Colour Temple est le premier album des allemands
Vanden Plas. Sorti d'abord en avril
1994 en autoproduit (avec une couverture d'un violet... disons discutable) puis en Allemagne sous le label LMP (fin
1994), c'est en juin 1995 que ce premier opus sort en Europe sous le label
Dream Circle Records.
Une édition limitée (comprenant en bonus tracks les singles "
Fire" et "
Days of Thunder" précédemment parus en autoproduit ou en démo) vient récompenser le public français, fidèle au groupe bien avant la parution de cet album. Cette édition française sort simultanément à l'édition européenne, ce qui est rare pour un premier album et souligne encore l'attachement du groupe à ce public (rappelons par ailleurs que le seul album live du groupe à ce jour a été réalisé à l'Elysée Montmartre, oui, M'ssieurs Dames !).
Ajoutons que la même version du CD (avec les mêmes bonus) sera proposée au Japon en octobre de la même année et qu'un re-release a été édité en janvier 2002, sur lequel "
Fire" a bizarrement été supprimé mais dont la perte est largement compensé par rien de moins qu'un Bonus CD, réédition de l'album acoustique
AcCult paru en avril 1996 en France et en octobre de la même année en Allemagne et dont je me ferai un plaisir de parler dans une autre chronique !
Maintenant, soyons clairs. On ne peut pas adhérer à la musique de
Vanden Plas sans aimer d'abord le Métal Prog et tous ses attributs : complexité des compositions, technicité des musiciens, titres longs... Enfin, si, on peut adhérer, peut-être, parce que VP n'est sans doute pas aussi extrême dans le prog que peuvent l'être d'autres groupes et que les refrains sont souvent accrocheurs, un poil racoleurs pour certains. Mais on sent chez VP, avant tout, l'envie de monter des compos où chaque musicien pourra s'exprimer tout en restant accessibles au plus grand nombre. Et les bougres ont des choses à dire !
Cet album, pour un premier, contient tout ce qui caractérise justement
Vanden Plas et qu'ils n'ont jamais abandonné depuis : aucune note qui ne soit au service de la chanson, pas de problème d'ego, pas de couverture tirée à soi. Pensez donc que le line-up de VP n'a jamais bougé depuis cet album !
Pas commun, dans ce milieu...
Je n'aime pas faire la revue de détail, titre par titre. Sauf s'il faut signaler une ou plusieurs faiblesses et je n'en vois aucune ici. Peut-être "
Days of Thunder" et son côté Chochotte
Metal, mais c'est un bonus track et c'est à l'origine une Demo Tape parue en 1991. Il faudrait être de bien mauvaise foi pour leur reprocher d'avoir cherché un chemin plus rapide vers la Gloire. Comme disait un poète disparu, it's a long way to the top if you wanna rock'n'roll...
Pour le reste, c'est du tout bon.
L'intro de l'album pose d'emblée la carte
Culture du groupe avec un arrangement classique contemporain du "Sacre du Printemps" d'Igor Stravinski où interviennent une clarinette basse et des cordes avant l'arrivée rageuse de celles de Stephan Lill, guitariste virtuose du combo.
"Father" est une composition de celui-ci et le texte est, comme pour l'ensemble des chansons de l'album, d'Andy Kuntz (le chanteur, au cas où vous découvririez VP). Pour Andy, "Father" est la prière moderne d'un athéïste. Cette chanson a longtemps été l'ouverture des concerts du groupe.
"
Push", commente Andy dans le booklet de la réédition, est une des chansons les plus dures du disque. Son thème : contre tous les nivellements, suis ta propre inspiration. En gros, n'accepte pas les solutions toutes faites...
Les deux chansons suivantes sont des classiques du groupe, catégorie poids lourds : "When the
Wind Blows" et "My Crying". Il n'y a rien à dire, juste monter le son, très fort, attendre que le voisin vienne gueuler et baisser d'un cran -juste un- pour dire qu'on est conciliant. Si vous n'êtes pas conquis avec ces deux titres, j'ai peur que vous soyiez hermétique à VP. Ca arrive, paraît-il...
