[Soupir] – Rien à faire... J’ai beau réécouter ce disque en boucle, impossible pour moi d’y trouver à redire. Le pire, c’est que c’est totalement l’inverse ! Je découvre encore d’autres atouts à cet album après la cinquantième écoute !
Bon, je ne vais pas m’étendre sur mes états d’âme mais plutôt essayer d’expliquer pourquoi j’ai failli (osé) mettre la note maximale à cet album.
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À l’heure actuelle, on pourrait considérer que "
Beyond the Veil", sorti en 1999 sous le label
Napalm Records, est à
Tristania ce que "Velvet
Darkness They Fear" (1996) est à Theatre of
Tragedy : un deuxième album incroyablement abouti, un sommet de créativité... qui ne présageait pas de l’évolution qu’allait suivre le combo par la suite...
Mais ne parlons pas des sujets qui fâchent les puristes et retournons donc en cette fin du deuxième millénaire, en ce temps où l’illustre fondateur Morten Veland était encore le principal compositeur du groupe avant qu’il ne le quitte pour fonder
Sirenia.
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« Par delà le voile », le désespoir…
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Ce deuxième opus est incontestablement différent du précédent : malgré quelques similitudes (le line-up n’ayant pas changé entre temps), le style général de "
Beyond the Veil" se trouve à des années-lumière du
Doom/
Gothic minimaliste de "Widow’s Weeds". L’ensemble baigne dans un
Extreme Progressif/
Gothic Metal d’une sidérante maîtrise technique, avec des tempos plus rapides.
Les sonorités et les breaks sont légion. La multiplicité des arrangements donne le tournis sur certains titres. Le plus remarquable et étonnant, c’est que l’ensemble ne tourne jamais à la surenchère démonstrative et reste très intense sur le plan émotionnel.
Tout comme sur l’opus précédent, les deux-tiers des membres du sextet assurent les chœurs avec quelques choristes. Cependant, leur utilisation diffère en deux points essentiels :
- Le chant clair masculin est plus présent ; il est assuré par deux guest members : Østen Bergøy, qui avait déjà officié sur le premier album, assure des passages lyriques sur la plupart des premiers titres, tandis que Jan Kenneth Barkved scande violemment sur le titre "
Heretique".
- Les chœurs féminins, jadis si nombreux, ont gagné en puissance (cf. "Aphelion" et l’onirique "
Leather River") mais deviennent de plus en plus « secondaires » au fur à mesure que se poursuit le disque ; après le titre "
Angina", leur absence est très marquante.
La seule lecture du titre éponyme donne un aperçu assez large de "
Beyond the Veil" : la plupart des chansons alterne chaleur (vacillante)/froid (quasi-absolu). La première facette, qui tend à disparaître vers la fin du CD, est assurée par des arrangements vocaux lyriques – c’est-à-dire la suavité des chœurs et du chant soprano de Vibeke Stene – et de légers breaks acoustiques ou néo-classiques ; la seconde, par les percussions de la batterie, les accords « métalliques » des guitares, des samples et claviers brutaux et le redoutable chant Death/Black de Morten, qui sonnent tous comme de terribles claquements de martinet.
Ce brusque changement musical de la part de
Tristania va de pair avec une certaine radicalisation des paroles de Morten Veland et Einar Moen. La notion chrétienne de péché est suggérée comme porteuse de tiraillements atroces pour le croyant, pris au piège entre le rigorisme et la tentation du « bonheur terrestre ». L’artwork, présentant des femmes effondrées (car foudroyées, telle Sémélé contemplant
Zeus ?) et d’antiques statues aux bras brisés dans un paysage rocailleux où coule une rivière (le
Styx ?), donne une idée de l’ambiance parfois désespérante de "
Beyond the Veil".
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Bon, malgré tout, est-ce que je ne surestimerais pas trop ce second album ?
Quelques réfutations préalables :
1 – Certains passages Indus ou Electro ne sont-ils pas de trop ?
RÉPONSE : Selon moi, ils renforcent la violence des pistes comme l’éponyme "
Beyond the Veil" ou l’hallucinant et fantasmagorique "Opus Relique".
2 – Que penser de ces notes dissonantes, comme celles du piano de l’interlude "Simbelmynë" ou des passages les plus brutaux ?
RÉPONSE : Ces dissonances doivent sûrement être volontaires. Cela rend les instruments plus inquiétants dans les breaks ou les mid-tempos.
3 – Pourquoi cette austérité sur la dernière piste, "
Dementia", qui laisse l’impression que rien n’est terminé, au point que l’auditeur peut éprouver une certaine frustration, comparée à l’émotion que peuvent donner les précédents titres ?
Un morceau comme "...Of
Ruins and a
Red Nightfall", avec sa splendide décélération finale, n’aurait-il pas mérité d’être mis en dernière position pour que l’album puisse se terminer en beauté ?
RÉPONSE : Justement, si "
Dementia" a été placé à la fin, c’est sans doute pour NE PAS terminer en beauté ! Le peu de paroles, la discrétion des chœurs (simulés par les claviers de Moen ?) et la répétition des accords donnent une conclusion entêtante pour l’auditeur.
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Allez, si on veut vraiment tenir compte de ces « défauts », disons que ma note sera alors de 19,667/20... Ah, non, ce n’est pas le moment d’ironiser sur la notation, vu les thématiques des chansons !
[Nouveau soupir]
Enfin bon, essayons de garder le sourire malgré la dureté de notre monde. Au moins, le
Gothic Metal de
Tristania garde encore quelque trace de lumière malgré cette indicible plongée dans les ténèbres.
Mais non, cet album est du théâtre. Et même la troisième écoute a un peu de mal, bon signe, je dois encore creuser !
;D
Cependant il faut savoir qu'avec le départ de Morten Veland, le groupe a subi beaucoup de changements, donc ce n'est malheureusement pas la peine de chercher une continuité dans la discog du groupe...
Si tu finis par aimer Beyond the Veil, les deux premiers albums de Sirenia devraient te plaire puisque Veland a quitté Tristania pour le fonder.
Et oui, il aime les noms de groupes clichés.
Sérieusement, je m'étonne encore de cet ancien texte d'amateur publié sous mon ancien pseudo. Je n'aurai plus la force morale ni l'inspiration d'écrire des chros comme ça.
EDIT : ... dans le sens où je ne pense pas avoir le courage à l'avenir de transmettre autant d'impressions personnelles.
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