Coda

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15/20
Nom du groupe Led Zeppelin
Nom de l'album Coda
Type Album
Date de parution 19 Novembre 1982
Style MusicalHard Rock
Membres possèdant cet album303

Tracklist

1. We're Gonna Groove
2. Poor Tom
3. I Can't Quit You Baby
4. Walter's Walk
5. Ozone Baby
6. Darlene
7. Bonzo's Montreux
8. Wearing and Tearing

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Led Zeppelin


Chronique @ largod

15 Mars 2012

Dépucelage sonore

Ce coup-ci, je passe à confesse. Et bien oui, je l’avoue, j’ai découvert Led Zeppelin en achetant cet album en 1982. Rassurez vous, j’en avais écouté avant et j’avais surtout lu leurs nombreux exploits dans Rock & Folk et Best, les deux seuls périodiques dignes de ce nom les relatant ces années là, avant qu’Enfer et Métal Attack ne voient le jour. Intrigué par un article sur cet album hommage à John Bonham, disparu en 1980 à 32 ans de causes quasi similaires à celles ayant emporté Bon Scott, je me jetais avec délectation sur cette galette, composée de chutes des précédents albums du groupe. De quoi se faire une bonne opinion. Ce disque a tourné des dizaines de fois sur ma platine et, harnaché de mon casque AKG, je découvrais la production monstrueuse de cet album donnant la part belle à celui qui a établi un des chromosomes du son Led Zeppelin, son batteur. De moins en moins novice en rock, tendance lourde, je passais des heures à décortiquer chaque instrument un par un et à en apprécier chaque note. Un véritable dépucelage sonore. La performance du groupe est globalement somptueuse. A cette époque, le vinyle et ses deux faces limitaient le « remplissage » d’album avec des titres originaux sans intérêt. Cela a bien changé avec le CD où il est récurrent d’avoir des albums composés parfois de 12 à 14 titres. Ici, seulement 8 pistes, 4 par face. Du premier choix. Passons assez vite sur Robert Plant et en particulier ses paroles qui ne révolutionneront pas l’inconscient collectif. Par contre, ses plaintes jouissives, ses poses lascives sur scène et son timbre si érotique ont fait craquer bien des jeunes femmes. Front man de légende, il assure tout au long de cet album avec des intonations à la Elvis sur « Darlène », un rock revisité qui ressemble par instants à un « Love Is All » chanté par RJ Dio (RIP). Voix claire et feeling rock jusqu’au bout de ses jolies boucles blondes.

Idem pour Jimmy Page qui s’amuse comme un petit diable en tricotant sur ses guitares quelques riffs bien groovy (« We’re Gonna Groove ») ou d’autres plus rapides et incisifs (« Walter’s Walk », « Wearing and Tearing »), troquant son instrument pour la cithare sur « Poor Tom » et lâchant un feeling blues d’anthologie sur « I Can’t Quit You Baby ». Le guitar-hero par essence, mais avec une culture de base blues-rock hors normes, un toucher de cordes précis et hyper concis. Discret mais redoutable à la basse, on retrouve un John Paul Jones en grande forme. A la base des compositions avec son acolyte à la guitare, il n’est pas étranger au son folk et aux réminiscences baba-cool du son de Led Zeppelin. La plupart des titres de cet album en témoigne. Il sait aussi jouer de tout instrument, dès lors qu’il soit pourvu de cordes y compris les claviers. Loin de tous les clichés assumés par le couple Page/Plant en pleine lumière, il est avec John Bonham le créateur et le pilier du son Led Zeppelin. Attardons nous sur la performance de John Bonham. Titanesque !
A l’écoute de certains morceaux, me vient l’image d’un énorme pied actionnant la pédale de l’unique et gigantesque grosse caisse. Rien d’autre. Comme si Galactus, pour les amateurs de comics US, prenait un malin plaisir à nous perforer les tympans et remuer les boyaux en jouant tel un damné derrière ses fûts. C’est le cas sur « I Can’t Quit You Baby » où après une courte introduction vocale de Plant, John Bonham assène un lead de grosse caisse hallucinant. La frappe sur la caisse claire en devient secondaire, ce blues prenant racines d’abord dans la pulsion assurée par le pied du batteur. Que dire des accélérations de fin de couplets et de la fin du titre. Dantesque. Mais un ton en dessous de « Walter’s Walk » avec son lead sur caisse claire en appui sur la grosse caisse. On appréciera ce battement de cœur en arrière plan qui s’harmonise à la gifle du batteur, tout en accélération en fin de morceau et lors des reprises de break. Un groove de basse associé à une guitare limpide et voila un travail parfait. La méga baffe pour moi.

Le solo de Bonzo à Montreux est aussi un délicat étalage du savoir-faire du maître. Il était coutumier de faire son propre sound-check et de faire semblant de taper très fort pour que les ingénieurs du son mettent les potards au maximum pour son compte… Sur cet instrumental, il délivre un élégant déluge tout en assurant une rythmique technique sur sa grosse caisse et en cognant à contretemps permanent sur sa caisse claire. Déboule ensuite « Wearing and Tearing » qui jette les fondements du titre speed par excellence. Encore une très grosse entame de John avec un lead sur la grosse caisse très présent, quasi obsédant. Le marteau pilon le plus agréable que je connaisse. Les entames de morceaux avec John claquent (« We’re Gonna Groove ») ou s’imposent sèchement pour ensuite s’associer à une rythmique proche de la fanfare municipale (« Poor Tom »). Découverte, initiation, que sais-je. Le terme de dépucelage est bien approprié. C’est une écoute qui vous transpose dans la dimension des grands groupes cultes des années 60/70, ceux qui ont ouvert la voie à la NWOBHM et consorts. Tant sur la production que l’approche des morceaux, il est évident que l’on est confronté à du très haut niveau. L’inspiration, la technique et un côté racé vous explosent aux oreilles. Grande découverte, un must absolu. Laissez-vous prendre aussi au jeu.

14 Commentaires

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ZazPanzer - 21 Mars 2012: Je dois dire que j'ai toujours trouvé cette vidéo un peu chiante malgré évidemment de très bons moments, mais entre les quatre délires filmés et la version de Dazed And Confued qui dure une demi-heure, j'ai du mal. J'ai peut-être fait l'erreur terrible de toujours la regarder sobre.
largod - 21 Mars 2012: @zepp99 et scherlock, cet album est avant tout un hommage à John Bonham qui se taille la part belle sur le disque.
je me souviens qu'à l'époque, les journalistes musicaux ne faisaient pas trop la fine bouche car il s'agissait à l'époque d'un nouveau disque de Led Zep.
bien évidemment, les 4 premières galettes sont toujours autant "croustillantes"
Krokodebil - 15 Avril 2012: Ah Coda. Pas un vrai album tout de même. Mais un plaisir d'exégète qui se sera vendu à quelques millions d'exemplaires.
Bon après y a des pépites dessus faut pas cracher sans écouter, mais c'est pas du niveau des précédents, c'est sûr. Je le préfère quand même à In Through The Out Door.

Quant à TSRTS pareil y a du bon et du mauvais. Perso un Dazed and Confused de 30 minutes c'est pas pour me déplaire :)
samolice - 12 Mars 2015: Merci Didier. Relu ta chro ce jour après avoir enfin acheté et écouté ce disque. Bel hommage à Gonzo qui est effectivement bien mis en valeur. Franchement, je trouve que l'album passe bien. Je n'irai pas jusqu'à 18 mais tu as parfaitement expliqué le pourquoi de ta note. Un dépucelage, ça ne s'oublie pas...
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Commentaire @ Krokodebil

28 Avril 2010
Le dernier album du géant de plomb à ne pas avoir droit à sa chronique ici, un fait tristement révélateur. Révélateur certes - l'album n'est pas un chef d'oeuvre en effet - mais tout de même injuste.
Le contexte s'il est connu de presque tous, se doit être rappelé. Depuis sa création en 68, le groupe a essuyé pas mal de déboires : échecs critiques sur leurs premiers chefs d'oeuvres (malgré un énorme succès public), procès de Willie Dixon, quelques problèmes liés à la drogue, au sexe et au roadie en chef violent, mister Cole, ou même à leur manager colossal Peter Grant ... Plant est opéré des cordes vocales après l'enregistrement de Houses of the Holy, accident de voiture qui manque de les tuer, mort du fils en 77 ... Si la dépression pointait déjà sur le moyen In Through the Out Door, à la mort de John Henry Bonham le 24-25 septembre 1980 le groupe se sépare rapidement, amputé d'un membre irremplaçable, d'un ami très proche et d'un batteur qui aura marqué l'histoire du rock.
Coda, au titre emprunté au vocabulaire musical, faisant référence aux notes qui concluent un morceau, n'est donc pas un album normal. Les titres sont des chutes de studio, morceaux enregistrés à diverses époques, lors des différents albums, et qui n'ont pas été retenus ensuite.

Passons à la musique donc.
We’re gonna groove ouvre l’album sur un rock énergique et joyeux, le genre de morceau qui file la pêche, qui swingue pas mal même. L’enregistrement sonne relativement « sale » et on trouve pas mal d’overdubs , explications : en fait ce n’est pas une prise de studio, c’est un live trafiqué par Page au mixage. Live qui date de 1970, concert au Royal Albert Hall. Les bruits du public sont donc virés. Le morceau est par ailleurs une reprise de Dixon et ouvrait les concerts de l’époque 69-70.
Commence alors l’étrange Poor Tom. Rythme inhabituel pour un morceau du groupe, batterie obsédante, voix caressante et douce. Guitare mélodique, sèche derrière. Cette ambiance vous rappelle quelque chose ? Normal, ce morceau vient des sessions de Led Zeppelin III . Morceau enregistré au fameux cottage de Bron Yr Aur, il ne fut jamais joué sur scène. Bluette folk-bluesy éminemment sympathique, le morceau est à découvrir.
Le morceau suivant est bien plus connu. Dixon évidemment, mais surtout morceau qui figure sur le premier album. Le blues anthologique d’I can’t quit you Babe est ici proposé dans une version live trafiquée par Page comme pour We’re gonna groove. A noter que la version est bien coupée. Un intérêt relativement faible donc, une fois que l’on possède cette version live dans son intégralité (How the West Was Won), mais le plaisir reste là. (Surtout la batterie sur la fin). Mais quelque part, c’est traître d’avoir viré les applaudissements du public, parce que ça ne fait pas illusion.
Walter’s walk est un morceau étrange, mix entre composition inédite et chute de studio. L’instrumental date de 72, époque Houses of the Holy, les voix furent rajoutées en 1982. Le rendu est étrangement « moderne » pour du Led Zep. Une oreille attentive vous fera reconnaître des riffs de Hots on for Nowhere. Morceau sympathique tout de même, qui aura cependant probablement juré avec les autres de Houses of the Holy d’après moi, pas vraiment la même ambiance. Le texte, éminemment triste, rappelle le contexte de l’œuvre. Un morceau un peu triste donc.
Ozone baby, plus joyeux, provient lui des sessions d’In Through the Out Door. Petite histoire d’amour éconduit et de fierté, le texte ne vaut pas le détour comme on pouvait en avoir sur les albums précédents, mais l’instru est sympa. Un léger effet de déjà-vu et de calibrage radio tout de même. La fin du morceau surprend quelque peu par ces effets de voix dans le refrain répété, bonne idée de la composition !
Mais nous voilà arrivés à une des perles de l’album, un très bon morceau digne de figurer sur un best-of. Darlene provient des sessions de In Through the Out Door, et personnellement je regrette qu’il était délaissé contre un Hot Dog, mais bon … Un morceau bien énergique, avec un riff lancinant et efficace, un solo groovy et une superbe partition de clavier digne des meilleurs tripots de la Nouvelle Orléans. Jonesy n’a pas souvent été exploité pour ses qualités de claviériste, mais quand c’était le cas, on atteignait toujours l’excellence, c’est le cas ici. J’aime particulièrement la fin du morceau, dont l’énergie me renvoie à Boogie with Stu ou la fin de Ramble On. Bref je retrouve le Led zep des débuts pour un morceau qui pourtant date de la fin.
Autre perle de la galette, l’instrumental Bonzo’s Montreux. Rien que le titre promet déjà un grand moment. Bonzo, surnom de Bonham, donc morceau hommage au batteur, donc solo de batterie. Enregistré à Montreux, lieu apprécié du quatuor. Le titre est excellent, varié, toujours aussi bon et les effets électroniques rajoutés au mixage par Page rendent plutôt bien. Un OVNI dans la discographie, mais un OVNI qui passe très bien et qui rend un bel hommage au musicien.
Wearing and tearing conclut l’album sur une note plus agressive. La guitare se fait lourde, inhabituellement lourde, mais putain qu’est-ce que c’est bon ! L’intro ressemble à du Aerosmith. La voix, c’est du Plant en forme. Mais l’alternance de bruit et de silence évoque plutôt le punk. Oui, le punk, surprenant non ? Pas tellement. On est fin seventies, quand la scène punk britannique a envahi les ondes, reléguant les « Dinosaures » au second plan. Ce morceau des sessions d’In Through the Out Door se voulait punk pour rivaliser avec les nouveaux arrivants, d’aveu des intéressés. Le résultat est plutôt positif, il aurait sacrément dynamisé l’album pour lequel il a été enregistré d’ailleurs ! Personnellement les riffs des couplets me font penser à Trust.
L’album se termine ici, mais sur mon édition – un gravé – j’ai quelques autres inédits .
Babe come on home, une reprise de Bett Berns, enregistrée en 68, morceau folkeux fort sympathique. Travelling Riverside Blues, un des classiques inédits du groupe, reprise de Robert Johnson, une relecture hallucinante et particulièrement appréciable, un live du RAH de White Summer (= black mountain side version longue), qui montre tout le talent de Page, et enfin une B side de Led Zeppelin III, Hey Hey what can I do, un morceau pop-rock fort sympathique également.

En somme, ce non-album comme on pourrait l’appeler, quoiqu’inégal, reste très agréable et différent du Zep habituel. Il fut un bon succès commercial à sa sortie, ce qui montre bien que malgré la déferlante punk, le groupe restait dans tous les esprits. Un disque indispensable pour les fans, mais qui n'est pas le meilleur témoin du génie de ce groupe.
Merci au site Pyzeppelin pour les renseignements précieux sur les morceaux.



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Yann.77 - 30 Mai 2010: j'écoute très , très peu cet album que j'apprécie pourtant, en tout cas merci pour ta chro', j'y ai appris beaucoup de choses.
Selfdestruction - 16 Fevrier 2011: Je dois dire que je n'écoute jamais cet album non plus... Tu m'as donné envie d'y rejeter un coup d'oeil un peu plus objectivement...merci
yannoz - 13 Janvier 2012: le titre en bonus track, travelling riversides , me donne des frissons a chaque écoute !!
Krokodebil - 14 Janvier 2012: Travelling riverside blues est une chanson extra :)
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