Rien ne semble arrêter Richard Patrick, l'ancien guitariste live de
Nine Inch Nails, qui déborde de plus en plus d'énergie et semble bien décidé à sortir des albums de façon plus régulière. Il y a trois ans déjà sortait le très bon "
The Sun Comes Out Tonight" faisant suite à un "
The Trouble with Angels" qui annonçait un retour aux sources, aux "
Short Bus" et "
Title of Records" qui avaient fait la popularité du groupe. Cette année, l'arrivée dans les bacs de "
Crazy Eyes" retentit comme un coup de fouet en nous annonçant un opus plus violent et expérimental que jamais. Richard Patrick n'a évidemment pas de limites et veut une nouvelle fois le montrer avec douze nouveaux titres signés chez
Wind-Up / Spinefarm et co-produits par Ben Grosse (
30 Seconds To Mars, Marylin Manson...).
"Mother E" démarre les hostilités avec un metal industriel presque noise. De grosses machines imposent une ambiance dirty, avec des guitares saturées et un chant rageur et presque déshumanisé. On reconnait immédiatement la patte du groupe dont l'identité est intacte, avec ce feeling atypique et cette énergie débridée. L'enchaînement avec "
Nothing in My
Hand" est bienvenu avec cette basse en ligne conductrice et ces petites bidouilles en arrière-plan qui rappellent les grosses bases industrielles du combo, bases qui avaient été délaissées pendant quelques années au profit de touches plus soft et acoustiques. Les refrains sont toujours aussi catchy et mélodieux, en décalage avec des couplets plus bruts de décoffrage, ce qui n'est pas pour nous déplaire.
Les expérimentations sont de la partie sur ce "
Crazy Eyes" avec une grande diversité dans les sons et les tonalités. Les machines ont une place prédominante, avec un chant parfois mélodique, souvent criard, une batterie alternant passages aux beats électro et passages plus costauds, et des guitares qui s'aventurent dans des registres différents, du côté de la trance avec "The City of Blinding Riots" ou du côté du rock alternatif avec "
Take Me to Heaven", sans doute le titre le plus easy listening et le plus intéressant.
Il y a un peu de tout sur cet opus, des moments de pure folie ("
Head of
Fire"), des mélodies, de la rage ("
Tremors"), des choses plus atmosphériques et mélancoliques ("Welcome to the
Suck (
Destiny Not Luck", complètement électronique avec ce chant désespéré), et des clins d'oeil à de vieux opus (l'intro de "Your Bullets" et ce riff aguicheur).
Filter n'intègre cette fois-ci pas de ballades niaises mais plutôt des pistes quasi instrumentales et expérimentales jouant sur un certain côté déstructuré et mécanique comme sur "Under the Tongue", ce qui peut désarçonner les petites natures.
"
Crazy Eyes" n'est pas un album brutal, comme il l'avait été annoncé, mais il est clairement plus violent que ses prédécesseurs. Rien à avoir avec un "
Anthems for the Damned" très pépère ou un "
The Trouble with Angels" parfois un demi-teinte. Ce nouveau rejeton est dans la continuité de "
The Sun Comes Out Tonight" mais en plus travaillé, surtout au niveau des machines et du feeling. Très expérimental, il nous fait beaucoup penser aux débuts du groupe et nous rassure : le génie de Richard Patrick ne s'est finalement pas vraiment envolé...
Merci, Matai pour la chronique.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire