Rene« Kanwulf/
Ash »Wagner fait partie de ces musiciens qui, bien qu'ils évoluent dans un registre musical très peuplé et réservant de moins en moins de surprises au fil des années pour cause de groupes délaissant une pâte personnelle au profit d'un classicisme qu'ils espèrent efficace, arrivent à se démarquer de la masse par un concept qui leur est propre, encouragé par une personnalité qui ne les fait céder à aucun compromis.
Débutant sa carrière dans le black metal par une démo sobrement intitulé «
Orke » en 1991, il faudra attendre 1998 pour que le premier album officiel du groupe voit le jour. Intitulé «
Herbstleyd », ce premier opus sort alors que Kanwulf est en pleine période de dépression à cause de la mort de son meilleur ami. Il y eut divers problèmes de productions qui n'ont pas arrangé les choses, mais «
Herbstleyd » reste tout de même, encore aujourd'hui, aux yeux de nombreuses personnes, la meilleure réalisation de Kanwulf. Cependant, alors que son âme est plus noire que jamais, un deuxième album voit le jour au début de notre nouveau millénaire : «
Amarok » (comprendre « loup » en Inuit). En revanche, cet album n'en est pas tout à fait un... en effet, cet opus est un ensemble de pistes non éditées et de vieux titres, ce qui lui laisse finalement un statut de dispensable.
À ce stade-là,
Nargaroth apparaissait encore alors comme un autre groupe de black metal qui ne sortait pas de l'ordinaire même si Kanwulf et Charoon démontraient alors une forte propension à savoir créer des rythmes entraînants, des ambiances et des riffs qui restent longtemps en tête, ce qui est devenu (ou continue d'être !) une marque de fabrique de
Nargaroth.
C'est donc en 2001 que sort l'opus le plus célèbre de Kanwulf et sa bête, j'ai nommé «
Black Metal Ist Krieg ». Si la qualité intrinsèque de l'album fut et continue d'être discutée, il n'en reste pas moins à l'arrivée un bon album de black metal dans sa forme et une oeuvre chargée d'histoires, tant celles habituellement narrées par Kanwulf (la trilogie d'
Amarok), que de récits à propos de l'histoire du black metal (seconde vague). C'est à la fois l'album le plus conceptuel du groupe dans son fond, mais aussi le plus personnel que Kanwulf ait sorti.
On pourrait bien sûr avancé que ce n'est pas tout à fait le cas étant donné que chaque parole des suivants opus, qu'ils soient des mcd ou non (Rasluka,
Geliebte des Regens) sont des poèmes écrits par Kanwulf dans ses heures les plus noires au fil des années qu'il a enrichi en musique afin de donner à ces expressions lyriques l'ampleur qu'elles méritaient. Et pourtant...
Par un titre qui sera parodié à outrance, tant il est cru et donne une impression de true attitude immature, Kanwulf exprime sa vision d'une scène black metal souillée par la rivalité permanente entre les groupes, les mensonges et l'abandon de l'esprit du black metal par certains, juste histoire de s'élever au-dessus de la masse. Par ce simple mot «
Krieg » (Guerre), Kanwulf nous donne sa définition de ce genre musical dans lequel il évolue : naît pour contrer le Death, puis ayant évolué pour s'opposer à toutes sortes de choses (idéologies, religions, mouvement politiques...) jusqu'à devenir l'incarnation d'une musique en marge où chacun peut y trouver sa force de combattre et d'exprimer ses opinions. Et s'il nous donne cette définition-ci, c'est pour la simple et bonne raison, qu'il a expérimenté tous ces fondements lors de la composition de cet opus.
Alors que la galette arrive entre nos mains, plusieurs choses nous viennent à l'esprit. Tout d'abord, la pochette n'est pas sans nous rappeler que Kanwulf est fan de
Burzum. En effet, l'image ressemble à une célèbre photo de Varg, armé, coupée avec celle du Transylvanian Hunger de
Darkthrone. Et sous cette illustration stéréotypée que se cache-t-il ?
Eh bien nous avons ici, pas moins de onze titres, dont quatre reprises. Chacune est ici présente, car elle représente quelque chose de précieux aux yeux de
Ash. Morceaux découverts par hasard quelques années auparavant offrant quelque chose de puissant à notre compositeur ( « I
Burn For You »), ou des morceaux cultes du genre : « Pisen Pro Satana », elles ne sauront pas être appréciées par tout le monde.
Si des morceaux tels que « Pisen Pro Satana » ou « The
Gates of
Eternity », proposent des riffs aptent à paraître sur un album de
Nargaroth : répétitifs, mais entraînant, les deux autres que sont « I
Burn For You » et «
Far Beyound The Stars », bien qu'elles représentent quelques choses de fort aux yeux de Kanwulf, peuvent laisser froides et offrent d'ailleurs un certain cassage de rythme.
Après une intro assez moyenne (pour éviter le jargon « un peu bidon »), le célèbre titre éponyme (que l'on adore ou que l'on déteste. Je ne pense pas qu'il puisse y avoir de juste milieu pour des titres pareils), BMIK, fait donc son apparition. Les bases sont posées : une voix violente, agressive, éraillée, que soutien un riff entêtant, mais diablement entraînant avec une batterie plus efficace que ce qui se faisait dans les compositions précédentes, élément surement dût à la présence du batteur de
Maniac Butcher.
La cassure de
Far Beyond The Star, s'opère malgré tout, mais l'un des meilleurs morceaux du groupe arrive par la suite. «
Seven Tears Are Flowing To the River », une composition aussi longue et belle que son titre, nous parvient et nous entraîne dans une atmosphère mélancolique, portée par un riff monotone et mélodique. Sûrement l'une des compositions « longues durées » les plus réussies du groupe.
Pour ce qui est des périples que peu offrir
Nargaroth, la trilogie
Amarok, n'est pas en reste. La partie II arrive lentement, sur un fond de ciel pluvieux et de chant clair, avant d'imploser et de nous livrer la suite de l'épopée sur un riff et une concordance vocaux/rythmiques dont Kanwulf a le secret.
Deux des titres les plus intéressants du cd en sus de ceux suscités, sont certainement « The Day
Burzum Killed
Mayhem » et « Erik May you Rapped The Angels ». Le premier comme son titre l'indique et le récit de l'implosion au sein de la scène black metal après le meurtre d'Euronymous par Vikernes, vu par Kanwulf, qui nous livre une de ces meilleures et plus célèbres compositions.
Le second titre mentionné est un hommage à Erik "Grim" Brødreskift, batteur de
Gorgoroth,
Immortal et ami de Kanwulf, qui s'est suicidé en 1999. À noter que les dernières secondes de la piste sont issues d'un des derniers live avec
Immortal de l'homme en question, qui selon les dires de beaucoup de personnes, aurait laissé un vide au sein de la scène.
Alors que «
Possessed By black Fucking
Metal» s'achève, comment pourrions nous résumer cet album de
Nargaroth, qui a immanquablement marqué les esprits tant en positif qu'en négatif. Je dirais simplement que c'est un album intéressant, délivrant de bonnes compositions et qu'il est à posséder (ou au moins à écouter) si vous êtes fan du groupe. Après, il est vrai que comme
Ash le dit lui-même c'est du «
Metal allemand, misanthropique et détestable, pour les obsédés de
Nargaroth et créatures similaires à mon être seulement» et que l'album prend plus d'ampleur lorsque l'on prend conscience de l'état dans lequel il a été composé et les tenant et aboutissants des lyrics. Des points forts, des points faibles, mais faîtes l'effort, qui sait ? Peut-être que si vous êtes détracteur votre avis pourra changer pour une ou deux compositions et sinon tant pis. Car après tout
Nargaroth fait du
Nargaroth et il en sera toujours ainsi.
Valentheris.
Je ne connais pas du tout Nargaroth, mais ta chronique a attisé ma curiosité et je vais aller y jeter une oreille de ce pas!
Bon malheureusement, je n'ai pas accroché. Les riffs sont vraiment bons, mais pour ma part, le problème c'est la voix, je ne la supporte pas bien longtemps. Elle a quelque chose de trop rocailleux qui me dérange. Dommage au regard de la mélodie de ses riffs, j'aurais pu bien aimer. Je vais tout de même écouter les autres albums avant de me faire une idée définitive =)
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