Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de faire un petit préambule concernant ce groupe qui n’est pas forcément connu de tous.
Ainsi,
Lord Of The Lost est un combo allemand fondé mi-2007 par Chris "The
Lord" Harms, accompagné de Class Grenayde à la basse, de Gared
Dirge au piano et au synthétiseur, de π (Pi) à la guitare et enfin, de Niklas Kahl à la batterie. Leur premier album, «
Fears », a vu le jour trois ans plus tard, suivi dans la décennie suivante des sorties de «
Antagony» ; «
Die Tomorrow » ; «
From the Flame into the Fire » ; «
Empyrean » ; «
Thornstar » ; «
Judas » ; et enfin ce fameux «
Blood & Glitter ».
Aujourd’hui, ce groupe est un peu plus mis en avant depuis sa participation en 2023 au concours Eurovision de la chanson ; mon frère étant un grand adepte de ce rendez-vous annuel, c’est par son biais que je les ai découverts. Depuis, je suis maintenant devenu un de leurs nouveaux fans obsessionnels en sautant à pieds joints dans toute leur discographie, et ce, jusqu’à arriver à ce dernier opus en date intitulé «
Blood & Glitter » qui vaut la peine d’être conté.
Pour tenter de qualifier le style général du groupe, Harms a précisé lors de différentes interviews que son groupe comporte des influences aussi éclectiques que
Rammstein,
Nine Inch Nails, ou encore l'emblématique
Lady Gaga. Par ce seul constat, les nouveaux fans ainsi que ceux de longue date vous diront qu’il est bien difficile de réduire
Lord Of The Lost à un seul genre car ils constituent une merveilleuse corne d'abondance de
Metal, de Glam, d'Industriel et de Rock. En effet, à l’écoute de leur catalogue, il est évident que le son de ce groupe ne ressemble à rien d’autre car ils ne s’enferment pas dans un style unique, et c'est là le point de démarquage de leur propos, puisqu’en se nourrissant de ce mélange de styles et de genres, ils ont ainsi créé leur propre signature.
Musicalement, l'accent est mis pleinement sur l’amour du groupe pour les visuels Glam Rock des années septante (soixante-dix, pardon!) et le son des années quatre-vingt de par ses ramifications musicales Electroniques, Gothiques et New-Wave, sans toutefois abandonner les éléments
Metal pertinents, puisque «
Blood & Glitter » reste un album de
Metal entièrement moderne. De plus, son nom est basé sur un livre photo de Mick Rock, célèbre photographe britannique ayant eu à peu près toutes les Rockstars devant l'objectif de sa caméra dans les années septa… soixante-dix. A l’évidence, cela explique le changement d’image du combo teuton par rapport à l’opus précédent «
Judas », puisque sur ce nouveau-né, ils ont troqué leur look noir et blanc pour retrouver un peu plus de couleur avec du rouge, de l’or et des paillettes, rendant ainsi hommage à cette période.
Bien évidemment, avec ces changements, exit les histoires dramatiques et sacrilèges de trahison et de rédemption de l’opus précédent, et place à l'art promotionnel sur le thème du drag et à la toxicité des médias sociaux ("
Leave Your Hate in the Comments"), au malaise post-COVID ("The Future of a
Past Life") ou encore l’actuelle résistance à une résurgence internationale de la droite alternative ("
No Respect for Disrespect"). Bref, il s'agit-là d'un album politique qui a au moins le courage de choisir clairement un camp dans la fracture culturelle actuelle.
Ainsi, dès l’ouverture, la chanson titre donne déjà une idée de la direction dans laquelle l'album va se développer, et même si elle reste tout de même relativement proche du style de l’album «
Judas », l'accent est de plus en plus mis sur les sons synthétiques des années quatre-vingt. De plus, les guitares résonnent dans les graves, et un clavier étincelant plane au-dessus de tout le reste du morceau.
Indéniablement, même si ces éléments ne sont pas entièrement originaux, nos Teutons les réussissent plutôt bien. Ainsi, "
Leave Your Hate in the Comments" est un assaut férocement caustique, avec des hurlements vocaux vicieux et un riff de guitare principal pulvérisant, tandis que le rythme Electro de "
Reset the Preset" envoûte triomphalement l’auditeur.
Il va sans dire que mis à part sa modernité, «
Blood & Glitter » fonctionne comme un disque ringard et explosif du passé, mais en empruntant (comme expliqué dans l’introduction) une évidence au Glam des années quatre-vingt et au Rock Progressif des années soixante-dix, à l’instar d’un morceau en particulier : "Leaving the Planet
Earth". Il s’agit-là d’un titre couplé à un son rappelant fortement Depeche Mode, et qui fait prendre conscience que les humains ne sont pas si géniaux que cela en amenant l’auditeur à penser qu’il serait préférable de quitter la Terre, tout en évoquant le fait de tout laisser derrière soi, que ce soient vos soucis et vos peurs, afin de prendre un nouveau départ. Par ailleurs, cette plage est ce qui se rapproche le plus d'une ballade car elle transmet un fort sentiment de mélancolie, ce qui est un changement bienvenu par rapport aux chansons précédentes.
Citons également "
Save Our Souls" qui adopte une ligne similaire, avec néanmoins une touche beaucoup plus sphérique qui s'appuie sur des guitares accentuées. Dans ce schéma, "
Destruction Manual" y trouve également sa place puisqu’ici aussi, l'interaction des guitares rugueuses brille avec un synthétiseur très clair, ce qui arrondit le son dans les aigus.
Enfin, "
Absolute Attitude" donne une certaine touche glamour, particulièrement agréable à entendre avec beaucoup de sensations Disco tout comme "Forever
Lost" avec ses claviers massifs, et "
Dead End" avec sa voix robotique plus qu’appréciable couplée d’une magnifique sensation à la "
Carmina Burana".
Bref, vous l’aurez compris, à l’écoute de ces différentes pistes, il est évident que
Lord Of The Lost est très attaché à la tolérance et à l'ouverture d'esprit. Avec la tolérance, cependant, vient un grand dilemme : le paradoxe de la tolérance. En effet, une société tolérante ne peut tolérer l'intolérance car sinon elle ne serait pas tolérante. Ce sujet assez difficile à assimiler est donc remarquablement expliqué dans "
No Respect for Disrespect", un hymne contre les élites, les oppresseurs et les intimidateurs. Cet hymne, placé sur un piédestal avec une brève pause, permet à cette déclaration de s'enfoncer avant d'être réveillée par des riffs à la
Rammstein, où les claviers font également un peu penser à un son 8bit des jeux vidéo.
Enfin, la reprise "The Look" a toute l'énergie Rock de la chanson originale, et ce, malgré le fait que les puristes du genre pourraient bien trouver cela répugnant. Cependant, il serait bien malhonnête de nier l'ambition créative affichée sur ce titre.
Avant de conclure, petite parenthèse obligatoire sur les titres supplémentaires de l’édition « Deluxe » qui sont dans la même veine que l’album mais dont certains méritent une petite attention particulière.
Ainsi, "The Curtain Falls" aurait pu se trouver dans la setlist originale, ou encore "We are
Immortal" dont les paroles donnent l'impression que cette plage aurait également pu se trouver sur «
Judas » alors que musicalement c’est le style de «
Blood & Glitter ».
Citons aussi "I of the Storm" qui présente la magnifique voix d’Adrienne Cowan (
Seven Spires), une angélique empreinte vocale formant alors un joli couple avec celle du baryton Chris Harms. Cette particularité pourrait presque nous amener à imaginer deux amants maudits tels un ange et un démon chanter ensemble.
Enfin, avec "NoituLOVEr", nos Teutons ont créé une chanson qui unifie cette fois l'humanité en appuyant le fait que nous sommes tous issus du même cosmos ; à savoir, un sang et une race humaine.
En définitive, le contraste entre le son de claviers des années quatre-vingt et les guitares électroniques de Rock sombre que l'on peut percevoir dans de nombreuses chansons révèle qu'ils se complètent parfaitement tout en créant un son très cohérent en soi.
Assurément, il y a quelque chose à offrir dans chaque chanson, et l'écoute attentive est récompensée par de petits sons que l’on pourrait qualifier de « petits bonbons pour les tympans ».
Bien évidemment, avant de bien les connaitre, il convient de s’habituer a l’atmosphère qui diffère d’album en album et il est clair que tous les fans du groupe ne peuvent pas s'identifier à tout le catalogue tant chaque disque est varié, impliquant, dès lors, un choix différent à tout un chacun. De plus, avec ce «
Blood & Glitter », les chiffres des ventes parlent en sa faveur car il s’est emparé directement de la place numéro un dans les charts allemands a contrario du concours Eurovision duquel le combo teuton a terminé…. bon dernier, mais en ayant obtenu néanmoins une reconnaissance générale pour leur talent malgré cet échec.
Bref, ce disque est venu comme une surprise, et a conquis de nombreux cœurs. Les fans de ce groupe plus que particulier sont donc très heureux de la sortie de ce nouvel album qui a permis à
Lord Of The Lost de franchir une grande étape, celle de faire maintenant partie des têtes d'affiche de divers festivals.
Merci beaucoup Eric,
je te rejoins totalement sur "I of the Storm". Ce duo est un must.
Et leur dernière place au concours Eurovision montre que le monde n'est pas vraiment tolérant. Leur titre est pourtant vraiment bon, avec un refrain fédérateur et entêtant qui valait bien mieux, beaucoup d autres nations ne présentant pas un meilleur titre. Au moins le monde voit qu'il n y a pas que des clones de chanteuses pop machin chose à moitié à poil aux titres créés avec chatt gepetto. Sinon c'est trop soft pour que j achète leur cd mais respect total à ce groupe. Belle chro ! (Pas d erreur d orthographe pour chatt gepetto !!)
Merci Fufupue.
Bah, comme à chaque fois, dès qu'un groupe de Metal pointe le bout de son nez, on dirait qu'il y a une réaction allergique générale des jurys de l'Eurovision!
La seule fois où ça a vraiment été une surprise, c'était lors de la victoire de Lordi!
Mis à part ça, le Metal est toujours critiqué avec les mêmes clichés, à savoir de la musique pour dérangé, du bruit, des hurlements et j'en passe!
C'est dommage pour LOTL, mais néanmoins, ils ressortent plus grand
Très chouette chronique, merci beaucoup ! Lord Of The Lost fait partie de mes groupes favoris depuis plusieurs années et bien que j'apprécie légèrement moins cet album, il n'en est pas moins rempli de qualités et je suis ravi de la reconnaissance qu'ils sont en train d'acquérir, pleinement méritée au vu du travail acharné produit. 11 albums en 12 ans, ça force le respect, surtout avec une telle diversité et qualité... Hâte de les voir pour la première fois en concert en octobre.
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