"Soul Survives" est une compo de Günter Werno, claviériste de VP. Ne vous laissez pas avoir par l'intro au piano. Dans d'autres groupes, vous auriez droit ici à une ballade sirupeuse, dégoulinante de mièvrerie à destination d'adolescentes au coeur brisé et d'adolescents testostéronés grave de la mort qui tue.
Pas de ça, Louison, ne vous faites pas avoir, vous dis-je ! Remontez le cran de la chaîne que vous avez baissé pour faire plaisir à votre voisin précédemment, ça vous évitera de l'entendre sonner... Les 9'05 de ce titre sont un pur régal d'intelligence musicale, ça joue de partout, chaque couche fait monter la sauce un peu plus, pas un maillon faible, tout le monde a enlevé les moufles, ça joue, ça joue.
"Anytime" est la ballade, genre "emballez-moi ça, c'est pour consommer plus tard". Vous avez déjà remarqué que sur les disques de Métal (quasi toutes tendances confondues, sauf celles où ne règnent que des mâles odorants aux pratiques brutales et extrêmes), la ballade arrive généralement en plage 6 ? Parfois, 5. Sans doute un concept marketing à la con, style "il faut créer une respiration dans le déroulement de disque, coco, calmer la clientèle, rassurer le patient..." ! M'enfin, ici, encore une fois, on affaire à
Vanden Plas, pas à un célèbre groupe de Hanovre, si vous voyez de qui je veux parler, qui nous l'auraient engluée dans le pâté, roulée dans la farine et cuite au feu de bois, le tout dans une jolie boite en carton avec le solo de guitare dans un petit sachet à part pour celles et ceux qui n'aiment pas çà ou qui n'ont pas le temps de se laver les crocs après. Là, c'est une jolie ballade et s'il vous reste un cran sur le potard de la chaîne, n'hésitez pas, invitez la voisine, ça vous fera une autre bonne raison d'être fâché avec le type qui est en train de taper contre votre mur !
"Judas", justement, fait un peu penser à "
Hurricane" de ce fameux combo qui fût jadis tellement inspiré. Attention, j'ai bien dit "un peu", on est très loin du plagiat. L'idée de la chanson ? L'éternelle dualité en chacun de nous,
Jekyll et
Hyde, tout ça...
"Back to Me" est un titre qui a été écrit bien avant l'album, comme "
Push". Il n'y a pas grand chose à en dire, rien de mal en tous cas. Peut-être pas le morceau indispensable du disque...
Et on termine par "How Many Tears", standard du groupe que les fans français connaissent notamment pour cette version sur
Spirit of Live où Andy reprend une partie du "Ne me quitte pas" de Jacques Brel. De toutes façons, si vous êtes parvenus jusqu'à ce morceau de l'album et ce paragraphe de cette chronique interminable, je n'ai pas besoin d'en dire plus, vous faites sûrement partie -comme moi- des inconditionnels de ces talentueux germains à qui on peut seulement reprocher de ne pas beaucoup sortir de chez eux, ces derniers temps...
Mes amitiés à votre voisin.
..Excellente analyse en tous cas ..!
En attendant bravo à toi, tâche juste d'éviter le titre par titre répétitifs que les chroniqueurs sont invités à éviter. Il s'agit bien plus de titiller l'imaginaire du lecteur que de lui offrir tout sur un plateau.
Merci à toi.
edit: tu serais gentil de mettre une note à ce disque en te servant de l'outil de som prévu à cet effet.
Sinon, pareil que Zaz. J'adore ce premier disque (ainsi que l'EP qui le précède) et je trouve la suite vraiment ennuyeuse (le Prog trop Prog me fatigue). J'ai abandonné après Far Off Grace...
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