bien plus tard, je fus séduis par les litanies de
Drudkh et son
Autumn Aurora et me prit une fameuse baffe avec Wolves in the Throne Room.
Pour moi,
Filosofem n'a d'intérêt que pour son contexte historique, le dernier album black de Varg, dans les bacs après son incarcération, et parmi les premiers opus de ce genre de black très posé. Les ovations ont tellement fusées à son égard. Ses œuvres lui ont même apporté le titre de génie décerné par certains admirateurs. Un statut plus que surestimé en ce qui me concerne. C'est facile de faire de l'ambiant pareil, je regrette. Cela peut réellement toucher si on lui accorde plus de travail, une structure moins itérative et, sans nul doute, un soupçon de magie.
Ici, il n'y a rien... Enfin, le point positif, Jeff a payé la tournée...
Plus sérieusement, si vous détestez Vikernes, il y a de fortes chances pour que cet album ne vous plaise pas. Et la source n'est pas forcément le fanboyisme ou un jugement sur sa vie et ses opinions, mais simplement une compatibilité mentale nécessaire...dont peuvent découler l'admiration ou les jugements. Aussi, tout ce qui est dit sur la crédibilité par des personnes avouant détester le comte me semble avoir peu de valeur : ils haïssent trop les faits et idées pour accéder à leur source
Deuxième remarque sur les commentaires négatifs : Picasso avait du talent technique et était capable d’œuvres réalistes. Je ne dis pas, par là que Vikernes est Picasso, mais on évitera les jugements hatifs et radicaux : on parle tout de meme du guitariste d'un groupe qui comprenait un certain Abbath. D'ailleurs, en métal, la branlette de manche est plus fréquente que le concept...et si vous connaissez un peu les opinions de Vikernes, vous savez que la simplicité relative de sa musique n'est pas qu'une rébellion pour se démarquer mais l'exposition d'une pensée à laquelle on n'est pas forcé d'adhérer pour apprécier.
Enfin, cet album est un voyage guidé, et il me semble quelques peu hors de propos de juger individuellement certaines chansons, tout comme de les écouter dans la joie, la bonne humeur, et la passivité intellectuelle la plus totale.
En dehors de ces points, ceux qui parlent le mieux(dans le fond) de Burzum et de ce que je vois comme son apogée, Filosofem, sont encore ceux qui n'aiment pas et ne plongent pas. "C'est d'ailleurs peut-être là que réside le génie de cet homme: parvenir malgré un bagage technique quasi nul, une voix plus qu'approximative,[...]arrivé de tant à autre à atteindre l'auditeur..." (Tyrcrash) "Mais quel est le but exactement ? Me plonger dans un sentiment obscur ou me pondre un cachet de somnifère à 10 euros aux effets secondaires indésirables ?"(ArchEvil) "Et franchement, les deux derniers titres servent à quoi ? A rayer tous les dépressifs de la carte ? Si tel est le cas, c'est réussi."(Mindkiller45)...
On pourrait le résumer en disant que c'est de la musique médiocre(sur le plan technico-technique), mais du très grand art.
J'adore le son des guitares, du synthé, le style de batterie, de mélodies, le chant... de Burzum quel que soit l'album. Filosofem en a les même ingrédients. Mais je pense aussi qu'il n'a pas dû beaucoup se fouler pour composer cet album. Donc ni j'adore ni je déteste. Je l'écoute de temps en temps bien que j'ai du mal à l'écouter en entier.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire