Après un «
Spirit Black » moyennement inspiré malgré son penchant sombre assumé, après un album hommage à Ronnie James
Dio («
Dio ») fait à la va vite et qui ne figurera pas parmi les meilleurs ouvrages de
Jorn Lande, ce dernier chercherait son salut dans la foi. Enfin, dans la foi de sa propre personne. Car rien n’est plus fort que la seule et simple détermination. Avec ce nouveau volume «
Bring Heavy Rock to the Land », notre ami serait bien décidé à créer un album modèle en matière de heavy rock. Comme à chaque fois, pourrait-on affirmer. Le groupe opte de nouveau pour la forme humaine de son corbeau. Si on tient compte des deux albums précédents où elle apparait, ce serait comme un mauvais signe apposé sur ce nouvel édifice à la gloire d’un chanteur hors pair.
«
Spirit Black » n’a pas été oublié, ni apporté de leçon, semble t-il. Ainsi la dimension profonde et mélancolique de l’album se retrouve de nouveau sur des titres du présent volume. L’ouverture « My
Road » en est une parfaite illustration; dotée d’une profondeur conséquente par les résonances de sa guitare acoustique. Les sonorités crispées de cette dernière accompagne un chant tiède, assez similaire à celui du défunt Ronnie James
Dio dans les ballades. Cette similitude s’analyse également pour l’autre ballade « The World I See », un titre qui explore des mélodies douces, mais néanmoins fortes. La voix de
Jorn est à mi-chemin entre celle de Johnny Gioeli et celle de Ronnie James
Dio, mais puise allégrement dans les intonations de ce dernier. Cette étonnante association entre ces deux chanteurs dans la prestation vocale de
Jorn Lande fera vibrer l’éponyme «
Bring Heavy Rock to the Land » aux côtés des guitares de Jimmy Iversen et de Tore Moren. Vibrant, mais assez linéaire, se perdant dans ses mélodies, faute d’une composition sans trop d‘imagination. Les chœurs proches de ceux utilisés chez «
Falconer » relèvent tout juste la pente.
Ce serait là une grande faiblesse de l’album, un réel manque d’élaboration et de recherche. On nous livre les morceaux comme on nous donnerait à manger la pâtée. Ce n’est pas ce que l’on peut attendre de la part d’une personne qui se prétend au sommet du hard rock international. Les reprises de « Ride Like the
Wind » et « Time to Be
King » ne feront que confirmer nos doutes. La première, chanson de Christopher
Cross, interprétée suivant l’illustre prestation faite par la formation «
Saxon », est en-dessous de ce que l’on attendait. Rébarbative, sans éclat.
Jorn Lande serait alors loin d’égaler Biff Byford. « Time to Be
King » tiré de «
Masterplan », autre combo de notre chanteur, passe sans que l’on s’en aperçoive. C’est une fuite en avant à mille lieues de la qualité de l’original. Chez les musiciens, on sentirait comme un désengagement de leur part. C’est d’ailleurs frappant quand on en vient à écouter « I Come to Rock ». Des techniciens réputés nous offrent là un travail maladroit, peu appliqué, alors qu’il y avait matière à en faire un morceau riche et captivant. On aurait déjà quelque chose de soigné avec la ballade bluesy à l’américaine « Black
Morning ». Elle n’a certes rien d’original, mais
Jorn Lande gagne notre estime en reproduisant le chant de
David Coverdale cette fois.
L’album «
Bring Heavy Rock to the Land » n’est pas uniquement consacré aux ballades, aux reprises et à d’autres titres sans saveur. Il y a bien une brochette de compositions qui sortent du lot. « A Thousand Cuts » s’en tire à bon compte tout de même. Il est dommage cependant qu’on lui ait prévu un étalement sur plus de 8 minutes, le rendant redondant au possible. Mais on pourra convenir de ses riffs musclés, de son groove assez alléchant. Le groupe renforce la pression sur « Chains Around You », passant dans un style ouvertement heavy metal. La rythmique affolée, l’énergie dégagée, nous tient en haleine. Peut-être pas autant que sur « Ride to the Guns », le véritable hit de l’album. S’en dégage une puissance hard rock imparable, y compris sur son break plus posé couvert par des percussions militaires.
Nous aurions bien souhaité que l’album en entier soit à l’image de « Ride to the Guns ». À croire qu’il y a des défaillances dans toutes les œuvres qui prônent la vertu. On aurait pu croire aveuglément à
Jorn Lande, tellement le personnage est charismatique. Mais, comme Saint Thomas, il faut demander à voir avant d’y croire. Ou plutôt écouter pour vérifier la valeur réelle d’une production musicale. Après analyse, cela n'a rien d‘extraordinaire, ce n'est pas la résurrection annoncée. Il faudrait un miracle pour que les agneaux que nous sommes viennent boire les paroles du berger
Jorn avec cette nouvelle invitation. En négligeant son travail de composition,
Jorn Lande fait œuvre de péché. À ce rythme là, il ne tardera pas à subir la concurrence d’autres prophètes. Ainsi soit-il!
13/20
Sinon, ça ne me surprend pas du tout...Jorn est génial dans les groupes où il ne compose pas grace à sa voix et son interprétation (Ark, Beyond Twilight, Avantasia) mais il est tellement imbue de sa personne qu'il n'a aucun recul sur ses propres compos.
Comme tu dis si bien, il a la "foi en sa propre personne" et c'est tout. C'est bien dommage et les fans finiront bien par se lasser de ce comportement exécrable...
Si tu jettes une oreille sur le produit, tu vas tomber des nues. C'est vraiment du très basique. Même "Spirit Black" que j'avais remballé à sa sortie a plus de ressources.
J'aime assez les 4 premiers albums jusqu'à "The Duke" inclu, mais ça se gâte avec "Lonely Are the Brave" qui est pour moi son pire album en raison de la platitude des mélodies, sauf que je ne connais pas encore ce "Bring ...". Le disque précédent, "Spirit Black", m'avait paru un peu meilleur que "Lonely Are the Brave" car deux ou trois morceaux ressortaient mais je trouve que Jorn s'essouffle depuis un bon moment maintenant et j'hésite encore à lui donner une dernière chance avec cet album ...
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